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Le papillomavirus humain (HPV) est l'infection virale la plus courante de l'appareil reproducteur. On en parle de plus en plus de ces virus très répandus et contagieux depuis que la vaccination contre les HPV est recommandée chez les filles et les garçons âgés de 11 à 14 ans. Dans la majorité des cas, le papillomavirus reste bénin, car en principe, l’organisme l’élimine spontanément.

Toutefois, dans près de 10% des cas, certaines formes du papillomavirus peuvent créer des lésions. Dans ce cas, que ce soit chez l’homme ou la femme, il peut s’avérer dangereux. Le cancer le plus souvent induit par les papillomavirus est le cancer du col de l’utérus. Chaque année, la maladie touche 3 000 femmes et est mortelle pour 1 100 patientes.

Mais peu de gens savent que d’autres zones intimes peuvent également être en danger. C’est le cas de la vulve, du vagin, de l’anus ou du pénis. Au-delà des zones génitales, le papillomavirus peut affecter les voies aérodigestives supérieures comme la bouche et la gorge. C’est d’ailleurs le deuxième type de cancers liés aux papillomavirus le plus fréquent chez l’homme.

En partie attribuables au tabac et à l’alcool, en France, on estime que le virus est responsable d’environ un tiers des cancers de la gorge et de la bouche. C’est le cas d’environ 1 300 nouveaux cas par an chez les hommes et 380 chez les femmes.

Papillomavirus : une maladie qui touche tout le monde

Les papillomavirus humains sont l’infection sexuellement transmissible la plus courante. On estime que jusqu'à 80% des hommes et femmes, sexuellement actifs, entrent en contact avec un papillomavirus une ou plusieurs fois au cours de leur vie. Particulièrement contagieux, ils se transmettent par contacts avec la peau ou les muqueuses entre deux individus.

En effet, les infections se diffusent aussi régulièrement via la main et la bouche. C’est pour cette raison que la pratique du sexe oral peut entraîner la présence du virus dans la gorge, avec comme conséquence possible, en cas d’infection chronique, le développement d’un cancer.

Pour la plupart des gens affectés, la maladie est asymptomatique. Le virus HPV peut être présent, mais silencieux pendant plusieurs années dans l'organisme. Néanmoins, la campagne lancée par Merck France en partenariat avec la SFCCF (Société Française de Carcinologie Cervico-Faciale) évoque “la règle par trois”. Si les signes perdurent au-delà de trois semaines, il faut consulter et se faire dépister.

“Le symptôme le plus courant pour le cancer de la gorge HPV induit est celui d’une gêne dans la gorge”, explique l’organisation. “Ce n’est pas un cancer douloureux, c’est aussi ça qui est piège. Un ganglion qui grossit est également le signe d’une maladie bien installée qu’il est important de prendre en charge rapidement. Une douleur dans l’oreille peut aussi être un signe.”

Cancers : comment se protéger ?

Si l’utilisation du préservatif est essentielle pour se protéger des MST, elle est inutile contre le papillomavirus, même s’il réduit les risques de propagation. “C’est un virus qui ne se voit pas et qui n’est pas transmis par le liquide séminal ou un autre fluide : il est présent partout dans la région du sexe, sur la peau ou les muqueuses”, explique auprès de ra-santé.com le Professeur Erwan de Monès, cancérologue et laryngologue.

La meilleure des protections reste la vaccination avant l’infection. Recommandée chez les filles et les garçons (depuis janvier 2021) âgés de 11 à 14 ans (avec un rattrapage vaccinal possible jusqu’à 19 ans), celle-ci est utile pour prévenir les lésions pré-cancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus, mais aussi de la vulve, du vagin et de l’anus. Néanmoins, ce vaccin n’a pas encore prouvé son efficacité au niveau de la zone de la gorge. “Ce type de cancer met une trentaine d’années à se développer, or le vaccin HPV existe depuis seulement 12 ans”, précise au média de santé le Professeur.

On connaîtra donc la véritable efficacité du vaccin contre les cancers de la gorge HPV induits à ce moment-là. “Mais il n’y a aucune raison qu’il ne protège pas contre le cancer de la gorge”, rassure-t-il. “D’ailleurs, les autorités de santé américaines ont inclus la prévention des cancers de l’oropharynx dans les indications de cette vaccination”.

100 cancers de l'oropharynx évités par an en 2033

À ce sujet, une étude américaine menée par des scientifiques de la Bloomberg School, publiée dans la revue JAMA Oncology, a analysé les bases de données nationales sur les cas de cancer oropharyngé et les vaccinations contre les HPV. L’objectif était de permettre aux chercheurs de faire des projections sur l’efficacité du vaccin contre le papillomavirus sur ce type de cancers. Résultat : ils estiment que le taux de cancer de la gorge et de la bouche diminuerait de près de moitié entre 2018 et 2045, chez les personnes âgées de 36 à 45 ans.

En effet, en 2020, près d’un tiers des jeunes filles de 16 ans avaient reçu les deux doses du vaccin. Selon les chercheurs américains, ces taux pourraient fortement augmenter dans les années à venir. En 2045, ils estiment donc que 72% des personnes âgées de 36 à 45 ans seront vaccinées, 37% de celles âgées de 46 à 55 ans et 9% des 56-69 ans. Ces chiffres élevés devraient avoir un impact sur les taux de cancers oropharyngés.

“Nos projections suggèrent que d'ici 2033 environ, près de 100 cas de cancer de l'oropharynx seront évités chaque année, mais d'ici 2045, ce chiffre sera multiplié par dix environ”, conclut le chercheur.

Sources

https://www.cancer.be/les-cancers/facteurs-de-risque/le-papillomavirus-quest-ce-exactement

https://www.ra-sante.com/cancer-de-la-gorge-une-maladie-sexuellement-transmissible.html

https://papillomavirus.fr/sinformer/cancers#:~:text=Les%20papillomavirus%20%C3%A0%20haut%20risque,et%20gorge)(1).

https://jamanetwork.com/journals/jamaoncology/article-abstract/2783491

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