Le microbiote, aussi connu sous le nom de flore intestinale, fascine : on est en effet loin de connaître tout ce que cachent les 100 000 millliards de bactéries qui vivent dans nos intestins. Toutefois, on sait dorénavant que celui-ci a une importance cruciale chez les patients atteints de cancer et que son état aurait un impact sur la réception des traitements et finalement, les chances de survie. C'est ce qu'a mis en lumière une étude clinique menée par le laboratoire pharmaceutique lyonnais Maat Pharma et dont les résultats ont été dévoilés en juillet 2018.
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Les chercheurs se sont penchés sur les effets de la transplantation fécale chez 25 patients souffrant d'une leucémie aigüe. Cette pratique médicale consiste en l'administration d'un microbiote sain, généralement par voie basse, dans le côlon d'une personne malade. Les échantillons de microbiote provenaient des individus malades eux-mêmes et avaient été prélevés avant qu'ils ne reçoivent de traitement.
Car ce dernier a un effet particulièrement dévastateur sur la flore microbienne et, par conséquent, sur la santé en général : "Après la chimiothérapie et l'antibiothérapie, le microbiote est très altéré, très réduit en diversité, explique Joël Doré, directeur de recherche à l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et conseiller scientifique de MaaT Pharma. On voit par exemple apparaître des bactéries qui normalement sont sous-dominantes, ou encore des bactéries qui sont résistantes aux antibiotiques. Les patients eux-mêmes souffrent de diarrhées et perdent du poids."
Les résultats de l'étude se sont avérés probants : après la ré-administration du microbiote d'avant-traitement, suite à la première chimiothérapie et antibiothérapie, 90% du microbiote intestinal du patient a pu être reconstruit. "Immédiatement après la transplantation fécale, les patients ont retrouvé un transit normal et une santé intestinale et générale", propice à une meilleure réception de la suite du traitement qui permettrait ensuite de recevoir une greffe de moelle osseuse. Par la suite, une survie à un an a également pu être observée dans 84% des cas.
Transplantation de microbiote fécal : un espoir pour traiter un plus large spectre de maladies
Si la transplantation de microbiote fécal n'est pas nouvelle car déjà pratiquée quotidiennement en France pour traiter les formes sévères d'infections à Clostridium difficile (forme d'infection intestinale bactérienne), les résultats de cette étude constituent un espoir pour le traitement d'autres formes de cancers et de pathologies immunes, véritables fléaux des sociétés modernes. "La transplantation fécale a un avenir important en clinique et son utilisation bénéficiera de l'identification des acteurs principaux qui sont efficaces, et des réseaux microbiens qui se reconstruisent et sont les garants de la reconstruction fonctionnelle de l’écosystème." détaille Joël Doré.
Autre aspiration : celle de réaliser la transplantation fécale par voie orale, en administrant au malade un microbiote sain, congelé et lyophilisé, via des gélules "résistantes à l'acidité de l'estomac et aux enzymes de l'intestin grêle". Une méthode beaucoup moins contraignante et rebutante que MaaT Pharma prépare déjà pour l'année à venir.
Merci à Joël Doré, directeur de recherche à l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et conseiller scientifique de Maat Pharma.
Vidéo : Tout savoir sur le microbiote
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