"Méditer en pleine conscience consiste à se concentrer sur l'instant présent et à observer ses pensées, ses émotions, ses sensations", expliquait en 2012 au Monde Jon Kabat-Zinn, théoricien du programme MBSR (mindfullness-based stress reduction ou "réduction du stress par la pleine conscience"). "C'est un entraînement de l'esprit, comme on entraîne un muscle, à être présent à ce que l'on fait, à revenir à soi, à l'expérience sensorielle, à nos pensées, à notre corps, à ce qui nous entoure", explique Géraldine Desindes, thérapeute et enseignante du programme Manger et vivre en pleine conscience auprès de Medisite. "Il s'agit de ne plus laisser son esprit se perdre dans le schéma des pensées qui s'enchaînent, en ramenant notre attention à ce que l'on fait, avec douceur et volonté."
Minceur : retrouver les sensations des aliments
La pleine conscience est une attitude qui peut être expérimentée lors de séances de méditation et même au quotidien. Cela peut être en prenant une douche, en se promenant ou en se nourrissant. "Manger en pleine conscience, c’est revenir régulièrement à soi, être attentifs aux sensations corporelles, de faim, de remplissage de son estomac, à ses sens et à ses émotions", poursuit la spécialiste. Pour y parvenir, il est conseillé de couper les écrans, de prendre le temps de manger et de savourer ce qu'on a mis dans son assiette.
Hors de question toutefois d'ériger la pleine conscience comme un nouvel outil qui pourrait contraindre le corps des femmes. "On peut maigrir en pratiquant la pleine conscience, mais ce n'est pas ce qui importe en premier lieu. Ce qui compte, c'est d'être capable d'observer qu'on a trop mangé ou qu'on a respecté la quantité dont on avait besoin au moment présent", rappelle la thérapeute. "Il est important de mener ces observations sans jugement, ni critique et avec bienveillance." De ces observations arriveront les changements grâce à l'instinct et aux repères enfin retrouvés : une alimentation et des quantités qui permettent d'être en accord avec soi-même.
Perte de poids : manger en pleine conscience, ce n'est pas suivre un régime
"Je vois dans mes programmes des personnes qui mangent avec leur tête depuis des années. Elles ont suivi de multiples régimes restrictifs et elles ont appris à contrôler leur corps en oubliant les sensations corporelles dont elles se trouvent en conséquence, très éloignées », note Géraldine Desindes. "Et dans la grande majorité des cas, elles ont repris du poids ensuite."
Concrètement, quand on mange en pleine conscience, on sait où on en est et ce dont on a encore besoin au moment où on mange. "Il ne s'agit pas de contrôle strict avec des résultats immédiats comme dans les régimes traditionnels. Il s'agit avant tout de faire confiance à la sagesse du corps qui sait de quelle quantité il a besoin, physiologiquement et psychologiquement. »
Alimentation : chaque repas est différent
Dans son programme, Géraldine Desindes travaille avec ses élèves sur la sensation de remplissage de l'estomac. "Avec des exercices, on parvient à avoir une détection fine du remplissage de notre estomac. C'est grâce à cette observation consciente, qu'on saura ajuster sa prise de nourriture", explique la spécialiste. Manger alors qu'on ne ressent pas la faim mais parce que c'est l'heure, finir son assiette parce que cela fait partie de l'éducation ou se resservir parce qu'on en a l'habitude... La pleine conscience permet d'observer ses automatismes alimentaires et permet de mettre en place les nouveaux comportements que l'on souhaite développer. On laisse ses habitudes derrière soi, car chaque repas est différent.
Travailler sur le comportement alimentaire, c'est aussi travailler sur la psyché. Ainsi, la pleine conscience permet de comprendre ce qu'on comble mentalement en "utilisant la nourriture comme un régulateur d’humeur". Cela qui permet d'apprendre à différencier la faim physiologique de la faim émotionnelle. "Pourquoi une personne a besoin de manger pour se sentir apaisée ? Il est nécessaire de comprendre et de travailler sur ces pulsions alimentaires pour en finir avec ces mécanismes de remplissage", précise la spécialiste.
Minceur : savoir prendre soin de soi
Durant les huit semaines de programme, la formatrice propose notamment des exercices sur la connaissance de soi, sur la sensation de remplissage, la faim instinctive, l'écoute de ses besoins, la pratique formelle et informelle de la pleine conscience. "La perte de poids est parfois limitée sur ces deux mois, mais si on a intégré la pleine conscience dans sa vie, les résultats seront très concrets assez rapidement. Il faut faire la paix avec son alimentation et son image corporelle notamment", assure-t-elle. Les élèves apprennent à retrouver le contact esprit - corps. Pour y parvenir, "on peut mener des exercices de météo intérieure : 'comment est-ce que je me sens vraiment à ce moment précis ? Il est important de savoir poser des mots sur ses sentiments pour être capable de prendre soin de soi."
Prendre soin de soi ? C’est aussi ressentir que le corps a besoin de s'alléger. "Il est tout à fait légitime de souhaiter monter des escaliers avec 10 kilos de moins, parce qu'on respirera mieux ou qu'on aura moins mal au genou. Ce n'est pas la même intention que celle qui consiste à vouloir perdre du poids uniquement parce qu'un médecin l'a dit ou parce qu'on veut ressembler à quelqu'un d'autre. Perdre du poids parce qu'on prend soin de soi, c'est une énergie soutenante", conclut Géraldine Desindes.
Merci à Géraldine Desindes, thérapeute et enseignante du programme Manger et vivre en pleine conscience
https://www.lemonde.fr/vous/article/2012/10/08/la-meditation-est-une-facon-d-etre_1771234_3238.html
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