Mariage, enfants, routine, travail, charge mentale, retraite. Les étapes de la vie n’épargnent décidément pas les relations amoureuses. Ce n’est pas un hasard si à l’heure actuelle, en France, 45 % des mariages se soldent par un divorce.
"L’allongement significatif de l’espérance de vie, en bonne santé, est un facteur déterminant de séparation", nous expliquait Sébastien Garnero, docteur en psychologie, psychothérapeute et sexologue.
"Chaque phase ou carrefours existentiels de la vie peuvent engendrer une crise ou un potentiel danger pour le couple", estime notre expert. Il mentionne l'arrivée du premier enfant ("Baby Clash"), la crise de la quarantaine, et contre toute attente la cinquantaine et le cap de la retraite.
Très souvent, c’est une accumulation de problèmes qui finissent par polluer ce qui était au départ une histoire d’amour. Il s’agit rarement de drames, mais simplement de contrariétés quotidiennes, de désaccords ou encore de désillusions qui vont abîmer les sentiments. Or, à quel moment décide-t-on qu’une histoire est terminée et qu’il n’y a plus d’espoir ? Qu’est ce qui a fait que certains ont abandonné ? Cinq femmes nous racontent le déclic qui les a décidés à mettre fin à leur mariage.
"Le déclic, c’était le boulot"
Mon conjoint n’est pas du genre à prendre des initiatives. Longtemps, il travaillait loin de la maison. Un beau jour, je l’ai poussé à demander sa mutation. Elle a été acceptée et en prime, il a eu l’occasion d’évoluer alors que cela faisait 12 ans qu’il était au même poste. Je l’ai encouragé en lui disant qu’il méritait ces nouvelles responsabilités. Je l’ai aidé à travailler ses entretiens. Ses efforts ont porté leurs fruits puisqu’il est passé adjoint. Alors qu'il s'est rapproché de la maison, il rentrait plus tôt le soir et profitait mieux de nos deux enfants.
De mon côté, j’ai repris mon travail il y a trois ans après ma seconde grossesse. Il se trouve qu’il y a eu des changements au niveau de l’entreprise. J’ai appris qu’ils ont supprimé mon service. Je me suis retrouvée dans un poste qui ne me convenait pas et j’en suis venue à regretter de ne pas avoir pris mon congé parental. En clair, je suis malheureuse au travail depuis trois ans. Je jongle jusqu’à 9h du soir entre mes enfants et mes nouveaux horaires difficiles.
Il y a un mois, j’apprends qu’on réouvre mon service. Or, il se trouve attribué à quelqu’un d’autre. À ce moment-là, j’ai craqué. Mon mari m’a fait comprendre qu’il n’en avait rien à faire. Ça a été mon déclic. Plusieurs choses n’allaient plus dans notre couple, mais c’est lorsque j’ai constaté que mon homme ne me soutenait pas que j’ai compris que notre histoire était terminée. Il était vain de lutter. Je me suis sentie très seule et je ne pouvais pas rester plus longtemps avec quelqu’un qui ne se sentait pas concerné par mes problèmes.
Naima, 46 ans
C’était en 1993. Un jour, j’ai demandé les factures détaillées de son téléphone à France Télécoms. Je sentais que nos relations se dégradaient. Quand, j’ai reçu les documents, le couperet est tombé : mon mari avait quelqu’un d’autre. J’ai attendu qu’il rentre déjeuner pour lui mettre les factures sous le nez. Il m’a répondu qu’il n’avait plus de sentiments. Ça a été mon déclic : pour moi, il était hors de question de rester avec un homme qui me trompait. Emmanuelle, 56 ans Parfois, on accepte beaucoup de choses avant de comprendre que c’est vraiment mort. C’est vous qui prenez la décision de partir et de divorcer, mais en fait, l’autre s’est déjà envolé depuis longtemps. Mon déclic, ça a été quand mon mari m’a annoncé qu ’il avait l’intention de partir en vacances avec une autre ! J’ai divorcé, alors que j’aimais toujours mon mari... Nathalie, 50 ans À 15 jours de mon mariage, j'hésitais encore à annuler car je n’étais pas sûre de l’homme que j’aimais. Je me suis mariée, mais très vite les humeurs et le côté pervers de mon mari ont fait surface. Je suis tombée enceinte rapidement et notre petite fille est née. Je pensais que cela allait adoucir les mœurs et qu’il deviendrait plus attentionné, plus gentil, plus prévenant et plus agréable .... Malheureusement c’était de pire en pire. Il me traitait mal, me rabaissait toujours et m’humiliait. Je me disais que pour sauver ma peau il fallait que je le quitte. Or, j’avais un bébé de six mois et la décision était difficile à prendre. Je me disais toujours qu’il allait changer.... À la fin de mon congé maternité, je me suis dit que j’allais faire le grand ménage à la maison. Dans notre chambre, nous avions une grande armoire. J’ai pris un escabeau pour m'occuper des poussières. Avec stupeur, je tombe sur une boîte de préservatifs. J’étais anéantie : comment cet homme, qui est aussi détestable et désagréable avec moi, pouvait en plus me tromper, alors que je venais de mettre au monde sa fille ? Le soir même, j'ai compris que tout était fini. Je devais partir. J’ai gardé le silence sur ma découverte et j’ai commencé en solo à préparer mon déménagement. J’ai quitté mon mari alors que ma fille n’avait qu’un an. Le jour du départ, alors ce que la voiture était chargée, mon bébé à l’intérieur, je suis revenue sur mes pas. Il était sur le seuil de la porte et je lui ai balancé à la figure la boîte de préservatifs en lui disant que cela pouvait encore lui servir.... J'ai quitté une superbe maison que nous avions fait construire pour un petit studio de 25 m². Je me suis installée avec mon bébé, nous dormions par terre sur un matelas et n’avions qu’un frigidaire et un micro-ondes dans un premier temps. Nous avons vécu ainsi toutes les deux pendant six mois avant que je retrouve un appartement plus grand. Lydia, 50 ans Il n’avait de véritable intérêt que pour son ex-femme. Elle était omniprésente. Elle passait avant moi et avant nos enfants. Elle était tellement importante que j'ai perdu l’estime de moi-même. À l’usine, c’était encore son ex-femme qui était invitée aux fêtes et aux dîners [son conjoint était directeur d’entreprise, ndlr]. Il a fallu qu’on soit ensemble 10 ans pour que je sois enfin conviée. Même scénario pour l’anniversaire de son père : je n’étais jamais de la partie. Or, encore une fois, son ex l’était toujours. J’ai supporté cette situation pendant plus de 15 ans. Il faut dire que mon conjoint a toujours été correct avec moi. Je n’avais pas de réel motif pour partir. Je sais bien qu’il m’aime, mais il ne me considère pas. C’est un sentiment affreux que de vivre aux côtés de quelqu’un qui n’intègre pas la mère de ses enfants totalement dans sa vie. Un beau jour, je lui fais part de mon choix de travailler à mi-temps car j’avais dû mal à jongler avec nos trois enfants. "Comme tu veux, mais tu te débrouilles pour les sous", m’a-t-il répondu. Et j’apprends un mois plus tard qu’il a acheté un immeuble à son ex-femme ! Elsa, 40 ans Disputes, alcool, oisiveté… Cela faisait déjà 4 ans que ça n’allait plus, mais j’accordais beaucoup d’importance au mariage. J’ai donc laissé passer beaucoup de choses, cherché des solutions aux problèmes, laissé passer de nombreuses disputes, jusqu’au jour où il a fini par m’insulter. Il faut savoir qu’à chaque dispute, il parlait de divorce. À l’écouter, nous aurions déjà divorcé 50 fois. Mais cette fois, c’était la bonne. Monsieur avait un problème avec l’alcool, mais ce n’est pas ça qui m’a fait capituler. Je me suis dit que je ne pouvais plus rester avec quelqu’un qui ne me respectait pas. J’ai compris à ce moment-là que notre mariage était mort et qu’il n’y avait plus rien à faire. Céline, 39 ans"Le déclic, c’était son infidélité"
© getty"Quand mon mari m’a annoncé qu’il voulait partir en vacances avec une autre !"
"En plein rangement, je suis tombée sur une boîte de préservatifs..."
"Quand j’ai appris qu’il a acheté un immeuble à son ex-femme !"
© getty"Mon déclic : lorsque mon mari m’a insultée"
Merci à Sébastien Garnero, docteur en psychologue, psychothérapeute et sexologue.
Merci à Naima, Elsa, Emmanuelle, Céline et Nathalie pour leurs témoignages
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