[La parole aux associations] Santé mentale : Medisite.fr
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C’est un fait, la santé mentale des Français va mal. Une récente enquête CoviPrev réalisée par Santé Publique France et BVA a démontré que le bien-être psychique de notre population continue de se dégrader en 2022, 2 ans après les confinements.

"Cette étude a été lancée au moment de la pandémie en mars 2020. Elle a notamment évalué la santé mentale des Français. Ce qu’on constate, c’est un effet de traine. Observée à l'occasion de la crise sanitaire, l'explosion des troubles mentaux (troubles dépressifs et anxieux, troubles du sommeil, pensées suicidaires…) se révèle pérenne dans le temps. Aujourd’hui, en 2022, on reste encore à des niveaux d’états dépressifs très supérieurs à 2019 (de 8 points supérieurs hors épidémie)", souligne Johanna Couvreur, Présidente de l’association PositiveMinders.

Intervenante à l’édition 2022-2023 du Festival de la Communication Santé – pour lequel Medisite est partenaire – Johanna Couvreur œuvre au sein de PositiveMinders pour la déstigmatisation et la prise en charge précoce des troubles psychiatriques.

La spécialiste rappelle que le modèle biopsychosocial s’est imposé pour expliquer l’émergence des troubles psychiques. Une dépression ou un trouble anxieux chez un individu résulte de l’interaction de multiples facteurs et non d’une cause unique.

Santé mentale : 3 facteurs vont influer sur vos capacités à encaisser

"La composante biologique joue un rôle dans la survenue de troubles dépressifs chez une personne, explique Johanna Couvreur. Des travaux de recherche s’intéressent à ce champ et ont démontré, par exemple, le poids des facteurs génétiques".

La perspective psychologique et la perspective sociale sont également importantes à prendre en compte : "Ce qu’une personne a subi dans son enfance, son entourage social ou familial, sa situation économique, son niveau de vie, le fait d’être au chômage : tous ces éléments pèsent aussi dans l’émergence de troubles psychiques", ajoute Johanna Couvreur.

Ces trois facteurs s'alimentent l'un sur l'autre et vont influer sur notre capacité à encaisser les chocs de la vie.

La pandémie a fragilisé de nombreux Français

La crise sanitaire liée à la Covid-19 en 2020 a joué un rôle de détonateur.

"Certains Français ont perdu leur emploi, ont subi des pertes de revenus importantes voire ont été confronté à la précarité économique, ce qui a fait le lit des troubles anxieux et dépressifs", estime Johanna Couvreur.

L’isolement a aussi joué un rôle majeur. "La solitude et l'absence de liens sociaux qui ont accompagné les confinements ont réellement mis à mal la santé mentale de nombreux Français".

Enfin, le poids des facteurs biologiques semble avoir également pesé : "Des études scientifiques ont démontré que l’infection à la Covid-19, quelle que soit sa gravité, expose à un risque accru de développer, jusqu’à six mois après l’infection, une dépression, des troubles anxieux, des troubles du sommeil ou encore des troubles cognitifs. Ces résultats confirment des liens déjà documentés entre infections et troubles psychiatriques".

Pandémie et santé mentale : 3 populations ont été plus touchées que les autres

Si les différentes vagues de l’enquête CoviPrev conduites par Santé Publique France confirment que la pandémie a eu des répercussions majeures sur l’ensemble de la population, elles ont toutefois révélé la vulnérabilité spécifique et accrue de certains sous-groupes de la population.

"Il est ressorti que trois populations ont payé le prix fort, rapporte la spécialiste. Les femmes, les jeunes et les personnes en situation de précarité. Les incertitudes liées à l’avenir ont particulièrement touché les jeunes, notamment les étudiants, ainsi que les précaires. Les données épidémiologiques rapportent que la prévalence des troubles mentaux fréquents est d’ordinaire plus élevée chez les femmes.

Santé mentale : comment réagir en cas de mal-être ?

Pour Johanna Couvreur, la pandémie et ses effets collatéraux ont permis une prise de conscience quant à la vulnérabilité de la population face aux troubles psychiques. "Avant, c’était tabou ! Aujourd’hui, nous avons compris que la dépression et les troubles anxieux peuvent concerner tout le monde. L’anxiété, les angoisses, la dépression… Tout le monde peut être touché. En revanche, du côté des troubles psychiatriques plus sévères (troubles bipolaires, schizophrénie…), il y a encore un grand travail à faire. Ils restent encore tabous et font peur. Les préjugés et la peur prédominent toujours".

Cette stigmatisation est à l’origine de perte de chance pour les patients du fait d'un recours aux soins tardif. "Nombreux sont les jeunes gens qui arrivent aux urgences psychiatriques suite à une décompensation alors qu’ils avaient des hallucinations depuis des mois et qu’ils n’osaient pas en parler", précise Johanna Couvreur.

Vous avez un mal-être qui vous empêche d’avancer ? Des crises d’angoisse ? Des phases dépressives ? "Parlez-en à votre médecin généraliste. Et n’ayez pas peur d’aller consulter un psychologue si cela est nécessaire".

Dépression : "ce n’est pas qu’une phase de tristesse"

"Nous avons tous vécu des moments de fragilité, de tristesse et d’angoisse. Et nous avons tous trouvé des moyens pour les dépasser. Donc, nous nous sentons tous ‘compétent’ et pouvons avoir du mal à comprendre pourquoi cela ne fonctionne pas sur les personnes qui ont une dépression. Or, lorsque vous souffrez d'une dépression, vous êtes malade. Ce n’est pas qu’une phase de tristesse. Aller manger avec des copains ou boire un verre n’aura pas d’effet contrairement à ce que l’on peut croire. Vouloir aller mieux ne suffira pas. Il faut savoir que les émotions communes que nous avons tous comme la tristesse, la peur ou le blues n’ont rien à voir avec celles que nous éprouvons en cas de maladie", conclut Johanna Couvreur.

Sources

Merci à Johanna Couvreur, Présidente de l’association PositiveMinders

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