Un sommeil perturbé rend triste et plus anxieuxIstock
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L’impact délétère de nuits trop courtes sur la santé ne fait plus mystère. Les études attestant des répercussions néfastes du manque de sommeil sur l’organisme se succèdent et se bousculent, alors même que la communauté de petits et mauvais dormeurs s’élargit.

En France, sept personnes sur dix seraient sujettes à des troubles du sommeil, selon une enquête Ifop et de l'Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV), parue en mars 2023. La proportion de Français qui ne dort pas assez enfle, et avec elles le nombre d’insomniaques (ils étaient 12 % en 2008, selon l’Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, l’INPES) et ceux accusant une dette chronique de sommeil (17 % en 2008 selon l’INPES).

Le manque de sommeil prend des allures de phénomène de société, dessinant des enjeux sanitaires importants. Et pour cause, dormir occupe une place prépondérante dans notre vie : nous consacrons plus d’un tiers de notre existence au sommeil. Cette habitude est essentielle tant pour notre récupération que pour notre équilibre physique, psychologique et émotionnel. Bien dormir permet de préserver nos capacités motrices et cognitives, participe à la régulation de nos sécrétions hormonales, à la restauration de notre système immunitaire, ainsi qu’au repos du système cardio-vasculaire, rappelle l’INPES.

Manque de sommeil : ses ravages sur la santé

A l’inverse, les personnes qui dorment peu, c’est-à-dire moins de 7h21 par nuit pendant la semaine, mettent à l’épreuve leur santé. Outre les effets immédiats liés à un manque de sommeil temporaire (difficulté d’attention, baisse de vigilance, fatigue, baisse de la concentration et de la mémorisation), un déficit de sommeil expose à un risque de dépression, d’irritabilité et impacte aussi les performances cognitives, donnant lieu à des difficultés d’apprentissage. Pire à long terme, la chronicité des troubles du sommeil rend plus vulnérable à l’hypertension artérielle et l’obésité, en plus des troubles du comportement et de l’humeur.

Comment la perte de sommeil grignote l’humeur

De nouveaux travaux témoignent des dégâts sur l’humeur liés au manque de sommeil. Cette nouvelle étude, publiée le 21 décembre 2023 par l’American Psychological Association, fait la synthèse de plus de 50 ans de recherche sur l’impact du manque de sommeil et l’humeur. Elle confirme les ravages de celui-ci sur la régulation émotionnelle, en mettant en exergue un cercle vicieux : dormir insuffisamment diminue les humeurs positives comme la joie, le bonheur et la satisfaction pour alimenter, au contraire, les émotions négatives comme la tristesse, l’anxiété et le stress.

Ce constat, détaillé dans la revue Psychological Bulletin, est issu de l’analyse de données portant sur 154 études réalisées sur cinq décennies pour un ensemble de 5715 participants.

Même une faible perte de sommeil influe négativement sur l’humeur

Joanne Bower, chercheur à l'université d'East Anglia (Angleterre) et son équipe, ont examiné différentes expériences au cours desquelles les participants étaient maintenus éveillés pendant une longue période. Dans certaines expériences, les volontaires étaient tenus de dormir moins longtemps que d'habitude, et dans d'autres encore, ils étaient soumis à des réveils intempestifs et périodiques tout au long de la nuit.

Dans toutes ces situations, les émotions, l'humeur déclarée des participants, leur réaction à des stimuli émotionnels ont été évaluées par les chercheurs. Les symptômes de dépression et d'anxiété ont aussi été mesurés.

Le fruit de leur analyse est éloquent : dans tous les cas de perturbation du sommeil, les participants ressentaient moins d’émotions positives. En revanche, i ls étaient plus enclins à présenter plus de symptômes d’anxiété comme l'accélération du rythme cardiaque et une tendance à l’inquiétude.

Se coucher une heure plus tard que d’habitude affecte les émotions

"Nous avons également constaté que la perte de sommeil augmentait les symptômes d'anxiété et émoussait l'éveil en réponse à des stimuli émotionnels", a déclaré Joanne Bower, dans un communiqué de l’étude. "Cela s'est produit m ême après de courtes périodes de perte de sommeil, comme se coucher une heure ou deux plus tard que d'habitude ou après avoir perdu seulement quelques heures de sommeil", a-t-elle ajouté.

Ces résultats témoignent de l’influence négative du déficit de sommeil sur la psyché. Toutefois, les chercheurs reconnaissent quelques limités à leur étude. Alors que la majorité des participants était de jeunes adultes (dont l’âge moyen était de de 23 ans), les chercheurs anglais souhaitent réaliser de plus amples investigations, élargies à un échantillon d’âge plus vaste, afin de mieux comprendre dans quelle mesure le manque de sommeil affecte les personnes à différents âges.

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