Sexsomnie : pas de traitement universel pour ce trouble sexuel du sommeilAdobe Stock

Si vous êtes sujet aux parasomnies "classiques" comme des insomnies ou de l’apnée du sommeil, votre médecin peu se référer à des recommandations médicales pour vous aider. Cependant, si vous souffrez de troubles du sommeil moins connus et plus insolites, comme de la sexsomnie - des activités sexuelles pendant le sommeil - du somnambulisme, des terreurs nocturnes ou du somnambulisme alimentaire, vous êtes moins chanceux : il n’existe à ce jour pas de recommandations officielles sur le sujet.

Parasomnie : elle peut entraîner des blessures

Pour ces troubles du sommeil, les traitements ne font pas consensus, déplore la professeure associée de neurologie Jennifer Mundt. Avec une équipe de chercheurs, celle-ci a passé en revue 72 publications sur le sujet parues en 1909 et 2023. Cette méta-analyse a été publiée dans le numéro de novembre 2023 de la revue Sleep Medicine. Elle se focalise sur les parasomnies qui n'entraînent pas de mouvements oculaires rapides. Sur un siècle de publications scientifiques, les chercheurs notent que beaucoup des travaux réalisés sont de simples études de cas ou des essais non contrôlés.

“Ces troubles peuvent être dangereux et causer des blessures chez la personne endormie comme chez ses proches. Il est donc important que ces symptômes soient évalués et traités. De plus, nous avons besoin de recommandations pour que les patients reçoivent le traitement le plus efficace, qui n’est pas nécessairement un médicament”, explique Jennifer Mundt. Pour évaluer l’efficacité d’un traitement, il est nécessaire de mener des essais contrôlés. Or, comme on l’a vu plus haut, nombre d’études sur les parasomnies insolites sont des essais non contrôlés.

Sexe pendant le sommeil : l’hypnose peut aider

La professeure Mundt a néanmoins découvert, grâce aux quelques essais contrôlés publiés depuis 1909, que les traitements pour lesquels il existait le plus de preuves d’efficacité étaient les thérapies comportementales et cognitives, l’hypnose, une bonne hygiène de sommeil et des réveils programmés (soit le fait de réveiller la personne sujette à la parasomnie juste avant que le trouble ne se manifeste).

Jennifer Mundt, qui est spécialisée dans le traitement des troubles du sommeil comme les insomnies, les cauchemars ou la narcolepsie, indique que les patients, la plupart du temps, ne se rappellent pas de leurs comportements nocturnes, ou n'en ont qu'un vague souvenir. “Certaines personnes ne savent pas qu’elles sont concernées ou ce qu’elles font la nuit. Parfois, elles ne se rendent dans une clinique du sommeil qu’après s’être fait mal pendant la nuit”, développe la scientifique.

“Ils avaient donné un coup de poing dans une fenêtre en dormant”

Jennifer Mundt poursuit : “J’ai déjà vu des personnes qui s’étaient filmées pendant la nuit pour voir ce qu’il se passait. C’est déstabilisant de ne pas savoir ce que l’on fait dans son sommeil. J’ai vu des gens finir aux urgences avec des coupures ou des lacérations car ils avaient donné un coup de poing dans une fenêtre, un miroir ou un mur. Certaines personnes prennent des médicaments pendant leur sommeil ou mangent tellement qu’elles se sentent mal le lendemain matin. Le cerveau a tendance à vouloir de la junk food, comme des en-cas salés, sucrés ou gras. Certaines personnes mangent tellement qu’elles ressentent de l’inconfort ou prennent du poids.”

Parasomnie : on n'en guérit pas forcément

“Une de mes collègues a même vu un patient qui avait mangé un bloc de fromage entier pendant son sommeil”, alerte la scientifique.

On estime, parmi les parasomnies, que :

6,9% se manifestent par du somnambulisme

10% par des terreurs nocturnes

18,5% par des réveils dans un état de confusion

7,1% par de la sexsomnie

4,5% par du somnambulisme alimentaire

Les deux derniers types de parasomnie commencent généralement à l’âge adulte, tandis que les autres sont plus fréquents pendant l’enfance. “Les médecins disent souvent à leurs patients que leurs enfants vont se débarrasser de ces troubles en grandissant. Mais tout le monde ne s’en débarrasse pas”, déplore la professeure Mundt.

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