Nous savions déjà que les bruits blancs peuvent favoriser l’endormissement. Une récente étude américaine, qui sera publiée le 10 juillet dans la revue Nature and Science of Sleep, suggère que les “bruits roses” améliorent la qualité du sommeil. On ne peut que se féliciter de cette nouvelle, lorsqu’on sait qu’une personne sur trois est concernée par un trouble du sommeil.
Le manque de sommeil augmente le risque de décès précoce
Les Français dorment en moyenne 1h30 de moins qu’il y a 50 ans, selon l’Inserm. Or, un mauvais sommeil augmente les risques de maladies cardiovasculaires, de diabète, d’obésité, de cancer et d’accidents. Pour être suffisamment réparatrice, une nuit devrait comporter 3 à 5 cycles de 90 minutes en moyenne.
Afin de lutter contre les dangers précédemment cités, Margeaux Schade, Gina Marie Mathew et Orfeu Buxton, chercheurs de l’université de Penn State (Pennsylvanie), ont collaboré avec des scientifiques de la société SleepSpace afin de trouver des moyens d’améliorer la qualité du sommeil.
Le bruit rose améliore la qualité du sommeil
L’équipe a notamment examiné les effets du “bruit rose” sur le sommeil. De précédents travaux avaient, en effet, souligné ses capacités à augmenter les ondes cérébrales associées au sommeil profond. Mais à quoi correspond ce terme, exactement ?
Bruit blanc, bruit rose : quelle différence ?
Beaucoup de gens connaissent le bruit blanc : une tonalité qui combine toutes les fréquences sonores perceptibles par l’homme, à intensité égale. Ce peut être le bruit de fond du téléviseur ou d’une radio non syntonisée, ou encore le ronron d’un ventilateur, par exemple.
Le bruit rose, quant à lui, est plus profond et plus grave. Son énergie est plus intense aux extrémités inférieures du spectre sonore, c’est-à-dire au niveau des basses fréquences. En outre, il possède une énergie constante par bande d’octave (et non par Hertz, comme c’est le cas du bruit blanc).
Le sommeil profond, la clé d’une nuit réparatrice
Chaque nuit, les humains enchaînent plusieurs phases de sommeil, qui se répètent de façon cyclique : sommeil léger, sommeil profond et sommeil à mouvements oculaires rapides (MOR) - également appelé sommeil paradoxal.
Le sommeil profond est associé à une activité lente des ondes cérébrales, qui ne survient que pendant cette phase. Il pourrait donc être la clé d’une bonne nuit réparatrice. “Pendant le sommeil profond, le cerveau élimine les métabolites toxiques qui, s'ils s'accumulent, contribuent à la neurodégénérescence associée au vieillissement", explique le Pr Schade. Cette phase jouerait aussi un rôle sur le processus de guérison, l’attention et l’empathie.
“Mais à mesure que les gens vieillissent, ils dorment moins profondément”, souligne la chercheuse. Les facteurs de stress quotidiens altèrent également la qualité du sommeil profond. C’est là que le bruit rose entre en jeu…
Graphique : spectre de bruit rose
© CC - Auteur : Warrakkk - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.en
Le bruit rose prolonge la phase de sommeil profond
"Nous voyons tous très bien comment le bruit peut perturber notre sommeil. Mais il est aussi prouvé que des sons spécifiques peuvent améliorer notre sommeil", indique le Pr Buxton.
"La science n'a pas entièrement découvert comment exploiter la puissance des sons pour induire ou maintenir le sommeil de façon systématique. Le cerveau est toujours à l'écoute. Nos résultats montrent comment le cerveau endormi réagit instantanément aux sons. Ce qui suggère que nous pourrions développer davantage de méthodes acoustiques pour améliorer le sommeil de chacun”.
En exposant les participants à un bruit rose pendant leurs cycles de sommeil profond, les chercheurs ont pu augmenter le temps que chacun a passé dans cette phase, par rapport aux nuits où ils n’étaient pas exposés au bruit rose, et à celles où ils étaient exposés à des bruits perturbateurs, comme des alarmes.
“Un meilleur sommeil pourrait conduire à une population en meilleure santé”
"La présentation d'un bruit rose au bon moment et à la bonne intensité n'a pas dégradé les performances comme ont pu le faire les bruits perturbateurs", rapporte Gina Marie Mathew. "Cela signifie que des technologies futures pourront exploiter la capacité du bruit rose à améliorer la qualité du sommeil, sans nuire à notre productivité le lendemain”.
"Nous espérons que nos travaux permettront de mieux comprendre comment les sons peuvent améliorer la quantité et la qualité du sommeil réparateur, et ainsi contribuer à la bonne santé du cerveau”, conclut le Pr Buxton. “Un meilleur sommeil pourrait conduire à une population en meilleure santé, plus attentive et plus empathique”.
Think pink: Getting a good night's sleep in difficult times, MedicalXPress, 7 juillet 2020.
Sommeil, Inserm, mis à jour le 7 septembre 2017.
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