L’Agence nationale de santé et du médicament (ANSM) a réalisé une étude sur l’utilisation des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) en France depuis 2015. Selon les résultats publiés le 19 décembre 2018, l’utilisation très importante des IPP en France ne semble pas toujours en adéquation avec les recommandations. Ils seraient très souvent initiés en prévention de brûlures d’estomac dues aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) chez des patients ne présentant pas de facteur de risque, justifiant une protection gastrique systématique. Ce traitement par IPP, utilisé de façon inapproprié et massive, peut être potentiellement problématique. Pour cause : il existe des risques de survenue d’effets indésirables, en particulier chez les patients âgés, notamment d’ordre cardiovasculaire, rénal, ou de tumeurs gastriques.
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Un quart de la population française, soit près de 16 millions de personnes, ont bénéficié d’au moins un remboursement par l’Assurance maladie pour une délivrance d’IPP, sur prescription médicale en France en 2015. Pour 8 millions d’entre elles, il s’agissait d’une initiation de traitemen t. Parmi eux, le traitement par IPP étaient associés à un traitement par AINS dans plus de la moitié des cas. Les IPP et les AINS étaient presque toujours prescrits ensemble, suggérant alors une protection gastrique à visée préventive. Cependant, dans 80% des cas, aucun facteur de risque justifiant l’utilisation systématique d’un IPP en association avec un AINS n’était identifiée.
L’ANSM souhaite rappeler qu’à ce jour, l’intérêt de la prévention des brûlures d’estomac. En cas de prise d’AINS, chez l’adulte, n’est établi qu’en présence des facteurs de risque suivants :
- Être âgé de plus de 65 ans
- Avoir un antécédent d’ulcère gastrique ou duodénal
- Être traité par antiagrégant plaquettaire, anticoagulant ou corticoïde.
L’ANSM rappelle qu’il est important de ne pas banaliser l’utilisation des IPP. En effet, bien que les IPP soient généralement bien tolérés à court terme, leur utilisation au long cours n’est pas sans risque.
Les IPP : c’est quoi ?
Les inhibiteurs de la pompe à protons n’agissent pas directement sur l’ulcère. Ils protègent la muqueuse de l’estomac en réduisant l’acidité gastrique. Ces médicaments anti-sécrétoires sont aussi indiqués dans le traitement du reflux gastro-œsophagien, des brûlures d’estomac (dyspepsies) et du syndrome de Zollinger-Ellison (des ulcères à répétition). Ils entraînent parfois des troubles digestifs (diarrhées, douleurs abdominales), des maux de tête, des vertiges et des troubles cardiaques (palpitations). Il existe également un risque d’inflammation du rein (néphrite) et d’insuffisance rénale chronique. Si une infection bactérienne est à l’origine de l’ulcère, des antibiotiques sont prescrits au patient. Une intervention chirurgicale s’impose si de graves complications surviennent, par exemple, une hémorragie ou une perforation digestive. La chirurgie est aussi parfois proposée si le traitement médical ne permet pas d’obtenir les résultats attendus.
Utilisation des inhibiteurs de la pompe à
protons (IPP), ANSM, 19 décembre 2018
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