Les dysfonctionnements de la thyroïde, aussi appelés dysthyroïdies, toucheraient environ 2 % de la population française selon la Haute autorité de santé (HAS). "On distingue l’hypothyroïdie, liée à une diminution ou à une absence de production des hormones thyroïdiennes, et l’hyperthyroïdie, conséquence d’un excès d’hormones thyroïdiennes."
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Cette pathologie survient principalement chez les femmes, avec une incidence qui augmente entre 35 et 60 ans, et on estime qu’il y a environ 3,1 nouveaux cas d’hypothyroïdie par an pour 1 000 femmes. A contrario, les experts recensent moins de 0,2 nouveaux cas par an pour les hommes.
Cette maladie se caractérise par la diminution de la production des hormones thyroïdiennes. Or, elles jouent un rôle métabolique prépondérant en augmentant la quantité d’énergie et d’oxygène consommée par les cellules du corps. Par conséquent, lorsqu’on manque de ces hormones, le métabolisme baisse, ce qui altère le fonctionnement de tous les organes.
D’intensité variable, "les symptômes de l’hypothyroïdie ne sont pas spécifiques". Généralement, "les premiers symptômes sont une perte de cheveux, une fatigue ainsi qu’une prise de poids", explique le docteur Alain Scheimann, endocrinologue et auteur de l’ouvrage Et si c’était la thyroïde ? (Éditions InPress) auprès de Medisite. La frilosité, les symptômes dépressifs ou les troubles du cycle menstruel sont également des signes annonciateurs.
Ainsi, "un symptôme isolé ne peut pas, à lui seul, prédire une hypothyroïdie", indique le spécialiste. Pourtant, "en cas d’hypothyroïdie avérée, le traitement de référence est médicamenteux, avec la lévothyroxine, qui est aujourd’hui prescrite à environ 3 millions de personnes en France".
Un traitement adapté selon le profil du malade
Pour assurer une meilleure prise en charge d’une personne atteinte d’hyperthyroïdie, la Haute autorité de santé a publié, le 14 mars 2023, des recommandations complètes.
À présent, le patient qui présente plusieurs symptômes faisant suspecter la maladie doit réaliser des analyses biologiques de manière séquencée, selon un procédé appelé "en cascade". Autrement dit, le médecin établit une seule et même ordonnance dans laquelle il liste les différents dosages utiles, à commencer par celui de la thyréostimuline (TSH).
"Un seul prélèvement sanguin est réalisé et le biologiste n'enclenche des dosages complémentaires que si le résultat de la TSH est d’emblée anormal (ou confirmé anormal après quelques semaines)", explique la HAS. "Cette modalité de prescription permet d’éviter des prises de sang répétées et inutiles pour le patient."
Et si l’hypothyroïdie est avérée…
Dans les cas où la maladie est reconnue, "l’instauration d’un traitement par la lévothyroxine est indiquée." Dans ces recherches, l’HAS rappelle que la prise en charge d’une hypothyroïdie peut être réalisée par le médecin généraliste. "Néanmoins, une consultation avec un endocrinologue peut être recommandée dans les cas où le patient n’est pas équilibré, s’il a des antécédents de cardiopathie ischémique, si on constate la présence d’un nodule, d’un goitre, d’une grossesse ou d’un désir de grossesse."
Hypothyroïdie après 65 ans : le suivi doit être différent
Alors que les années passent, il est normal que notre anatomie change. La thyroïde n’y échappe pas. "Le vieillissement s’accompagne de modifications anatomiques et fonctionnelles progressives de la thyroïde", rappelle dans son rapport la HAS. "Il est donc important, pour les professionnels de santé, de distinguer ce qui relève de la pathologie thyroïdienne pouvant conduire à une hypothyroïdie."
En effet, "le seul fait d’avoir plus de 65 ans ne doit pas justifier la réalisation d’un dosage de TSH pour dépister une hypothyroïdie", indiquent les experts. Celui-ci est recommandé dans certaines situations :
- Si des signes cliniques évocateurs font suspecter une hypothyroïdie ;
- Si un déclin cognitif récent est découvert ;
- Si des troubles neurocognitifs connus s’aggravent de manière inexpliquée ;
- En cas de traitement par amiodarone. Prescrit en cas de troubles du rythme cardiaque, ce médicament peut être lié à l’apparition d’une hypothyroïdie. Cette cause est donc plus fréquente chez les personnes âgées.
De ce fait, la HAS recommande d’adapter la prise en charge lorsque les patients ont plus de 60 ans. "Par ailleurs, si l’instauration d’un traitement par lévothyroxine est nécessaire, celui-ci doit débuter à une faible posologie."
Grossesse : les cas spécifiques des femmes enceintes
"La grossesse entraîne d’importantes variations physiologiques de la fonction thyroïdienne. On estime que l’activité de la thyroïde augmente d’environ 50% pour maintenir l’équilibre thyroïdien et compenser les besoins", explique l’HAS. De ce fait "les doses de lévothyroxine doivent alors être majorées de 20% à 30% en début de grossesse. Pour ce faire, elle devra prendre 2 doses quotidiennes de plus par semaine, soit 9 comprimés par semaine au lieu de 7."
Or, "il peut y avoir des conséquences pour la mère et le fœtus (fausse couche, naissance prématurée, faible poids de naissance, troubles d’apprentissage…)."
https://www.has-sante.fr/jcms/p_3420835/fr/dysthyroidies-la-has-publie-un-socle-complet-de-recommandations
Merci au docteur Alain Scheimann, endocrinologue et auteur de l’ouvrage Et si c’était la thyroïde ? (Éditions InPress)
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