Vous n'avez pas assez dormi cette semaine et vous êtes couché tard chaque soir ? Sachez que "rattraper" vos courtes nuits le week-end ne suffit pas. C'est ce que révèle une étude polonaise publiée le 1er septembre dernier dans la revue PLOS ONE. Constatant que les périodes prolongées de restriction du sommeil semblent être de plus en plus courantes dans le monde contemporain, ils ont cherché à comprendre comment le cerveau récupère d'une perte de sommeil chronique.
Jeremi Ochab, de l'Université Jagellonne de Cracovie, en Pologne, a donc décidé d'étudier avec une équipe de chercheurs les comportements de plusieurs adultes en bonne santé ayant subi dix jours de restriction de sommeil volontaire (30% de réduction par rapport au besoin de sommeil individuel), suivis de sept jours de récupération de sommeil sans restriction.
Résultat, après sept jours de récupération, les participants n'avaient toujours pas réussi à retrouver leurs performances d'avant la restriction de sommeil. Les résultats indiquent qu'une semaine de récupération après des périodes prolongées de restriction du sommeil est donc insuffisante pour récupérer complètement. En pratique, seuls les temps de réactions des participants à l'étude avaient retrouvé un niveau normal.
"L'enquête sur le processus de récupération après une période prolongée de restriction du sommeil révèle des différences dans les réponses comportementales, motrices et neurophysiologiques à la fois concernant la perte de sommeil et à la récupération", notent les auteurs de cette étude.
La récupération après une perte de sommeil chronique
En pratique, tout au long de l'expérience, les chercheurs ont mesuré en continu l'activité des participants qui ont terminé l'étude dans leur environnement quotidien normal. Ils portaient, en effet, des capteurs au poignet pour surveiller les habitudes quotidiennes de sommeil et d'activité. Ils ont également subi une électroencéphalographie (EEG) quotidienne pour surveiller l'activité cérébrale et ont répondu à des questions quotidiennes (tâches de Stroop) pour mesurer leurs temps de réaction et la précision.
Bien que les chercheurs notent qu'il est difficile de comparer ces résultats avec d'autres études utilisant des méthodes différentes, les résultats apportent de nouvelles informations sur la récupération après une perte de sommeil chronique. Les recherches futures pourraient s'étendre à un plus grand nombre de participants, étudier des périodes de récupération plus longues et démêler l'ordre dans lequel les différentes fonctions reviennent à la normale.
30% des adultes souffrent d’insomnie occasionnelle
"L'enquête sur le processus de récupération après une période prolongée de restriction du sommeil révèle les différences dans les réponses comportementales, motrices et neurophysiologiques à la fois à la perte de sommeil et à la récupération", concluent les chercheurs. Le manque de sommeil est bien connu pour avoir un impact négatif sur la santé et le fonctionnement du corps humain. Il est, par exemple, associé à des déficits d'attention et de mémoire, ainsi qu'à un risque accru d'accidents de voiture, de problèmes cardiaques et d'autres problèmes médicaux. Selon une étude américaine, il suffit d'avoir manqué de sommeil pendant trois nuits consécutives pour voir son bien-être physique et mental affectés. Par ailleurs, d'autres recherches ont montré que manquer de sommeil pouvait augmenter la graisse du ventre, ce qui peut avoir des conséquences néfastes pour la santé.
Selon l’école de médecine de Harvard, environ 30% des adultes souffrent d’insomnie occasionnelle ou de courte durée. Si ces problèmes de sommeil durent plus de trois semaines, on parle alors d’insomnie chronique. Environ 10% de la population en souffre et doit être suivie pour obtenir un soulagement.
Observing changes in human functioning during induced sleep deficiency and recovery periods, PLOS ONE, 1er septembre 2021.
https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0255771
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