Mal aimé et longtemps méconnu, le clitoris n’en fini pourtant plus de dévoiler ses mystères, au fil des recherches. Jusqu’alors, ses fonctions anatomiques et physiologiques avaient longuement été mises de côté, constituant même un certain tabou au sein de la société. Un tabou qui ne l’a pas toujours été, selon Diane Deswarte, sexologue et fondatrice du Club Kamami.
A lire aussi :
Quels sont les organes les plus volumineux du corps humain ?"C’est vers 1870 que le clitoris est exclu des éléments ‘utiles’ pour la reproduction et alors là, c’est le début de la fin jusqu’à sa disparition pure et simple des manuels de médecine et des manuels scolaires. Freud ajoutera un grand coup de pelle pour enterrer le clitoris en décrétant que la stimulation clitoridienne est une activité de petite fille, alors que la stimulation vaginale est une stimulation de ‘vraie femme’. Cette période a vraiment fait beaucoup de mal à nos perceptions de la sexualité et plus particulièrement du plaisir féminin. Ce n’est que dans la toute fin des années 90 qu’Helen O’Connell a publié son travail sur le clitoris, ainsi que la première représentation 3D".
Un organe encore méconnu au cœur de la recherche
Aujourd’hui, les spécialistes assurent que le petit organe situé à l’intérieur de la vulve des femmes est au centre du plaisir féminin, et plus particulièrement des orgasmes qui vont parfois de pair. Au fil des travaux de recherche et des découvertes, le clitoris rattrape petit à petit son retard dans les esprits, et vise à retrouver la place qui lui est attribué. Pour autant, le combat n’est pas encore gagné et la méconnaissance sur le sujet continue de sévir, notamment sur les bancs scolaires.
Selon un rapport, publié en 2016 par le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), un quart des jeunes filles de 15 ans n’avaient pas connaissance de leur clitoris, et 83 % des sondées avaient affirmé ignorer la fonction érogène du petit organe pourtant extrêmement sensible.
Clitoris : un tout petit organe au centre du plaisir féminin
Seul et unique organe du corps humain ne servant qu’à procurer du plaisir, le clitoris se divise en deux parties, dont une que l’on peut apercevoir à l’œil nu et qui présente une petite taille. En cas d’excitation, le clitoris se gorge de sang et gonfle, ce qui fait de lui un organe érectile. Riche de plus de 10 000 terminaisons nerveuses, selon une étude de l’Oregon Health & Science University, le clitoris représente la zone la plus sensible de l’organisme.
Ainsi, si le lien entre le plaisir féminin et la stimulation du clitoris n’est plus à prouver, de plus amples recherches pourraient aider à mieux cartographier le fameux "bouton" entre les deux grandes lèvres del’appareil génital féminin.
Existe-t-il vraiment des femmes "clitoridiennes" et d’autres "vaginales" ?
Si l’orgasme féminin a été rangé au fond du placard ces 100 dernières années, aujourd’hui il ne manque d’attirer l’intérêt et d’attiser la curiosité des spécialistes comme des autres. Orgasme vaginal ou clitoridien… De nombreuses questions ont longtemps entouré le sujet du plaisir féminin et de la meilleure façon de se l’offrir. Alors, mythe ou réalité ?
"En fait, c’est assez simple : physiologiquement, la pénétration seule ne mène pas à l’orgasme. D’ailleurs, moins d’un quart des femmes ont déjà expérimenté un orgasme avec la pénétration seule. Déjà parce que le vagin n’est pas une zone très innervée, seuls les 3-4 premiers centimètres le sont (imaginez si ce n’était pas le cas, nous aurions besoin d’une anesthésie pour un frottis !). Ensuite, l’épicentre du plaisir est le clitoris : le plaisir vaginal provient du plaisir psychologique, de la sensation de présence et aussi de la stimulation indirecte et interne du clitoris en érection", explique Diane Deswarte.
Le clitoris est-il l’égal du pénis, au féminin ?
Le clitoris est souvent considéré comme l’alternative féminine du pénis retrouvé chez les hommes. Et ce n’est pas un hasard… "Le clitoris et le pénis sont vraiment composés des mêmes éléments, juste organisés différemment. Pour le prépuce, c’est le capuchon du clitoris qui en fait office. Souvent, les personnes que j’accompagne en travail de sexothérapie sont amusées lorsque je dis que le pénis est en fait un zoom de clitoris : plus facile à prendre en main mais bien moins sensible !", partage la sexologue, fondatrice du Club Kamami.
En effet, le clitoris et le pénis profitent de plusieurs points communs, à commencer par le fait qu’ils peuvent tous les deux avoir des érections en se gorgeant de sang. Par ailleurs, les glands dont chacun se compose, se stimulent exactement de la même manière, c’est-à-dire grâce aux frottements, aux caresses et à la masturbation.
A quel point le plaisir féminin a-t-il évolué ?
"Le plaisir féminin en tant que tel n’a pas évolué, nous sommes toujours faites de la même manière ! Côté plaisir solitaire, c’est quelque chose qui est de moins en moins tabou et on le voit d’ailleurs avec les contenus créés à ce sujet ou encore les marques de jouets sexuels qui fleurissent de partout", déclare Diane Deswarte, sexologue.
Si la place du plaisir féminin est "grandissante mais insuffisante", la spécialiste reste optimiste sur la façon dont l’épanouissement sexuel des femmes gagne du terrain dans les esprits. "Ce qui est en train de changer, c’est la perception que l’on en a ainsi que les rapports de force entre les hommes et les femmes qui sont directement impliqués dans les notions de plaisir et de désir féminin. C’est une avancée qui se fait et se fera ensemble. Il y a encore beaucoup de chemin mais j’aime à croire que nous sommes sur la bonne voie, dans notre partie du monde du moins", conclut la fondatrice du Club Kamami.
Merci à Diane Deswarte, sexologue et fondatrice du Club Kamami - www.clubkamami.fr
https://news.ohsu.edu/2022/10/27/pleasure-producing-human-clitoris-has-more-than-10-000-nerve-fibers
https://recherche.unistra.fr/actualites-recherche/actualites-de-la-recherche/clitoris-cet-organe-meconnu-des-medecins
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.
Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.