Au moins 40% des femmes seraient concernées par des troubles sexuels au moins une fois dans leur vie, d’après le professeur de psychologie, de neuroscience et de génétique moléculaire américain Gary Wenk. “Souvent, les femmes ne sont pas à l’aise à l’idée de parler de leurs soucis d’ordre sexuel avec leurs médecins ; de leur côté, les praticiens sont fréquemment réticents à l’idée de poser des questions sur le sujet”, affirme le psychologue dans les colonnes du magazine Psychology Today.
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Conséquence directe : ces troubles sexuels sont souvent sous-diagnostiqués et traités via la mauvaise approche, voire pas traités du tout. Pourtant, santé sexuelle et santé globale sont indissociables. Les troubles sexuels découlent par ailleurs parfois de maladies chroniques comme des problèmes neurologiques, des pathologies rénales, des inflammations ou un cancer.
“Chacune de ces maladies, tout comme la santé globale d’une personne, est grandement influencée par les habitudes alimentaires”, assure Gary Wenk. Il poursuit : “Pour la plupart des Américains [comme pour les Français, ndlr], la pauvreté d’un régime alimentaire est due à une consommation importante d’aliments ultra-transformés.” Problème : ce type de nourriture est riche en graisses, en sel et en glucides raffinés. La science a prouvé que la consommation de ces aliments activait le système dopaminergique, la région du cerveau responsable de la motivation et de la récompense. Celle-ci libère la dopamine, connue comme l’hormone du bonheur. De plus, ces aliments sont généralement bon marché et disponibles un peu partout.
Syndrome métabolique : un impact négatif sur la sexualité
Aussi devient-on facilement accro, d’où une prise de poids. Ce qu’on évoque moins, c’est l’impact sur l’activité sexuelle d’une consommation trop fréquente de ces aliments ultra-transformés, chez les femmes comme chez les hommes. Le professeur Wenk cite une étude parue en 2019 dans la revue Current Urology, qui montre comment la sexualité féminine est affectée négativement par le syndrome métabolique et les troubles du comportement alimentaire. Pour rappel, on appelle syndrome métabolique un ensemble de troubles qui, en provoquant un retentissement de l’organisme, favorisent la survenue de certaines pathologies chroniques comme le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires. Les personnes atteintes de ce syndrome présentent, entre autres, une obésité abdominale.
Plusieurs études sur l’obésité féminine ont montré que les femmes ayant eu recours à la chirurgie bariatrique affirment que leur vie sexuelle est améliorée après l’opération. Toutefois, cette amélioration tend à se dissiper lorsque ces femmes reprennent du poids. Gary Wenk indique en outre que d’autres études ont prouvé qu’une alimentation pauvre en calories et de l’exercice physique régulier entraînent des améliorations significatives de la vie sexuelle, qui correspondent à un poids plus faible et à une meilleure régulation de l’insulinorésistance. Enfin, le professeur de psychologie fait référence à des recherches sur le régime méditerranéen, qui pourrait réduire les troubles sexuels que connaissent les personnes obèses.
Anorexie : une baisse de la libido et du nombre d’orgasmes
D'autres troubles du comportement alimentaire entraînent également nombre de problèmes sexuels. Par exemple, les personnes souffrant de boulimie (en grande majorité des femmes) ont plutôt tendance à avoir des comportements impulsifs et à s’engager dans des relations sexuelles à risques, d’après Gary Wenk. Les patients anorexiques (là encore, une majorité écrasante de femmes) expérimentent quant à eux plutôt une baisse du désir sexuel, de la lubrification et du nombre d’orgasmes.
Si le tabou n’est pas encore levé à propos de liens entre alimentation et sexualité, particulièrement en ce qui concerne les femmes, plusieurs études s’accordent à dire que l’adoption d’un régime méditerranéen pourrait aider les personnes en proie à des troubles sexuels, assure le professeur Wenk. Mais avant toute chose, il faut en parler.
“How Diet Affects the Sex Lives of Women”, un article de Psychology Today.
“Diet and Men’s Sexual Health”, une étude parue en 2018 dans Sexual Medicine Reviews.
https://academic.oup.com/smr/article-abstract/6/1/54/6830791?redirectedFrom=PDF
“The effect of bariatric surgery on female sexual function: a cross-sectional study”, une étude parue en 2020 dans Scientific Reports.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7376208/
“The Impact of Metabolic Syndrome and Its Components on Female Sexual Dysfunction: A Narrative Mini-Review”, une étude parue en 2019 dans Current Urology.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6504795/
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