Sclérose en plaques : le virus de la mononucléose en causeAdobe Stock

La sclérose en plaques (SEP) est très probablement provoquée par le virus d’Epstein-Barr (EBV), selon une étude publiée dans la revue Science ce 13 janvier 2022. Cela faisait plusieurs années déjà que l’hypothèse était étudiée, mais elle était difficile à prouver, en particulier parce que les symptômes de la maladie ne démarrent qu’une dizaine d’années après l’infection et que ce virus touche une grande partie de la population mondiale.

Epstein-Barr : 90% de la population touchée par le virus

L’Epstein-Barr est un virus très courant qui infecte neuf personnes sur dix dans le monde, le plus souvent pendant l’enfance ou l’adolescence. Pour découvrir son lien de causalité avec la sclérose en plaques, les chercheurs américains ont suivi pendant 20 ans plus de 10 millions de jeunes adultes engagés dans l’armée américaine. Parmi eux, 955 ont été diagnostiqués atteints de cette maladie auto-immune durant leur service.

D’après les résultats de leurs recherches, le risque de développer une sclérose en plaques serait alors multiplié par 32 après avoir été infecté par le virus d'Epstein-Barr, alors qu’il reste inchangé après une infection par d'autres virus. Plus précisément, le risque apparaît comme le plus grand lorsque la personne a contracté le virus pendant la puberté (entre 11 et 15 ans) et disparaît totalement après 25 ans.

Les scientifiques rappellent toutefois que si ce virus semble bien être l'élément déclencheur de la SEP, il n'est pas suffisant pour que la maladie se déclare. D'autres facteurs environnementaux entrent en jeu comme le tabac, un déficit en vitamine D, l'obésité durant l'adolescence, ou encore le travail de nuit.

Sclérose en plaques : vers un futur traitement ?

En France, la sclérose en plaques concerne 100 000 jeunes adultes, avec en moyenne 5 000 nouveaux cas chaque année. C’est une maladie auto-immune qui affecte le système nerveux central. “Une dysfonction du système immunitaire y entraîne des lésions qui provoquent des perturbations motrices, sensitives, cognitives, visuelles ou encore sphinctériennes (le plus souvent urinaires et intestinales)”, détaille l’Inserm. Évoluant par "poussées", la SEP est très variable d'un patient à l'autre. À plus ou moins long terme, tous ces troubles peuvent progresser vers un handicap irréversible.

À l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement pour en guérir, mais uniquement pour ralentir l'évolution de la maladie. Cette découverte américaine relance donc fortement l’espoir des scientifiques d’en trouver un. "C'est un pas important, car cela suggère que la plupart des cas de sclérose en plaques pourraient être empêchés en stoppant l'infection au virus d'Epstein-Barr”, a déclaré Alberto Ascherio, auteur principal et professeur d'épidémiologie à l'école de santé publique d'Harvard, dans un communiqué.

“Viser ce virus pourrait conduire à la découverte d'un remède". Le scientifique avance qu’un “vaccin contre l'EBV” ou des “médicaments antiviraux spécifiques” pourraient être développés pour prévenir ou traiter la sclérose en plaques. Hasard du calendrier ou pas, l'entreprise américaine Moderna a annoncé début janvier avoir démarré des essais cliniques sur des humains pour un vaccin contre le virus d'Epstein-Barr utilisant la technologie à ARN messager.

Ce potentiel vaccin est une véritable source d’espoir pour les 2,8 millions d’individus qui souffrent de cette maladie, pour laquelle il n’y a pas pour l'instant ni vaccin ni traitement curatif. "Ce qui nous manquait, c'était le lien temporel entre l'apparition des anticorps et le fait de faire une sclérose en plaques", se réjouit auprès de franceinfo Patrick Vermersch, professeur de neurologie à l'université et au CHU de Lille. On sait désormais que l'infection par le virus d'Epstein-Barr précède l'apparition de la sclérose en plaques. "Jusqu'à présent, on disait que le fait d'avoir contracté l'EBV multipliait par 20 le risque d'avoir une sclérose en plaques (c'est le chiffre que j'enseignais à mes élèves il y a vingt ans), mais cette nouvelle étude prouve que ce risque est en fait multiplié par 32", Catherine Lubetzki, professeur en neurologie à la Pitié-Salpêtrière à Paris, contactée par franceinfo.

Sources

https://www.inserm.fr/dossier/sclerose-en-plaques-sep/ 

https://www.science.org/doi/10.1126/science.abj8222 

mots-clés : vaccin, traitement
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