L’Afrique, nouvel Eldorado du digital et du numérique en santé

L'Afrique est-elle mûre pour aborder le numérique en santé ?

Oui, tout à fait. 100% des Africains possèdent un mobile, et 50% un smartphone. Les pays Africains se sont mieux approprié les nouvelles technologies que la France, où il faut effectuer une véritable révolution au niveau des procédures et surtout des mentalités. C’est ce qu’on appelle la « transformation numérique ».

En France, par exemple, le Dossier Médical Partagé est en situation d’échec pour le moment, alors que les Africains n’ont pas à opérer de transformation, vont partir du numérique pour bâtir leur avenir. C’est dans leur culture, parce qu’ils sont extrêmement innovants, et parce qu’ils ont saisi que les nouvelles technologies sont une valeur ajoutée inouïe, qui leur permet de gagner du temps, de gagner en qualité, en sécurité, et en proximité. Et pour compenser bien entendu les déserts médicaux, qui sont un véritable fléau.

Les cadres en santé locaux ont-ils acquis le niveau, les connaissances suffisantes, pour prendre en charge les populations, et assurer ce démarrage d’une santé numérique efficiente sur le terrain ?

Vous savez, les gens se connectent à internet, ils voient ce qu’il se passe ailleurs, ils sont sur les réseaux sociaux… Ils ont compris qu’il y a de formidables opportunités grâce au digital, au numérique. Ils iront probablement de fait plus vite que nous pour mettre les dispositifs en place!

Les cadres en santé se sont approprié les outils numériques, mais quand on démarre ce genre de choses, il faut se mettre des garde-fous. Quand on collecte des données de santé à l’échelle d’un territoire ou d’une population, il faut savoir sécuriser les données personnelles… Et on n’en est pas encore là.

La santé numérique passe aussi par les médias santé digitaux, comme Medisite, pour informer les gens. Sont-ils demandeurs de ces informations en santé ?

La question, c’est l’accès à l’information. Cela fait partie aussi du développement durable, l’éducation étant le 4ème pilier du développement durable après celui de la santé. Il faut que cette information soit lisible, soit compréhensible, par le plus grand nombre… Il faut des experts pour de l’éducation et de la formation professionnelle dirigés vers les professionnels de santé… Il faut se tenir informé des dernières innovations, des nouvelles pratiques, par du e-learning, des échanges d’expériences avec leurs homologues à l’international, mais aussi diriger cette formation vers les patients : éducation à la santé, programmes de vaccination, la prévention des contaminations diverses, … Oui les médias ont un énorme rôle à jouer !
Et il faut aussi que ces médias aient un rôle serviciel et pas uniquement d’information ?

Oui, il faut pouvoir s’exprimer ! Pour créer des espaces de paroles et d’échanges entre les professionnels de santé et les populations, il faut mettre en place des chats, des forums… Il faut qu’il y ait des réponses, et mettre quelqu’un derrière l’ordinateur pour répondre. Comme il y a un retard à l’éducation, il faut que les gens aient accès à une certaine pédagogie, à une certaine clarté, avec des spécialistes pour leur répondre en direct sur leurs smartphones.

Comment qualifiez-vous ces populations d’Afrique face à ces changements et cette modernité ?

Cette population, elle est jeune, dynamique, d’une vitalité incroyable mais surtout elle en veut ! Elle veut s’en sortir, et par le haut ! Il faut arrêter avec ces clichés des flux migratoires vers l’Europe… Mais l’Afrique ce n’est pas ça ! Une très grande majorité veut œuvrer dans son pays, créer de la richesse, grandir… Et ils sont une force d’innovation incroyablement pléthorique !

… Nous avons en Afrique une véritable source d’inspiration pour nous même !

Sources

*Interview de Nora Berra pour les Rencontres Africa 2018
http://www.rencontresafrica.org

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