“L'antibiorésistance est le phénomène qui consiste, pour une bactérie, à devenir résistante aux antibiotiques. Les bactéries exposées aux antibiotiques évoluent et développent des mécanismes de défense qui leur permettent d'échapper à leur action”, explique le ministère de la Santé et de la Prévention.
“Les antibiotiques perdent leur efficacité"
L’une des choses qui favorisent le plus l’antibiorésistance est le mauvais usage des antibiotiques, prescrits encore trop souvent pour des infections non bactériennes ou consommés en automédication. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) tire donc la sonnette d’alarme. Le 23 novembre 2023, l’institution a voulu alerter le grand public sur la baisse de l’efficacité des antibiotiques, qui pourrait causer 10 millions de décès à travers le monde d’ici à 2050.
En 2019 déjà, l’OMS se montrait inquiète : "Un nombre croissant d’infections, comme la pneumonie, la tuberculose ou la gonorrhée, la salmonellose, deviennent plus difficiles à traiter. Les antibiotiques utilisés pour les soigner perdent leur efficacité", déplorait-elle. La résistance aux antibiotiques constitue aujourd’hui l’une des plus graves menaces qui pèsent sur la santé mondiale et la sécurité alimentaire. En France, ce phénomène tue chaque année 12 500 personnes. L’antibiorésistance tue encore plus que la grippe, la tuberculose et le sida réunis.
Dans une nouvelle étude, l’OMS montre de plus que les antibiotiques sont encore prescrits pour traiter des maladies comme le rhume (24% des cas), les symptômes grippaux (16% des cas), le mal de gorge (21% des cas) et la toux (18%). Cette étude a été menée dans 14 pays, surtout en Europe de l’Est et en Asie centrale.
“Le développement et la propagation des super-bactéries sont accélérés”
“Alors que la résistance aux antimicrobiens est un phénomène naturel, le développement et la propagation des super-bactéries sont accélérés par la mauvaise utilisation des antimicrobiens, ce qui rend les infections plus difficiles à traiter efficacement”, a déclaré l’OMS dans un communiqué de presse.
“Tous les pays dans notre région ont mis en place des régulations pour protéger les antibiotiques précieux du mauvais usage… Renforcer ces régulations empêcherait la plupart des mauvaises utilisations des antibiotiques”, a déclaré le directeur de la division Europe de la section maladies contagieuses de l’OMS, Robb Butler.
L’OMS alerte : sans intervention immédiate, la résistance aux antimicrobiens - qui incluent les antibiotiques - pourrait entraîner des catastrophes.
Des antibiotiques sans prescription médicale
L’instance se dit particulièrement préoccupée par les erreurs de prescription, ajoutant que dans 14 pays, environ 8200 personnes ayant participé à son étude ont pris des antibiotiques sans prescription médicale.
Dans certains pays, plus de 40% des antibiotiques ont été utilisés sans avis médical. À l’inverse, une enquête équivalente menée par l’Union européenne en 2022 a montré que seuls 8% des répondants avaient pris des antibiotiques sans prescription.
L’OMS a par ailleurs constaté des manques de connaissance sur les antibiotiques chez de nombreuses personnes, qui prennent des antibiotiques pour la mauvaise raison sans le savoir. “Cette étude montre clairement que nous avons besoin d'éducation et de sensibilisation sur le sujet”, conclut Robb Butler.
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