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Vous porterez peut-être plus d’attention au prochain "bonjour" que vous échangerez. Des chercheurs de l’Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique (IRCAM) du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) de Paris et de l’Ecole normale supérieure (ENS) de Paris se sont intéressés à la question de la représentation mentale d’une salutation. Selon eux, l’intonation avec laquelle un "bonjour" est prononcé influe sur le jugement de la personne qui reçoit ce salut. Ils publient leur étude dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS).

Bonjour déterminé ou bonjour digne de confiance

Pour réaliser leurs travaux, les chercheurs ont enregistré la voix d’un homme et d’une femme ayant comme langue maternelle le français. Ils leur ont demandé de prononcer le mot "bonjour" et, à partir de ces enregistrements, ils ont généré des milliers d’autres prononciations du même mot grâce à un logiciel informatique de manipulation des sons (appelé CLEESE et développé par l’IRCAM). Ils ont ensuite fait écouter ces variations par paire de sons à 44 auditeurs, de langue maternelle française et n’ayant pas de trouble de l’audition. Ils leur ont alors demandé de juger l’état social des différents locuteurs et de déterminer entre les deux sons entendus lequel semblait "déterminé" et lequel semblait "digne de confiance".

Résultat : les mots prononcés avec une hauteur descendante (un son évoluant de l’aigu vers le grave) plus marquée sur la deuxième syllabe sont ressentis comme déterminés. À l’inverse, les mots dont la hauteur monte rapidement à la fin du mot sont perçus comme dignes de confiance.

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"Les chercheurs sont donc désormais capables de visualiser le 'code' utilisé par les gens pour juger de la voix d'autrui, et ont montré que ce code est partagé par les hommes comme par les femmes et est indépendant du sexe de la voix écoutée" constate le CNRS dans un communiqué.

Applications thérapeutiques

Et à quoi vont servir cette recherche ? "Cette méthode peut s'appliquer à un grand nombre de questions dans le champ de la perception du langage" précise le CNRS. Par exemple, les chercheurs espèrent utiliser ces travaux pour mieux comprendre la représentation des émotions des personnes souffrant de troubles du spectre autistique ou de schizophrénie.

Une application d’ores et déjà mise en place est celle de l’utilisation du logiciel CLEESE "pour analyser la perception des mots auprès de personnes victimes d'un AVC, une pathologie qui peut altérer la perception de l'intonation de la voix", rapporte le CNRS.

Sources

Cracking the social code of speech prosody using reverse correlation. Ponsot et al., 26 mars 2018, PNAS

Comment faire bonne impression en disant bonjour ? Communiqué de presse du CNRS, 26 mars 2018.

mots-clés : autisme, émotions

Vidéo : Perte d'audition : les signes d'alerte

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