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"Le bisphénol A représente un risque beaucoup plus important pour notre santé que ce que l'on pensait auparavant". C’est par ces propos inquiétants que Leena Ylä-Mononen, directrice exécutive de l’Agence européenne de l’environnement (AEE), a réagi aux conclusions d’un récent rapport relayé par l’institution, portant sur l’exposition des Européens au bisphénol A (BPA).

Alors que la toxicité de ce plastifiant sur la santé humaine est avérée, une nouvelle étude atteste de son omniprésence autour de nous et en nous. Chiffre à l’appui : le bisphénol A, perturbateur endocrinien reconnu, a été retrouvé dans l’urine de 92% des participants issus de onze pays de l’Union européenne étudiés dans ce projet novateur de recherche.

Des niveaux supérieurs aux seuils recommandés pour la santé

Plus inquiétant encore, il est apparu que 100 % des participants ont probablement été exposés à cette substance chimique à un niveau supérieur aux seuils de sécurité recommandés pour la santé humaine.

Ces nouvelles données, rapportées par l’Agence européenne de l’environnement ont été recueillies dans le cadre d'une étude de biosurveillance humaine de l'Union européenne, Horizon 2020 (HBM4EU) menée de janvier 2017 à juin 2022, dans onze pays européens, à savoir la Croatie, la République tchèque, le Danemark, la France, la Finlande, l'Allemagne, l'Islande, le Luxembourg, la Pologne, le Portugal et la Suisse.

Une vaste enquête sur l’exposition des Européens aux substances chimiques

Cette initiative de recherche a généré des données de biosurveillance humaine harmonisées à l'échelle de l’Union européenne, avec pour objectif d’évaluer l’exposition de la population européenne à différentes substances chimiques, ainsi que leurs impacts sur la santé.

Des échantillons d’urine ont ainsi été collectés entre 2014 et 2020 pour pouvoir mesurer l’éventuelle présence de substances chimiques s dans l'organisme des participants. Résultat, le bisphénol A a été identifié dans l’urine de 2756 adultes, soit 92% du panel.

Le bisphénol A, une substance chimique encore trop utilisée

Pour rappel, le bisphénol A est une substance chimique de synthèse largement utilisée par l’industrie du plastique en Europe, mais aussi dans le monde entier. Longtemps employé pour la fabrication de plastique, il sert couramment de composant pour la fabrication de polymères et de résines. Il est aussi utilisé comme révélateur dans les papiers thermiques comme les tickets de caisse, précise l’Anses.

A l’échelle européenne, l’Agence européenne de l’environnement confirme que ce produit chimique continue à entrer dans la composition de nombreux produits, qu’il s’agisse des récipients alimentaires en plastique et en métal, aux bouteilles d'eau réutilisables et aux canalisations d'eau potable en Europe, et ce à des niveaux de sécurité sanitaire supérieurs aux niveaux autorisés.

Le bisphénol A, un risque pour la santé de millions de personnes

Au vu de cette nouvelle étude, l’Agence européenne fait part de sa préoccupation au regard du "risque potentiel" que représente cette exposition au BPA "pour la santé de millions de personnes".

Le BPA est un perturbateur endocrinien (comme les phtalates) qui nuit à la santé humaine et à la santé des organismes vivants. Ces substances ont la capacité de dérégler le fonctionnement hormonal, rappelle l’Anses. Ils peuvent également affecter le système reproducteur et perturber le système immunitaire.

Les méfaits des perturbateurs endocriniens font l’objet de nombreuses études et l’étendue de leur pouvoir de nuisance reste encore à découvrir. Reste que communauté scientifique est persuadée qu’en déséquilibrant l’organisme, les effets délétères des perturbateurs endocriniens se font ressentir sur de nombreux plans, en se répercutant sur le métabolisme, la régulation des émotions, sur la croissance, la glycémie, la pression artérielle

Des mesures à prendre pour limiter l’exposition au BPA

D’où le cri d’alarme de l’Agence européenne de l’environnement. "Nous devons prendre au sérieux les résultats de cette recherche et prendre davantage de mesures au niveau de l'Union européenne pour limiter l'exposition aux substances chimiques qui présentent un risque pour la santé des Européens", prévient Leena Ylä-Mononen, dans un communiqué de l’Agence européenne de l’environnement.

L’Agence européenne rappelle que la population est continuellement exposée au bisphénol A "lorsqu'il est libéré des contenants alimentaires et d'autres produits de tous les jours".

En France, depuis le 1er janvier 2015, le bisphénol A est interdit dans les biberons et autres contenants alimentaires ainsi que dans les tickets de caisse. Depuis 2018, l’Union européenne lui a emboîté le pas, en le bannissant à son tour dans les biberons en plastique et les emballages contenant des aliments pour bébés et pour enfants de moins de trois ans.

Mais cette nouvelle étude de l’AEE montre que le chemin reste encore long avant de voir le bisphénol A disparaître de la circulation.

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