Jeûne intermittent : il peut être propice aux troubles du comportement alimentaire

Étudié depuis 1943, le jeûne intermittent consiste à ne rien manger pendant une période choisie. Il existe plusieurs formes de jeûne. Le jeûne 16/8 est la méthode la plus répandue. Elle consiste à se nourrir dans une fenêtre de 8 heures et à jeûner durant une période de 16 heures par jour.

Le jeûne a fait l'objet de très nombreuses études : efficace pour perdre du poids, il semble aussi être une aubaine pour la santé. Ses adeptes font état d'un meilleur sommeil, un moral au beau fixe et d'une digestion moins laborieuse. Des scientifiques ont également prouvé les bienfaits du jeûne intermittent sur les maladies cardiaques et sur le système immunitaire. Ce qui s'explique par son effet régénérant. En vous octroyant des pauses sans nourritures, vous détoxifiez votre organisme.

Une nouvelle étude appelle toutefois à la prudence. Si jeûne intermittent peut s'avérer bénéfique chez certains patients, il peut aussi être néfaste chez les personnes sujettes aux troubles du comportements alimentaires (TCA). On retrouve notamment l'anorexie et la boulimie.

Jeûne intermittent : il peut impliquer des comportements compensatoires comme les vomissements et l'exercice compulsif

La nouvelle étude publiée dans Eating Behaviors a montré que le jeûne intermittent serait lié à des comportements alimentaires compulsifs chez les femmes. Les chercheurs citent la frénésie alimentaire et les comportements compensatoires comme les vomissements et l'exercice compulsif. Parmi les hommes, ceux qui pratiquaient le jeûne intermittent seraient plus susceptibles de pratiquer de l'exercice compulsif.

Les scientifiques ont analysé les données de plus de 2 700 adolescents et jeunes adultes. Au total, 47 % des femmes, 38 % des hommes et 52 % des personnes transgenres ont déclaré avoir pratiqué le jeûne intermittent au cours des 12 derniers mois. Dans les trois groupes, les participants ont rapporté une moyenne de 100 jours où ils se sont livrés à un jeûne intermittent au cours des 12 derniers mois.

"Les associations trouvées entre le jeûne intermittent et les comportements liés aux troubles de l'alimentation sont particulièrement saillantes, étant donné l'augmentation significative des troubles de l'alimentation chez les adolescents et les jeunes adultes depuis le début de la pandémie de COVID-19", commente Jason M. Nagata, MD, MSc, professeur adjoint à l'Université de Californie à San Francisco et co-auteur de l'étude.

Cette étude sonne comme un avertissement : avant de recommander le jeûne intermittent pour perdre du poids, les nutritionnistes doivent s'assurer que le patient n'est pas sujet aux TCA.

Jeûne intermittent : il est bénéfique s'il est bien menée

Une étude qui rejoint l'avis de Alexandra Retion, diététicienne nutritionniste, interrogée par Medisite. "Si je n’encourage pas le jeûne intermittent à tous mes patients, c'est parce qu ’il peut favoriser les troubles du comportement alimentaire et les carences", explique l’experte.

En effet, cette diète est bénéfique pour l’organisme si elle est bien menée. Avant de vous lancer, parlez-en à votre médecin ou à un nutritionniste.

En dehors des horaires de jeûne, il est donc important de manger à votre faim. Cela vous permettra de tenir jusqu’au lendemain sans craquage. Et surtout, cela vous évitera la frustration, qui peut être fatale au bon déroulé du jeûne intermittent. On rappelle que le jeûne intermittent n’est pas un régime. Il ne doit pas impliquer de restrictions alimentaires. Il s’agit d’un autre mode d’alimentation qui permet de revenir à un rythme plus naturel pour le corps.

Attention, la plupart des experts déconseillent fortement le jeûne aux femmes enceintes et aux enfants. Le jeûne intermittent comporte également des contre-indications pour les personnes diabétiques, celles qui souffrent d’hyperthyroïdie, d’insuffisance hépatiques et celles qui ont un IMC trop bas (>18).