La nouvelle a fait la une des journaux français : le nombre de vasectomies a été multiplié par 15 en 12 ans en France, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). “Depuis 2021, il dépasse le nombre de stérilisations féminines”, a indiqué l’agence dans un communiqué publié le 12 février 2024.
Vasectomie : traditionnellement en France, elle séduit les plus de 50 ans
Mais c’est quoi, la vasectomie ? Comme l’explique l’Association française d’urologie (AFU) : “La vasectomie est une chirurgie mineure permettant la stérilisation masculine. En coupant les canaux déférents, le chirurgien bloque le transport des spermatozoïdes depuis les testicules.” Cette opération de microchirurgie est très rapide et très peu invasive. La vasectomie est fiable à 99,8%, note le site Internet spécialisé Contraceptionmasculine.fr. “En comparaison, l’efficacité de la pilule est de 91%, ce qui signifie que pour 100 femmes utilisant cette méthode, 9 connaîtront une grossesse non désirée au cours de la première année d’utilisation. Celle du préservatif n’est quant à elle que de 85%”, ajoute le blog.
Ce qui étonne dans les chiffres avancés par l’ANSM, c’est que la moyenne d’âge des hommes optant pour la vasectomie diminue. “Auparavant, elle était aux alentours de 50, 55 ans”, constate la docteure Charlotte Methorst, chirurgienne urologue. “Aujourd’hui, il y a beaucoup de gens qui divorcent et qui se remettent en couple sans avoir de désir d’enfant, explique la médecin. Plus précisément, des hommes d’âge moyen qui rencontrent une compagne plus jeune et qui ne veulent pas fonder une autre famille. “Au début, ces couples-là utilisent le préservatif puis passent à la vasectomie. Et pour ces femmes plus jeunes, on a tout un discours contre la contraception hormonale avec les effets secondaires qu'on connaît”, explique Charlotte Methorst.
En France, la vasectomie reste peu répandue
Il faut tout de même noter qu’en France, les hommes sont beaucoup moins nombreux à opter pour la vasectomie qu’au Canada (un homme sur cinq), au Royaume-Uni (21% des hommes) ou en Nouvelle-Zélande (15%). Par ailleurs, dans ces pays, ce sont les hommes plutôt jeunes qui sont intéressés. Comment expliquer ces différences ? D’une part par l’autorisation tardive de cette opération en France, puisqu’elle n’est possible que depuis 2001. “Ensuite, la France est un pays latin, on a donc tendance à faire porter la contraception à la femme”, analyse la chirurgienne Charlotte Methorst.
Elle note tout de même des évolutions : “Les générations évoluent, que ce soit dans le grand public ou chez certains médecins. Beaucoup ont longtemps fait l'amalgame entre vasectomie et impuissance, avec une moindre intensité de l’orgasme. C’est une rumeur, comme celle qui affirmait que la vasectomie augmente le risque de cancer de la prostate. Ce n'est pas le cas ! Il y a beaucoup de méconnaissances là-dessus. Beaucoup pensent également que c'est une intervention longue et douloureuse, alors que c'est extrêmement rapide, puisqu’on la fait en environ 20 minutes, sous anesthésie locale. C'est de l'hospitalisation totalement ambulatoire. Moins d'un 1% des patients ont des effets secondaires.”
Une opération fiable et réversible
De plus, cette opération de microchirurgie est réversible. “La vasectomie est permanente, mais pas forcément définitive, c'est-à-dire que son effet est permanent, mais que cette opération est réversible : on peut faire une chirurgie de vasovasostomie, c’est-à-dire relier les canaux sectionnés lors de la vasectomie. Il n’y a rien de plus simple”, assure la médecin.
Bonus : certains travaux suggèrent que cette opération améliore la vie sexuelle. “Une étude suggère que certains hommes ayant eu une vasectomie ont un peu plus de rapports sexuels et des rapports sexuels de meilleure qualité”, indique Charlotte Methorst. D’après une étude publiée en 2017 dans la revue scientifique Central European Journal of Urology, par exemple, certains hommes ont plus de rapports sexuels après une vasectomie, mais aussi une meilleure libido et des orgasmes de meilleure qualité. De quoi intéresser les séniors, qui sont plus nombreux à souffrir de dysfonctions sexuelles. Alors, qu’attendez-vous pour sauter le pas ?
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