Le constat a de quoi alarmer : “La proportion de Français(es) ayant eu un rapport au cours des 12 derniers mois n’a jamais été aussi faible en 50 ans : 76% en moyenne, soit une baisse de 15 points depuis 2006. Le taux d’activité sexuelle annuelle tombe ainsi à un niveau encore plus faible qu’en 1970”, indique l’Institut français d’opinion publique (Ifop) dans sa dernière étude sur la sexualité des Français, “La ‘sex recession’: quand les Français(es) font moins l’amour”. Celle-ci, réalisée pour la marque suédoise de sextoys Lelo, est parue le 6 février 2024.
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L’un des enseignements majeurs de ce sondage est que les écrans ont fait baisser la libido des Français au fil des années. “L’impact des écrans joue sur toutes les catégories de la population, même si les séniors sont sans doute un peu moins dépendants”, indique à Medisite François Kraus, directeur du pôle Politique et actualités et du pôle expertise genre/sexualités de l'Ifop.
Globalement, le numérique vient directement concurrencer le sexe chez les couples établis. “Lorsqu’on interroge les jeunes de moins de 35 ans vivant en couple sous le même toit, la moitié des hommes (50%, contre 42% des femmes) reconnaissent avoir déjà évité un rapport sexuel pour regarder une série ou un film à la télévision (ex : Netflix, OCS…). On retrouve cette concurrence des écrans sur le sexe pour d’autres loisirs comme les jeux vidéo – préférés au sexe par 53% des hommes de moins de 35 ans vivant en couple – ou les réseaux sociaux de partage de photos ou de vidéos (préférés au sexe par 48% des hommes de moins de 35 ans vivant en couple)”, note le rapport de l’Ifop.
Les vidéos pornographiques concurrencent les rapports intimes
En ce qui concerne les personnes de 70 ans et plus, un chiffre surprend particulièrement : celui des femmes dans cette tranche d’âge ayant déjà regardé des vidéos à caractère pornographique qui indiquent avoir déjà évité un rapport sexuel avec leur conjoint pour aller se masturber devant ces contenus. Elles sont en effet 44%... Soit autant que les hommes âgés de 30 à 39 ans, la proportion la plus élevée !
Autre élément intéressant sur la sexualité des séniors : cette tranche d’âge semble avoir un rapport plus sain au consentement que les personnes plus jeunes. En effet, la sexualité jouant pour eux un rôle moins important dans le couple, ils sont plus rares à se “forcer” pour ne pas contrarier l’autre. “Cette population semble beaucoup moins obligée de faire l'amour pour faire plaisir”, note François Kraus.
Pour les hommes, le poids des stéréotypes
Enfin, quel que soit l’âge des répondants, les personnes affirmant ne pas pouvoir vivre sans sexe ou ne pas faire assez l’amour à leur goût sont toujours les mêmes : les hommes. Cela malgré la “révolution MeToo” et en dépit de la “sex recession”.
“Il y a peut-être une question d’hormones, mais aussi de conditionnement. Dans l'imaginaire collectif, l’envie de faire l’amour est consubstantielle d'une certaine masculinité. Pour beaucoup d’hommes, ne pas avoir envie de faire l’amour, ce serait admettre qu'on n'est pas forcément un homme”, constate le directeur du pôle Politique de l’Ifop.
Le rapport au sexe change, donc… Mais les stéréotypes restent.
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