Les films, la publicité, la conscience collective… tout laisse à penser que la sexualité est affaire de jeunesse. Mais, c'est loin d’être le cas. Un sondage réalisé par Terre de Seniors en 2021 révèle que 75% des plus de 60 ans sont satisfaits de leur vie intime. Bien sûr, il ne faut pas le nier, elle se modifie tout de même avec les années.
Sexualité : ne pas confondre désir et libido
Si les seniors sont majoritairement épanouis sexuellement, la plainte de faire moins souvent l’amour est bien présente. Cette baisse des ardeurs peut s’expliquer par deux éléments distincts à ne pas confondre : la libido et le désir.
"La libido est purement hormonale", rappelle le psycho-sexologue et sexothérapeute Sébastien Landry. "Avec la ménopause, les femmes ont un arrêt des sécrétions des hormones sexuelles (œstrogènes et progestérones) tandis que les hommes enregistrent une forte diminution de leur taux de testostérone. La libido étant purement hormonale, elle chute en prenant de l’âge", explique le spécialiste.
Le désir sexuel est de son côté psychologique. "L'envie d'avoir un rapport sexuel est orientée vers quelqu'un : son compagnon ou pas. Cela peut être une personne sur qui l'on fantasme comme une célébrité, un ami… Il n’est pas forcément tourné vers le partenaire"... un risque non négligeable lorsque les années s’ajoutent au compteur du couple.
"Certains peuvent s'oublier un peu avec le temps. Une routine sexuelle s’installe. Le désir sexuel devient moins stimulant parce que les partenaires ont pris l'habitude de faire l'amour de la même façon. Comme, il n’y a plus de surprise, ils perdent un peu l’intérêt d'aller vers la sexualité". De plus, comme les hormones sont moins présentes à partir de la cinquantaine… elles parviennent moins efficacement à contrer la baisse de désir et à “revigorer les chairs”
Sébastien Landry remarque : "il y a beaucoup de séparations autour des 50, 60 ans. Quand une nouvelle relation se crée - même si la libido n'est toujours pas là puisqu'on a peu d’armes contre les baisses hormonales - l'attrait de la nouveauté et la découverte d’un autre corps permettent au désir sexuel de flamber". Toutefois, trouver un nouveau partenaire n’est pas la seule façon de réveiller la flamme.
Sex toy, massage, position : miser sur la nouveauté pour raviver la flamme
Face à une baisse de la libido, il n’y a aucun produit miracle. "Il a beaucoup été dit que la DHEA améliorait la sexualité des femmes ménopausées. Mais nous n’avons aucune preuve réelle. Cela booste un peu, car le traitement relance les hormones, mais nous ne sommes pas sûrs à 100% qu’il ait un effet sur la sexualité". Il y aurait surtout un impact psychologique, selon de nombreux spécialistes.
“Que cela soit un traitement ou même des “aphrodisiaques”, si vous êtes persuadé que cela a un effet, cela peut vous stimuler”, reconnaît le psycho-sexologue Sébastien Landry. Pour lui, la recette pour redonner des couleurs à sa vie sexuelle tient en un seul mot : la nouveauté.
"Se tourner vers les sextoys fonctionne bien parce que le couple découvre un nouveau plaisir ou une nouvelle façon de prendre du plaisir", propose l’expert. Mais, il n’est pas nécessaire de remplir votre tiroir de table de nuit de vibromasseurs, boules de geisha, godemichets et autres objets coquins.
"Le sextoy, c'est bien, mais il n'y a pas que ça. Il faut surtout briser la routine. Si, tout d'un coup, on fait l’amour en pleine nature, si on fait des massages, si l'on alterne entre rapports avec pénétration et sans pénétration. On découvre une nouvelle façon de prendre du plaisir ensemble. Et du coup, au niveau psychologique, le désir sexuel flambe. Le cerveau est un drogué du plaisir, si vous trouvez une nouvelle source, il sera redemandeur". Et le désir nourrira à nouveau l’envie de l’autre…
"Je recommande énormément la sexualité sans pénétration, surtout chez les hétérosexuels qui sont très centrés sur cette dernière. Quand vous commencez à dire : on va avoir un rapport sexuel sans pénétration, cela demande de la communication. Il faut toucher beaucoup plus le corps de l'autre, on prend son temps…. Et ça, cela stimule le désir, donne accès au plaisir et à l'orgasme", explique le sexothérapeute.
Sexto, porno audio, lecture érotique : réveiller l’imaginaire
Fantasmes, désir… on l’oublie parfois, mais le cerveau a un rôle essentiel dans la sexualité. Il ne faut donc pas hésiter à le stimuler. Mais surtout, évitez les films pour adultes ! "Le porno n’est pas recommandé pour raviver le désir, car il force le cerveau à consommer, ça ne le fait pas travailler".
Pour l’expert, il est préférable, en effet, d’activer l’imaginaire. Il recommande ainsi les lectures érotiques ou les audios X qui permettent au cerveau de créer sa propre fantasmatique, ses propres images. "N’hésitez pas à envoyer des sextos. Le fait de s'écrire stimule psychologiquement. Pour le désir sexuel, c'est extraordinaire", assure-t-il
"Il faut aussi arrêter de se mettre des freins ou de laisser la société et les croyances diriger sa sexualité. N’hésitez pas à écouter vos désirs profonds et à tester. Parce que la sexualité, c'est avant tout de la curiosité. En résumé : je n'aime pas, j'arrête ; j'aime, je creuse. Il n’y a pas d’erreur. Ce qui compte dans la sexualité, c'est le plaisir partagé. Il faut oublier les notions de performance ou encore de quantité et de qualité du rapport. Si les gens se laissent diriger par leurs désirs et leurs plaisirs, ils auront une sexualité épanouissante et agréable", martèle le psycho-sexologue Sébastien Landry.
Absence de désir sexuel : trouver l’origine
Si malgré vos efforts d’innovation, le désir sexuel n’est toujours pas au rendez-vous, il faut chercher l'origine de cette absence et trouver des solutions. Les causes peuvent être nombreuses : fatigue, douleur, maladie. Par exemple, la sécheresse vaginale complique les rapports sexuels féminins.
"À la ménopause, avec le manque d'imprégnation hormonale au niveau du vagin, les femmes peuvent ressentir des douleurs à la pénétration. Forcément, si elles ont mal, elles n'ont pas envie d'y retrouver. Et le désir sexuel va s'atténuer. Il est donc important de régler le problème de sécheresses vaginales". Au quotidien, il est possible d’utiliser des hydratants vaginaux. Et pendant les ébats amoureux, tournez-vous vers des huiles végétales comme l'huile de coco ou alors des lubrifiants achetés en parapharmacie.
Et, si les pannes sexuelles sont régulières chez monsieur, il ne faut pas avoir peur de consulter. "La dysfonction érectile n'est pas forcément associée à une baisse du désir sexuel. Elle peut être liée à une hypertrophie de la prostate. Ce n'est pas nécessairement un cancer, la prostate d'un homme grossit dès 35 ans. Si elle est trop grosse, elle peut comprimer les nerfs érecteurs et provoquer des troubles de l’érection", rappelle le spécialiste.
Il précise : "l’un des premiers signes de l’hypertrophie de la prostate, hormis les troubles érectiles, est l'envie d'uriner beaucoup plus importante. Quand un homme ressent ce besoin, notamment la nuit, il faut aller voir un urologue". Lorsque le problème de la prostate est réglé, le patient peut retrouver sa capacité érectile… et le chemin d’une vie sexuelle active.
Merci au psycho-sexologue et sexothérapeute Sébastien Landry
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