Trois à quatre hommes pour une femme. C’est le ratio établi par la CIM 10 (la dixième révision de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes) en ce qui concerne l’autisme. Le DSM 5 (la dernière et cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux et des troubles psychiatriques), quant à lui, fixe ce ratio à quatre hommes pour une femme.
Autisme : les femmes discriminées
Comment expliquer ces différences ? Plusieurs travaux scientifiques ont déjà montré que les femmes reçoivent moins fréquemment un diagnostic d’autisme que les hommes pour plusieurs raisons :
- elles établissent davantage de contacts (regard, conversation) avec le médecin par mimétisme social
- elles ont tendance à présenter des intérêts spécifiques considérés comme “normaux” pour une fille ou pour une femme
- elles sont plus fréquemment perçues comme angoissées et donc irrationnelles
Une étude publiée le 23 août 2023 dans la revue scientifique PLOS One vient de plus ajouter des preuves à cette différenciation sexiste. D’après cette étude, menée par des chercheurs de l'Université Edge Hill (Royaume-Uni), la plupart des individus manquent de connaissances sur les spécificités féminines des manifestations de l’autisme. Les chercheurs constatent par ailleurs que de nombreuses personnes associent les traits autistiques aux hommes, ce qui peut nuire au diagnostic, et donc à la prise en charge des femmes.
Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont observé 300 personnes. Parmi elles, 149 sont des hommes et 151 sont des femmes. Pendant la période d’étude, ces personnes avaient des âges compris entre 18 et 72 ans. 14 avaient déjà reçu un diagnostic d’autisme.
Autisme : des stéréotypes de genre inconscients
Les auteurs de l’étude ont demandé aux participants de catégoriser des traits autistiques en leur attribuant un prénom genré (on appelle cela un test d'association implicite) et d’évaluer le caractère autistique de plusieurs personnages en fonction de leurs paroles, des phrases issues du “quotient du spectre autistique”, un questionnaire utilisé pour le diagnostic.
Lors du test d'association implicite, durant lequel le temps de réponse a été mesuré afin de déterminer le niveau de biais inconscients sur l’autisme et le genre, les participants étaient beaucoup plus rapides à assiocer un trait autistique à un nom masculin. Cela signifie selon les chercheurs que les volontaires établissaient une association implicite entre l’autisme et le genre masculin.
“Les hommes ont 3 fois plus de chances de recevoir un diagnostic d’autisme”
En ce qui concerne le quotient du spectre autistique, lorsque les participants évaluaient une femme, ils étaient moins susceptibles de la considérer comme autiste. Cela s’observait aussi lorsqu’un homme et une femme présentaient les mêmes informations.
“Les hommes ont trois fois plus de chances de recevoir un diagnostic d’autisme que les femmes ; les femmes ont un âge de diagnostic moyen plus élevé que les hommes et sont plus susceptibles de le recevoir à l’âge adulte que les hommes”, ajoute dans un communiqué de presse le docteur en psychologie Liam Cross, l’un des auteurs de l’étude. Il conclut : “Ces facteurs peuvent contribuer à une idée reçue selon laquelle l’autisme ne concerne que les hommes, ce qui peut entraîner une discrimination systématique des femmes autistes, d’où un grand risque de non-diagnostic.”
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