happy group of friends outdoor celebrating and having fun together during a dinner in the terrace at home laughs and smil...Istock
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Medisite : Vous dites que l’apéritif est bon pour notre santé mentale, mais par quels biais ?

Yannick Descharmes : Il permet de cultiver une émotion agréable mais aussi de la joie sociale. C’est très utile en prévention, pour soutenir la santé mentale. L'apéritif est même aussi efficace que l’exercice physique ! On sécrète en effet les mêmes hormones du bien-être (sérotonine, dopamine, endorphine et ocytocine) que lorsque l’on fait du sport. C’est du plaisir pur. De plus, se retrouver autour d’un apéritif est très bon pour nos fonctions cognitives.

L’apéritif soutiendrait nos fonctions cognitives ?

Tout à fait. Notamment l’attention et la mémoire. L’attention car il faut rester ancré sur l’instant présent mais aussi concentré sur la conversation, souvent plus décousue à l'apéritif. La mémoire car on fait appel à nos propres souvenirs et on en stocke de nouveaux. L’apéritif est vraiment un moment un peu à part, unique, qui est plus intéressant à ce niveau qu'un repas.

Pourquoi l’apéritif est-il meilleur pour notre santé mentale qu’un repas partagé ?

Parce qu’il est moins codifié. C’est un rite social qui est immédiatement perçu comme un moment convivial, qui aide au lâcher-prise. On ne sait pas quand il commence ni quand il finit, il n’y pas d’ordre dans les plats, dans ce que l’on mange, le temps et le lieu sont plus libres. D’ailleurs, on peut même manger avec les doigts ! Il y a quelque chose de l’ordre de la transgression qui se révèle dans l’apéritif. En psychologie, ce sont des moments où l’on “pose son sac”.

J’aime cette expression qui dit “un fardeau est une plume quand on le porte à plusieurs”, c’est un peu ce qui se joue ici car l’apéro est en plus intergénérationnel, bien plus qu’un repas. C’est plus léger.

Un repas, surtout en France, répond à des règles. Et on ne rigole pas avec la gastronomie ! A l'apéritif on peut manger ce que l’on veut, et se tenir comme on veut. N’oublions pas que nous vivons une période et nous évoluons dans une société où l’on se sent souvent corseté, empêché, contraint. Nous avons besoin de ces espaces de liberté, et surtout de moments de liberté partagés.

Les bénéfices santé de l’apéritif proviennent de l’effet de groupe ?

En partie car l’apéritif crée du lien social. D’ailleurs qu’avons-nous fait dès le premier confinement pendant la pandémie du Covid : nous avons organisé des apéro-zoom. C’était presque vital pour nous à ce moment-là.

Quand on partage un pot de bienvenue ou un verre au travail, il y a une fonction sociale sous-jacente, celle du vivre-ensemble et un message comme “je t’accueille” par exemple.

On peut même utiliser l’apéritif pour aider les gens qui ne vont pas bien, les personnes angoissées, celles qui ont développé une phobie sociale, les proches en dépression qui ont tendance à être en repli sur elle-même. Pour toutes ces personnes, c’est bien moins engageant que de participer à un repas.

Le risque toutefois, c’est de tomber dans l’excès, non ?

L’apéritif est un outil. Ce que l’on en fait dépend de chacun.

Évidemment si le seul objectif de l’apéritif est de noyer ses angoisses dans l’alcool, cela ne fonctionne pas. Cet outil doit permettre de se rejoindre autour de comportements positifs, de valeurs, d’idées. C’est important car c’est seulement alors que la parole peut se libérer. Cela compte d’autant plus aujourd’hui que notre parole nous engage souvent plus qu’hier. A l’apéritif, il y a une certaine latéralité, une liberté d’expression supplémentaire et paradoxalement moins de polémiques.

Concernant l’alcool, on peut toujours doser ou pourquoi pas proposer un apéritif sans alcool !

Sources

Interview de Yannick Descharmes

Petite Psychologie de l’apéro (Enrick B. Editions)

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