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3h30. C’est le temps quotidien moyen que nous avons consacré à notre téléphone portable en 2023, d’après le rapport annuel du spécialiste de l’analyse de données Data.AI. C’est un fait : nous sommes biberonnés à notre smartphone (même si les Français se situent en dessous de la moyenne mondiale estimée à 5 heures par jour).

Impossible de vivre sans notre doudou connecté. En marchant, au bureau, à table, en faisant les courses, dans les transports, voire même aux toilettes… Le smartphone rythme et régit nos vies. Et il n’est pas rare qu’il devienne un sujet récurrent de tensions familiales. Dans la vie de couple, il peut aussi jouer les trouble-fête, sapant la complicité entre les partenaires, dont l’un peut se sentir délaissé.

Pour checker ses mails, passer des appels en visio, dialoguer sur ses messageries, faire ses jeux préférés ou encore vérifier son fil d’actualité Facebook… L’hyperconnexion parvient à combler le moindre interstice de liberté : notre esprit est sans cesse happé par des occupations, telle une allégorie du tonneau des Danaïdes.

Et quand enfin, nous nous détournons de l’écran du téléphone, celui-ci nous rappelle à l’ordre, semblant nous implorer à renforts de notifications et de bips.

Addiction au smartphone : un risque d’échec cognitif

Sommes-nous tous devenus dépendants à notre smartphone ? La nomophobie (terme qui désigne cette addiction au téléphone portable) n’est qu’un des revers possibles associés à cet attachement aux écrans portables. Cette habitude indécrottable se pare d’un cortège d’effets indésirables qui ont été observés par les scientifiques. Une étude parue en septembre 2022 dans la revue British Journal of Psychology a par exemple mis le doigt sur des risques pour les facultés cognitives, en favorisant des oublis, un brouillard cérébral et des difficultés de concentration.

Ces troubles de l’attention et cette agitation mentale pourraient aussi prêter le flanc au "syndrome du popcorn brain". Traduire : le syndrome du cerveau pop corn.

Cerveau popcorn : une stimulation du système de récompense cérébral

Ce phénomène sérieux, dont on parle de plus en plus dans les médias, a été initialement décrit en 2011 par David Lévy, chercheur à l'université de Washington (Etats-Unis). Il est défini par "un état mental caractérisé par des pensées éparses, une attention fragmentée et une propension de l'esprit à passer rapidement d'un sujet à l'autre, semblable à l'éclatement rapide des grains de pop-corn dans une casserole chauffée", résume le magazine Forbes.

Autrement dit, le cerveau surexcité par cet usage excessif du smartphone, abreuvé et galvanisé par le flot d’informations, deviendrait le théâtre de pensées qui fusent dans tous les sens.

La psychologue américaine Danielle Haig décortique ce cercle vicieux, dans les colonnes du magazine Glamour: "Les plateformes en ligne et les sites de médias sociaux utilisent des algorithmes qui nous fournissent un flux constant d'informations, de notifications et de divertissements, tous adaptés à nos intérêts et à nos comportements", explique-t-elle. "Cela peut entraîner une surstimulation du système de récompense du cerveau, en particulier des voies de la dopamine, qui sont associées au plaisir et à la nouveauté". Ce shot grisant de dopamine pousse à "poursuivre ce cycle de recherche et de réception de nouveaux stimuli", note l’experte.

Popcorn brain : une mémoire qui flanche et du stress a gogo

Cette soif insatiable de récompenses peut donc se traduire par une incapacité à fixer son attention sur une pensée spécifique. Un travers potentiellement lourd de conséquences. "Cela peut entraîner une réduction de la capacité du cerveau à s'engager dans une attention profonde, ciblée et soutenue - des compétences qui sont cruciales pour l'analyse complexe et la pensée critique", analyse-t-elle. A terme, ce syndrome pourrait affecter "l’apprentissage, la mémoire et la régulation émotionnelle", met en garde la thérapeute.

Le bien-être émotionnel, la productivité au travail et les relations sociales (avec une moindre écoute des autres par exemple) peuvent aussi être entachés. « Le besoin constant de stimulation et de gratification immédiate peut entraîner une diminution de la patience et de la persévérance, ce qui rend plus difficile la réalisation d'objectifs à long terme", ajoute-t-elle.

Sans compter l’augmentation des niveaux de stress et d’anxiété : "l'incapacité à se déconnecter peut entraver la relaxation et les processus mentaux réparateurs, contribuant ainsi à un cycle d'engagement mental constant et d'épuisement professionnel."

Comment prévenir le pop corn cérébral ?

Heureusement, il est possible de ne pas glisser dans cet engrenage en déployant quelques parades. La détox numérique (se couper des écrans), la pratique de la méditation de pleine conscience, les activités en pleine nature ou encore le sport font partie des techniques salutaires qui aident à canaliser ses pensées, à abaisser le niveau de stress et à se reconnecter… à soi et à l’instant présent.

Sources

https://www.glamourmagazine.co.uk/article/popcorn-brain

https://www.forbes.com/sites/traversmark/2024/04/04/a-psychologist-explains-the-rise-of-popcorn-brain/

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