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L'épidémie de pneumonie virale, qui a débuté en Chine (Wuhan), fait de plus en plus de ravages. D’abord la Chine, puis la Thaïlande, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie, les États-Unis, la France et désormais l’Allemagne, la Belgique, l’Italie, l’Espagne ou encore les Emirats Arabes Unis… La liste des pays contaminés par le Coronavirus (COVID-19) ne cesse de s’allonger. À ce jour, on recense 76 775 personnes infectées dans le monde et 2 247 décès.

Le 10 janvier dernier, le ministère de la Santé et Santé publique France ont fait parvenir aux agences régionales de santé et aux sociétés savantes (urgentistes, SAMU, infectiologues) des fiches de conduite à tenir. En outre, des fiches conseils aux voyageurs dans les pays touchés par le virus ont été mises à jour.

"En cas de symptômes d’infection respiratoire (fièvre, toux, difficultés respiratoires), il est recommandé de mettre un masque et de consulter dans un hôpital public localement et rapidement en prenant les précautions d’usage pour ne pas contaminer l’entourage", recommande le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

En France, les masques ont désormais le vent en poupe face à la panique générale que provoque le coronavirus. De plus en plus de pharmacies font face à des ruptures de stock, et les recherches sur internet sont à leur apogée. Mais sont-ils vraiment efficaces ? À quel moment les envisager ? Comment les choisir ? Réponse avec le Pr Stéphane Gayet, infectiologue et hygiéniste au CHU de Strasbourg.

Coronavirus : comment le virus peut-il se transmettre ?

"Les premiers cas recensés sont des personnes s’étant rendues directement sur le marché de Wuhan [fermé depuis le 1er janvier, ndlr] : l’hypothèse d’une zoonose (maladie transmise par les animaux) est donc privilégiée. La transmission interhumaine est aujourd’hui avérée", indique la plateforme mise en place par le gouvernement français. Le délai d’incubation du virus est de 14 jours maximum.

"Les coronavirus, comme tous les virus respiratoires, sont transmis d’une personne à une autre par la toux et, à moindre degré, la parole", nous explique le Pr Stéphane Gayet.

"Ils sont également transmis par les mains, mais le circuit est alors plus complexe : je tousse et je mets ma main devant ma bouche, ce qui la contamine ; ensuite, je serre la main à une personne qui met ensuite sa main à sa bouche. On considère que la voie de transmission manuportée est quantitativement au moins aussi importante que la voie respiratoire".

À partir de quelle distance une personne peut-elle contaminer les autres ?

"On considère que tous les microorganismes infectieux respiratoires, qu’ils soient bactériens ou viraux, sont transmis par des microgouttelettes (G). De surcroît, cinq microorganismes peuvent en plus être transmis par des microparticules aéroportées (A) : il s’agit des virus de la rougeole, de la varicelle et du zona, des coronavirus, du bacille tuberculeux et du bacille de la lèpre", nous partage l’infectiologue.

"Dans le cas de la transmission respiratoire, ce sont des microgouttelettes aussi appelées droplets (symbole G) qui contaminent, complète le Pr Gayet. Comme leur nom l’indique, elles sont invisibles car microscopiques. Leur diamètre va de 5 à 150 microns ou millièmes de millimètre".

"Les microgouttelettes (G) ont une portée maximale de 1,5 à 2 mètres. Elles sont denses et chutent très rapidement, ne pouvant rester en suspension dans l’air durablement, sauf dans le cas où l’air est très sec", met en garde l’expert. Elles contaminent ainsi les personnes en s’impactant sur leurs yeux, leurs narines et leurs lèvres. Elles peuvent aussi s’impacter sur leurs joues et être ensuite déplacées sur une muqueuse du visage par un doigt.

"Les microparticules aéroportées (A) ont une portée de plusieurs mètres. Elles sont très peu denses, légères et restent en suspension dans l’air durablement (plusieurs heures)".

Port du masque : devez-vous l’envisager ?

Port du masque : devez-vous l’envisager ?© Istock

"Le port du masque chirurgical est recommandé pour les personnes qui ont séjourné en Chine pendant les 14 jours suivant leur retour et pour les malades symptomatiques pour éviter de diffuser la maladie par voie aérienne", préconise le gouvernement français.

"Si vous êtes en bonne santé, vous ne devez utiliser un masque que si vous vous occupez d’une personne présumée infectée par le Covid-19", rapporte de son côté l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Néanmoins, le masque n’exonère pas d’une désinfection de main fréquente avec une solution hydroalcoolique ou d'un lavage avec eau et savon. Sans une hygiène irréprochable, il ne vous sera d’aucun secours.

Le masque, peut-il vous prémunir contre le coronavirus ?

"Il n’existe pas véritablement de ‘masque anti-coronavirus’, pas plus que de masque ‘anti-virus’ d’une façon générale", rapporte le Pr Stéphane Gayet.

"On parle d'actions antiprojections, car ils arrêtent les microgouttelettes émises par le porteur malade. En revanche, ils protègent mal le porteur sain des microparticules aéroportées émises par une personne malade en vis-à-vis, parce qu’elles sont trop fines".

Or, les coronavirus sont considérés comme des virus pouvant être émis sur des microparticules aéroportées (A). C’est dire que les masques dits "antiprojections"(médicaux, de soins, ou encore chirurgicaux) ne protègent pas bien des coronavirus ceux qui les portent et qui sont supposés sains. Ils diminuent simplement le flux de microparticules aéroportées émis par celui qui le porte s’il est infecté par le coronavirus.

En somme, le port de masque par la population non malade et n’ayant pas voyagé n’est pas recommandé. "Son efficacité n’est pas démontrée", ajoute le gouvernement. Le masque ne vous protégera pas contre le coronavirus. En revanche, si vous êtes infecté, le masque peut vous éviter dans une certaine mesure de contaminer d’autres personnes.

Masque anti-coronavirus : lequel choisir et où se le procurer ?

Masque anti-coronavirus : lequel choisir et où se le procurer ?© Istock

"Beaucoup de masques vendus dans le commerce général sont peu ou pas efficaces vis-à-vis des microorganismes. Seuls les masques ayant la qualification de masques dits ‘antiprojections’ (médicaux, de soins ou encore chirurgicaux) sont efficaces", estime le Pr Stéphane Gayet.

En fait, pour réellement protéger une personne face à un aérosol de microparticules aéroportées (A), il faut qu’elle porte, non pas un masque antiprojections, mais un appareil dit "de protection respiratoire", avec la qualification au minimum FFP1, voire FFP2.

Il est préconisé d’acheter le masque en pharmacie ou parapharmacie. Vous aurez ainsi la garantie de sa conformité (norme NF EN 14683) et pourrez bénéficier des conseils du pharmacien, notamment sur le port du masque.

Il n’est pas conseillé de vous procurer les masques sur internet, et surtout sans la mention NF EN 14683. Leur efficacité n’est pas garantie.

Comment mettre et enlever un masque anti-coronavirus ?

Pour éviter de propager le virus, il est essentiel de connaître les bons gestes et de savoir comment utiliser le masque. Les recommandations de l’OMS :

  • Avant de mettre un masque, frictionnez-vous les mains avec une solution hydroalcoolique ou lavez-vous les mains à l’eau et au savon ;
  • Appliquez le masque de façon à recouvrir le nez et la bouche et veillez à l’ajuster au mieux sur votre visage
  • Lorsque vous portez un masque, évitez de le toucher. Chaque fois que l’on touche un masque usagé, il faut frictionner les mains à l’aide d’une solution hydroalcoolique ou à l’eau et au savon ;
  • Lorsqu’il s’humidifie, remplacez votre masque par un nouveau et ne réutilisez pas des masques à usage unique
  • Pour retirer le masque : enlevez-le par derrière (ne touchez pas le devant du masque), jetez-le immédiatement dans une poubelle fermée et frictionnez-vous les mains avec une solution hydroalcoolique ou à l’eau et au savon.

"Il est important de préciser qu’un masque a une durée d’efficacité limitée à quelques heures, prévient le Pr Stéphane Gayet. Car son média filtrant se sature de particules et de microgouttelettes d’eau chargées d’impuretés".

Sources

Merci au Pr Stéphane Gayet, infectiologue, hygiéniste au CHU de Strasbourg, interviewé le 20 février 2020

Nouveau coronavirus (2019-nCov) : conseils au grand public – Quand et comment utiliser un masque ?, OMS

Coronavirus, le point sur la situation, Gouvernement

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