Faut-il se faire vacciner contre les infections à pneumocoque ?Istock
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Les infections à pneumocoque (méningite, septicémies à pneumocoque mais aussi pneumonie) ne sont pas réservées qu’aux enfants. La vaccination non plus. Si la vaccination généralisée ne concerne que les bébés, les adultes à risque ont aussi tout intérêt à se prémunir du pneumocoque.

Qui sont ces adultes dits “à risque” ? Les personnes immunodéprimées, les diabétiques, les personnes en insuffisance cardiaque ou respiratoire, les malades atteints de BPCO, d’emphysème, d'asthme sévère, de maladie chronique du foie, de syndrome néphrotique ou d’insuffisance rénale… pour ne citer qu’une partie de celles et ceux qui doivent redoubler de vigilance face à ce type d’infection. Comme une mauvaise nouvelle arrive rarement seule : ces mêmes personnes à risque sont aussi plus susceptibles d’attraper ces maladies (le risque d’attraper une infection à pneumocoque est alors multiplié par quatre).

Des infections dangereuses pour les plus fragiles

D’après Santé Publique France, ces infections touchent le plus souvent les jeunes enfants, les personnes âgées et les personnes atteintes de maladies chroniques ou qui suivent un traitement qui diminue leurs défenses immunitaires contre les infections. La mortalité des infections à pneumocoques varie de 10 à 30 % selon les études et augmente avec l’âge et la présence de facteurs de risque.

C’est simple, en France, les pneumocoques sont la première cause de pneumopathie bactérienne communautaire et de méningite bactérienne chez l’adulte. Autant dire que dans ces conditions, la vaccination est une solution préventive dont il est dommage de se passer. Pourtant, les chiffres des dernières enquêtes parues sont alarmants : seulement 4,5 % des personnes adultes à risque étaient à jour de leur vaccination contre le pneumocoque en 2018. Plus ennuyeux encore, une étude menée par des équipes françaises de l’hôpital du Kremlin-Bicêtre et d’une unité Inserm de Montpellier, parue dans la revue scientifique Vaccine en août 2022 montre que la vaccination contre les infections à pneumocoque décroît chez les personnes à risque alors même que le nombre de personnes à risque augmente.

Si vous faites partie de ces catégories à risque, votre médecin traitant ou le médecin spécialisé qui vous suit dans le cadre de votre pathologie pourra vérifier votre calendrier vaccinal et vous proposer, si besoin, une injection. Dans ce cadre, le vaccin est entièrement remboursé.

Une meilleure immunité collective ?

En France, il n’y a pas d'obligation vaccinale pour les seniors (sauf s’ils appartiennent à la catégorie de personnes à risque comme expliqué plus haut), pourtant le risque d’infection invasive à pneumocoque (IIP) augmente avec l’âge puisqu’il est est multiplié par trois entre 50 à 59 ans, par cinq entre 70 à 79 ans et par douze après 80 ans par rapport aux adultes âgés de 15 à 49 ans.

C’est d'autant plus regrettable pour les résidents des EHPAD, où l’incidence des infections à pneumocoque est dix fois plus élevée que chez les personnes du même âge qui vivent encore à leur domicile. Les dernières données chiffrées avaient en outre noté une meilleure protection, “chez les adultes et les personnes âgées (diminution de plus de 40% de ces maladies), grâce à l’immunité de groupe (protection de l’entourage) conférée par la vaccination des enfants”.

Moins de personnes vaccinées, plus d'antibiorésistances ?

Dernier argument en faveur d’une vaccination contre les infections à pneumocoque chez les adultes, notamment les plus fragiles : elle diminue le recours aux antibiotiques (une fois la maladie déclarée) et donc de fait l’antibiorésistance. Or l’antibiorésistance risque d’être la prochaine pandémie selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Réussir à améliorer la couverture vaccinale contre les infections à pneumocoques pourrait, au moins pour les personnes âgées les plus fragiles, diminuer nettement les complications liées à ces maladies qui peuvent être graves. D’autant que l’Assurance Maladie rappelle que “L'antibiorésistance bactérienne est une cause de mortalité, particulièrement chez les personnes fragiles : personnes âgées, nouveau-nés, femmes enceintes, personnes immunodéprimées, atteintes d'une maladie chronique, ou hospitalisées.”

Sources

https://vaccination-info-service.fr/

Santé Publique France

Wyplosz B et al. Pneumococcal and influenza vaccination coverage among at-risk adults:A 5-year French national observational study. Vaccine. 2022;40(33):4911-21. 3 Supplementary data 1. pp. 1-140

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