La pandémie de coronavirus (SAR-Cov-2), qui a débuté en Chine (Wuhan) il y bientôt un an, n'a pas fini d'agiter le monde entier. En France, une deuxième vague - ou un rebond de l'épidémie - se fait sentir depuis la fin de l'été.
Pour faire face à la menace de cette pneumonie virale, le ministère de la Santé et Santé publique France avaient fait parvenir aux agences régionales de santé et aux sociétés savantes (urgentistes, SAMU, infectiologues) des fiches de conduite à tenir, dès le début de l'année dernière - alors que l'Italie commençait à être particulièrement touchée par le virus.
Des fiches conseils aux voyageurs dans les pays touchés par le virus avaient également été mises à jour. "En cas de symptômes d’infection respiratoire (fièvre, toux, difficultés respiratoires), il est recommandé de mettre un masque et de consulter dans un hôpital public localement et rapidement en prenant les précautions d’usage pour ne pas contaminer l’entourage", recommandait ainsi le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.
Coronavirus : les pays où vous avez plus de risque de le contracter
Votre pays de résidence influence clairement votre risque d’infection. Si la population chinoise était la plus touchée au début de la pandémie, cela n'est plus le cas aujourd'hui. Désormais, ce sont les États-Unis, l'Inde et le Brésil qui se placent en tête de ce classement, pour le moins funeste.
En Europe, ce sont la France (désormais cinquième au classement mondial), l'Espagne et le Royaume-Uni qui enregistrent le plus de cas. C'est la raison pour laquelle notre gouvernement a peu à peu durci les mesures (port du masque obligatoire dans les lieux publics et en entreprise, traçage systématique des cas contacts, multiplication des tests de dépistage, fermeture des bars à 22h dans les grandes villes...), jusqu'à finalement reconfiner le pays, dans l'espoir de limiter la propagation du SARS-CoV-2.
"Les lieux où les risques de contagion sont les plus élevés sont ceux où il existe la plus forte densité humaine et où il existe le mélange le plus diversifié d'individus", nous explique le Pr Stéphane Gayet, infectiologue et hygiéniste au CHU de Strasbourg.
Quels sont, plus précisément, les lieux ou le risque de transmission est maximal ? Réponses du Pr Stéphane Gayet dans notre diaporama.
Tableau : nombre de clusters enregistrés en France, par lieux
Santé Publique France
Coronavirus : comment se transmet le virus ?
"Les premiers cas recensés sont des personnes s’étant rendues directement sur le marché de Wuhan : l’hypothèse d’une zoonose (maladie transmise par les animaux) est donc privilégiée. La transmission interhumaine est aujourd’hui avérée", indique la plateforme mise en place par le gouvernement français, dédiée au coronavirus. Le délai d’incubation est de 14 jours maximum - mais, la plupart du temps, il est de 3 à 5 jours.
À partir de quelle distance une personne peut-elle en contaminer d’autres ?
Tous les microorganismes infectieux respiratoires (qu’ils soient bactériens ou viraux), sont transmis par des micro-gouttelettes de salive (G). De surcroît, cinq microorganismes peuvent en plus être transmis par des microparticules aéroportées (A) : il s’agit des virus de la rougeole, de la varicelle et du zona, des coronavirus, du bacille tuberculeux et du bacille de la lèpre.
"Dans le cas de la transmission respiratoire, ce sont des microgouttelettes aussi appelées droplets (symbole G) qui contaminent, complète le Pr Gayet. Comme leur nom l’indique, elles sont invisibles car microscopiques. Leur diamètre va de 5 à 150 microns ou millièmes de millimètre".
"Les micro-gouttelettes (G) ont une portée maximale de 1,5 à 2 mètres. Elles sont denses et chutent très rapidement, ne pouvant rester en suspension dans l’air durablement, sauf dans le cas où l’air est très sec", met en garde l’expert. Elles contaminent ainsi les personnes en affectant leurs yeux, leurs narines et leurs lèvres. Elles peuvent aussi s’impacter sur leurs joues et être ensuite déplacées sur une muqueuse du visage par un doigt.
"Les microparticules aéroportées (A) ont une portée de plusieurs mètres. Elles sont très peu denses, légères et restent en suspension dans l’air durablement (plusieurs heures)".
Entreprise : le lieu n°1 des contaminations
D'après les données officielles, c'est au sein des entreprises que l'on recense le plus grand nombre de "clusters" (24,9 %). Un cluster est un foyer de contamination, c'est-à-dire un groupe de personnes infectées.
A la fac comme à l'école, la contagion est possible
Pas moins de 19,5 % des clusters ont été enregistrés dans les facs ou le milieu scolaire, selon les chiffres de Santé Publique France. "À l'école, le risque est lié au type de personnes, explique le Pr Stéphane Gayet. Les enfants parlent, crient, chantent, toussent et éternuent souvent sans retenue, ce qui augmente leur éventuelle contagion".
Cercle familial et amical : gare aux repas de famille !
Mariages, anniversaires, repas de famille, apéros... 18 % des clusters ont été enregistrés dans le cercle familial ou amical.
Attention si vous prenez les transports en commun
Comme expliqué par Stéphane Gayet, les lieux où les risques de contagion sont les plus élevés constituent ceux où il y a une importante densité humaine et où il existe le mélange le plus diversifié d'individus.
Ce n'est donc pas pour rien que l'infectiologue nous met en garde contre les transports en commun. "Ce sont essentiellement les transports en commun urbains et suburbains comme le métro, le bus et le RER", qui vous exposent au risque de contamination, d'après l'expert.
Et pour cause selon les chiffres du réseau RATP, en 2011, le métro parisien a transporté environ 4,13 millions de voyageurs par jour (1,506 milliard par an) sur ses 219 km de lignes. En moyenne, le métro de Paris transporte 4,05 millions de passagers chaque jour.
D'où l'importance de bien porter votre masque, sur le nez et sur la bouche, et de vous laver les mains en sortant des transports.
Les salles d'attente : les risques sont élévés
Qu'il s'agisse de celle de votre ophtalmo, esthéticienne, mais surtout celle de votre médecin ou de l'hôpital, les salles d'attente sont, elles aussi, des lieux à risque élevé, selon le Pr Stéphane Gayet.
C'est d'ailleurs pour cette raison que l'Agence Régionale de Santé préconisait aux patients d'appeler le 15 en cas de doute, afin d'éviter d'encombrer les urgences ou de contaminer la salle d'attente de son médecin traitant. Les médecins du service régulateur sont en mesure d'effectuer un questionnaire précis afin d'évaluer la situation. Si le patient en ligne semble en effet victime du coronavirus, il sera pris en charge directement et ses proches examinés.
Notez aussi qu'un grand nombre de clusters a été enregistré dans les établissements de santé en général, mais aussi dans les établissements sociaux d'hébergement et d'insertion, et dans les établissements pour personnes handicapées.
Soyez prudent si vous sortez au restaurant
Dans la mesure ou les restaurants, discothèques (fermés actuellement) et bars sont souvent bondés et réunissent souvent une densité humaine riche, on ne peut ignorer le risque de contagion.
Néanmoins, le restaurant chinois ne représente pas un risque plus grand que les autres établissements pour le coronavirus. En effet, le danger n'est pas lié à la nourriture, mais à la densité humaine.
"De plus le restaurant chinois est au contraire peu dangereux, selon les propos du Pr Stéphane Gayet. Car les personnes qui y travaillent sont très averties et leur intérêt est d'observer au mieux les règles de prévention".
À Nice, le restaurant vegan Paperplane, a déjà décidé de fermer ses portes et d'appliquer le principe de précaution.
"L’équipe de @paperplanenice annonce ce soir sa décision d’appliquer le principe de précaution face à la menace imminente du coronavirus sur Nice et autres villes proches de l’Italie", a annoncé l'établissement via son compte Instagram.
"Nous avons choisi la sagesse face à cette triste menace qui malheureusement nous concerne tous et donc de fermer nos portes pour une durée indéterminée qui sera mise à jour en fonction de la situation. C’est un choix de protection envers nous mêmes, nos employés et notre clientèle".
Supermarché : le risque est maximal à la caisse !
"Au supermarché, le risque dépend de l'affluence", nous partageait le Pr Stéphane Gayet, au début de l'épidémie. "Il est très variable. Il est maximal dans les files d'attente, notamment celles pour passer en caisse".
Depuis, le port du masque obligatoire dans les lieux publics a toutefois diminué les risques de transmission au supermarché, à condition qu'il soit bien respecté.
En outre, les files d'attente sont dangereuses de manière générale. "Partout où il y a une ruée dans un commerce [liquidation, ouverture, avant fermeture, ndlr], votre risque augmente", poursuit le spécialiste.
Les coronavirus, comme tous les virus respiratoires, sont transmis d’une personne à une autre via la toux et, à moindre degré, la parole. Dans une file d'attente, il est donc fort probable d'être exposé à la maladie.
"Les virus sont également transmis par les mains : je tousse et je mets ma main devant ma bouche, ce qui la contamine ; ensuite, je serre la main à une personne qui met ensuite sa main à sa bouche. On considère que la voie de transmission manuportée est quantitativement au moins aussi importante que la voie respiratoire", détaille encore l'hygiéniste.
Coronavirus : les symptômes qui doivent alarmer
Merci à Stéphane Gayet, infectiologue et hygiéniste au CHU de Strasbourg
Questions fréquentes sur les nouveaux coronavirus, OMS, 23 février 2020
Informations professionnels de santé coronavirus, Ministère de la Santé, 23 février 2020
Coronavirus, le point sur la situation, Gouvernement
Fac, bureau, maisons de retraite… où attrape-t-on vraiment le Covid-19 ?, Le Parisien, 8 octobre 2020.
Covid-19 : Point épidémiologique hebdomadaire du 08 octobre 2020, Santé Publique France.
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