Aujourd’hui, la menace du coronavirus a pris une autre dimension. Tandis que toute la péninsule italienne est placée en quarantaine depuis lundi soir, 3 661 cas de coronavirus sont actuellement confirmés en France, ainsi que 79 décès. Pour freiner la propagation de ce virus, Emmanuel Macron vient d’annoncer la fermeture des crèches, écoles, collègues, lycées et universités dès le lundi 16 mars prochain.
Si le danger du coronavirus concerne tout particulièrement les personnes âgées, les plus jeunes ne sont pas épargnées. Selon les autorités, les jeunes patients peuvent aussi contracter des formes graves de la maladie. Jeudi soir, dans son discours, le chef d’Etat a mentionné une "deuxième vague" de l’épidémie, qui toucherait non seulement les seniors, mais surtout des personnes plus jeunes.
"Sur le terrain, on a déjà cette impression-là, quand on compare avec les chiffres chinois ou italiens, ou même avec la grippe, affirme Gille Pialoux, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Tenon au micro d'Europe 1. On s’aperçoit dans les services de réanimation, à Paris, comme dans l’Est de la France qu’il y a des sujets jeunes qui n’ont pas de comorbidité". Explications dans notre diaporama.
Les formes aigües de l’infection menacent aussi les "jeunes"
À cause de ses similitudes avec la grippe, de nombreuses personnes avaient tendance à réduire le coronavirus à un simple syndrome grippal. Or, plusieurs informations et études nous poussent à nous y méfier davantage.
La mortalité par le coronavirus augmente, certes, avec l’âge, démontrait une analyse complète, publiée le 17 février par les autorités chinoises, puis le 24 dans la revue médicale américaine Jama. Jusqu’à 39 ans, le taux de mortalité ne dépasse pas les 0,2 %. Quant aux patients âgés de plus de 80 ans, leur risque de décès exploserait jusqu’à 14,8 %.
Néanmoins, une autre étude chinoise, parue le 28 février dernier, avait démontré que le Covid-19 pouvait toucher toutes les classes d’âge, et de façon sérieuse. Les formes aigües de l’infections peuvent bien mettre en danger les patients plus jeunes. "Il ne suffit pas [pour développer une forme grave du coronavirus] d’avoir une pathologie et plus de 75 ans", avertit encore Gilles Pialoux.
"Ce n’est pas une grippette"
De son côté, Jérôme Salomon, directeur général de la Santé a mis en garde la population à ce sujet lors d’une conférence de presse le 10 février dernier. "Ce n'est pas une grippette, il peut donner des formes graves sur des personnes pas si âgées que ça", expliquait-il.
Pour rappel, en Italie, le premier patient infecté était un homme de 38 ans, décrit comme "sportif et en bonne santé". Actuellement, il serait toujours en réanimation.
"On nous prépare au pire"
"Mais nous sommes mieux organisés que l’Italie, semble dire une interne en chirurgie à Lapeyronie - CHU de Montpelier, interviewée par Medisite. On a deux fois plus de lits". Cette dernière est réquisitionnée aux Urgences pour faire face à la propagation du coronavirus et à la hausse du nombre de cas. Elle mentionne un certain nombre de "patients jeunes, âgés de 30 à 40 ans, hospitalisés et dans un état grave".
Appliquant le niveau 1 du plan blanc, l'établissement a décidé de rapatrier à Lapeyronie le service des maladies infectieuses, jusqu’alors à l’hôpital Saint-Eloi. La décision a été prise alors que de nombreux indicateurs montraient "que le nombre de patients contaminés pourrait augmenter dans les prochains jours", rapportait également Thomas Le Ludec, le directeur du CHU de Montpellier, interrogé par Midi Libre.
"On nous prépare au pire, poursuit l’interne. Pour l’instant, tous les services de l’hôpital ont été libérés pour attendre les prochains malades. À ce jour, seul le service Maladies Infectieuses est plein. Les autres sont vides, en attente des prochains patients. Ils ferment même certains services pour en faire des garderies pour les enfants du personnel, afin que les employés de l’hôpital puissent venir travailler malgré les fermetures des écoles".
Selon cette source, toutes les opérations non urgentes sont désormais annulées.
Le coronavirus touche plus de jeunes que la grippe !
Au début de l’épidémie, les virologues ont comparé le Covid-19 aux maladies déjà connues, comme la grippe saisonnière, dont les formes les plus graves concernent généralement les personnes âgées. Or, selon plusieurs nouvelles études et selon les dires des autorités, le coronavirus semble se distinguer : seulement la moitié des morts ont plus de 75 ans, contre 86 % pour la grippe. L’aggravation pourrait se faire brutalement entre le septième et le dixième jour après l’apparition des symptômes. En outre, le passage en réanimation dure généralement une vingtaine de jours, contre trois ou quatre pour la grippe.
Certes, parmi les patients du coronavirus, on retrouve majoritairement des patients âgés, soutient l’interne en chirurgie du CHU de Montpelier. "Mais par rapport à la grippe, il y a effectivement plus de jeunes patients", alerte cette dernière.
Coronavirus des "jeunes" patients en réanimation, sans antécédent
"Comme pour beaucoup de maladies infectieuses, les personnes souffrant de maladies chroniques [hypertension, diabète… ndlr], les personnes âgées, fumeuses ou fragiles présentent un risque plus élevé", estime le gouvernement. Dans les cas les plus sérieux, le coronavirus peut entraîner le décès du patient. Le taux moyen de mortalité avoisine les 2,3 % pour ce virus.
"Jusqu’à présent, les personnes âgées et les patients déjà atteints d’autres maladies (comme l’hypertension artérielle, les maladies pulmonaires, le cancer, le diabète ou les cardiopathies) semblent être gravement atteintes plus souvent que les autres", partage l’Organisation Mondiale de la Santé.
Or, plusieurs sources mettent en garde les populations plus jeunes. Gille Pialoux, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Tenon explique au micro de Europe 1 que certains patients relativement jeunes auraient été admis en réanimation dans l’Est de la France ainsi qu’en région parisienne. Contre attente, ces patients n’étaient pas considérés comme "à risque". Pas de maladie chronique à signaler, ni de pathologie.
Au CHU de Montpelier, il y aurait aussi des "hommes entre 30 et 40 ans en réanimation", nous indique une interne. Leur cas semble sérieux. Encore une fois, ces patients seraient sans antécédent particulier.
Italie : les plus âgés ne seraient plus soignés pour "laisser la place" aux plus jeunes
En Italie, le chaos semble s’installer. L’épidémie arrive à un stade où elle contraindrait les soignant à "trier" les patients, d’après nos confrères de France Info sur place.
"Il y a 733 personnes en thérapie intensive ce soir (lundi 9 mars) dans les hôpitaux italiens, c'est-à-dire qu'elles ont besoin d'appareils d'assistance respiratoire, or, il n'y a pas autant d'appareils, notamment dans le nord du pays", explique le journaliste Alban Mikoczy, en direct depuis Rome (Italie).
Une soignante désemparée expliquait avoir à choisir parmi tous ses patients. "Une note est sortie aujourd'hui. Un cabinet de groupe d'experts de médecins en réanimation donne 15 critères dans lesquels choisir les personnes vers qui il faut orienter les soins. Les patients ont-ils des antécédents pulmonaires ? L'âge intervient aussi. Il est écrit qu'il vaut mieux privilégier les personnes plus jeunes plutôt que les personnes âgées. Cela fait beaucoup débat en Italie", précise le reporter.
Coronavirus : peut-on rechuter ?
Vidéo : Coronavirus : peut-on l'attraper deux fois ?
 Les plus jeunes aussi menacés par les formes aiguës du coronavirus ? "C’est déjà une réalité sur le terrain", Europe 1, 13 mars 2020
Italie : le choix déchirant des médecins, France Info, 9 mars 2020
Coronavirus : le CHU de Montpellier s'organise face au risque d'afflux de malades, Midi Libre, 11 mars 2020
Characteristics of and Important Lessons From the Coronavirus Disease 2019 (COVID-19) Outbreak in China, Jama, 24 février 2020
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