La maladie de Parkinson est la deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente après la maladie d’Alzheimer. En France, en 2020, près de 26 000 nouveaux cas ont été diagnostiqués, précise le site de l’Assurance maladie. Avec le vieillissement de la population, son incidence devrait augmenter. L’Inserm estime qu’en 2030, le nombre de cas devrait avoir doublé par rapport à 2015.
Maladie de Parkinson : la dégénérescence des neurones à dopamine
Le développement de la maladie de Parkinson est causé par la mort de certains neurones : les neurones à dopamine. En présence de la maladie, les cellules nerveuses dégénèrent progressivement dans la "substance noire" du cerveau (ou locus niger), dans le système nerveux central. Pour rappel, la dopamine est un neurotransmetteur qui intervient dans plusieurs fonctions comme le contrôle moteur (mouvements volontaires), l’attention ou la motivation.
Chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, la quantité de dopamine dans le cerveau s’appauvrit au fil du temps, laissant peu à peu apparaître des troubles neurologiques, comme des tremblements involontaires, des mouvements lents et des raideurs musculaires.
Parkinson : des patients asymptomatiques pendant des années
La maladie de Parkinson est une pathologie chronique qui évolue à bas bruit et de façon insidieuse. Chez les patients touchés par la maladie, les premiers symptômes peuvent mettre plusieurs années à apparaître. "Les patients sont asymptomatiques jusqu’à ce que 50 à 70 % des neurones à dopamine soient détruits", précise encore l’Inserm.
Il n’existe à ce jour aucun traitement pour soigner la maladie. Les thérapies disponibles aident uniquement à soulager les principaux symptômes et à aider les patients à vivre le mieux possible avec la maladie.
Le dépistage précoce de la pathologie, en repérant tôt la maladie avant qu’elle ne s’aggrave, constitue un enjeu important pour améliorer la prise en charge et la qualité de vie des patients.
Quatre désordres intestinaux associés à la maladie de Parkinson
Une nouvelle étude, parue le 24 août 2023 dans la revue Gut, amène une nouvelle piste de réflexion, dans l’espoir d’anticiper la maladie avant que les neurones ne soient gravement endommagés.
Les chercheurs du département de médecine de la Mayo Clinic, en Arizona (Etats-Unis) avancent que, dans certains cas, des troubles intestinaux pourraient constituer des signes d’alerte précoce de la maladie de Parkinson.
Plus précisément, les scientifiques ont identifié quatre problèmes intestinaux, qui pourraient parfois être associés à un diagnostic plus élevé de la maladie de Parkinson : la constipation, la difficulté à avaler (dysphagie), la gastroparésie (un trouble fonctionnel digestif caractérisé par un ralentissement de la vidange gastrique) et le syndrome de l’intestin irritable (colopathie fonctionnelle).
Un risque doublé en cas de constipation
Pour les besoins de l’étude, les chercheurs ont épluché les dossiers médicaux américains de 24 624 personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Ils les ont comparés à ceux de 19 046 personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.
Au terme de leurs analyses, ils ont découvert que la gastroparésie et la constipation étaient associées à un risque plus que doublé de développer la maladie de Parkinson, au cours des cinq années précédant le diagnostic. Le syndrome de l'intestin irritable sans diarrhée était associé à un risque plus élevé de 17 %, précise l’étude.
En revanche, ni les maladies inflammatoires de l'intestin ni la vagotomie (ablation de tout ou partie du nerf vague) n'ont été liées à un risque accru de maladie de Parkinson.
D'autres problèmes intestinaux, notamment la dyspepsie fonctionnelle (impression de mal digérer, sensation de brûlure ou de plénitude de l'estomac), le syndrome de l'intestin irritable accompagné de diarrhée, mais aussi la diarrhée accompagnée d'incontinence fécale, étaient également plus fréquents chez les patients diagnostiqués de la maladie de Parkinson.
Vers un dépistage précoce de la maladie de Parkinson
Selon les scientifiques, comprendre les causes de ces troubles intestinaux pourrait œuvrer à un meilleur dépistage et une prise en charge précoce de la maladie de Parkinson.
Ces observations doivent néanmoins être prises avec précaution, selon les auteurs. Cette étude n’établit aucune relation de cause à effet. Plusieurs limites peuvent lui être reprochées, notamment quant à la complétude des informations saisies dans les dossiers médicaux électroniques, ayant servi d’outils d’analyse.
Par ailleurs, soucieux d’éviter tout risque d’amalgame, les chercheurs prennent soin de préciser que souffrir de troubles gastro-intestinaux ne signifie pas qu’on est forcément atteint de la maladie de Parkinson.
Reste que "cette étude est la première à établir des preuves observationnelles substantielles que le diagnostic clinique, non seulement de la constipation, mais aussi de la dysphagie, de la gastroparésie et du syndrome du côlon irritable sans diarrhée, pourrait (…) prédire le développement de la maladie de Parkinson", détaillent les chercheurs américains, dans un communiqué. Et de conclure : "Ces résultats justifient la vigilance à l'égard des syndromes [gastro-intestinaux] chez les patients présentant un risque élevé de maladie de Parkinson".
Plus largement, ces travaux mettent en lumière une fois de plus la relation complexe et nébuleuse entre l’intestin et le cerveau. Ils montrent, sans qu’on ne le comprenne bien ni dans quelle mesure, que la santé de l’intestin (système nerveux entérique) et la santé cérébrale s’influencent mutuellement.
https://gut.bmj.com/content/early/2023/07/12/gutjnl-2023-329685
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