Parmi les maladies rhumatismales, la polyarthrite rhumatoïde est certainement l’une de celles qui a fait l’objet du plus grand nombre de progrès scientifiques au cours des vingt dernières années. Dans une étude publiée dans la revue APL Bioengineering le 5 novembre 2024, des scientifiques se sont intéressés au lien possible entre cette maladie inflammatoire et l’ostéoporose. Pour y parvenir, ils ont étudié l'apoptose, la mort cellulaire programmée. Un processus par lequel des cellules déclenchent leur autodestruction en réponse à un signal. Durant leur travail de recherche, ils ont identifié deux gènes responsables.
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie courante qui touche environ 17 millions de personnes dans le monde. Si cette pathologie peut survenir à tout âge, elle apparaît généralement entre 30 et 50 ans, avec un pic autour de 45 ans.
En cause : des cellules immunitaires qui attaquent les articulations et peuvent entraîner des douleurs, des gonflements et des lésions du cartilage et des os. Chez les femmes, la polyarthrite rhumatoïde représente un facteur de risque de développer une ostéoporose. Une complication qui s’explique par la densité des os qui diminue chez les personnes qui souffrent d’inflammation chronique.
"Dans la polyarthrite rhumatoïde, l'apoptose excessive des cellules productrices d'os contribue à la destruction des articulations et à l'inflammation. Ce même processus conduit également à l'affaiblissement des os dans l'ostéoporose, ce qui souligne la nécessité de gérer ces deux pathologies simultanément"
Pour comprendre ce phénomène, des chercheurs de l'université médicale de Chine et de l'université Chang Gung ont utilisé des outils d'analyse afin de cribler des données génétiques. Ils ont identifié deux gènes liés à la polyarthrite rhumatoïde et à l'ostéoporose qui pourraient servir d'outils de diagnostic et de cibles potentielles pour les traitements.
Dans l’étude, ils expliquent que ces deux maladies sont liées à l'un des principaux mécanismes utilisés pour maintenir le reste de l'organisme en état de marche: l'apoptose, ou mort cellulaire programmée. Un outil crucial que les cellules immunitaires utilisent pour éliminer les cellules dysfonctionnelles ou inutiles. Cependant, des dysfonctionnements peuvent conduire les cellules immunitaires à cibler par erreur des cellules au hasard.
"Dans la polyarthrite rhumatoïde, l'apoptose excessive des cellules productrices d'os contribue à la destruction des articulations et à l'inflammation. Ce même processus conduit également à l'affaiblissement des os dans l'ostéoporose, ce qui souligne la nécessité de gérer ces deux pathologies simultanément", explique le Dr Hao-Ju Lo, auteur de l'étude.
Deux gènes sont associés à la progression de la polyarthrite rhumatoïde et de l'ostéoporose
En raison du rôle central de l'apoptose, les chercheurs ont cherché à identifier les gènes impliqués dans l'apoptose qui étaient étroitement liés aux deux maladies. "Nous avons utilisé des outils bioinformatiques pour analyser un ensemble de données génétiques, en nous concentrant sur les gènes actifs dans la polyarthrite rhumatoïde et l'ostéoporose", explique le Dr Lo.
Selon leur analyse, le gène ATXN2L joue un rôle dans la régulation de processus tels que l'apoptose, de sorte que ses dysfonctionnements sont susceptibles de déclencher à la fois la polyarthrite rhumatoïde et l'ostéoporose. Et le gène MMP14 contribue à la construction de tissus extracellulaires comme le cartilage et pourrait être responsable de la dégradation des tissus articulaires qui conduit à la polyarthrite rhumatoïde.
Une voie de traitement futur
Les scientifiques avancent que ces gènes pourraient être utilisés pour développer de nouvelles options de traitement ou de diagnostic pour les patients souffrant de ces deux pathologies. "Notre analyse a révélé que ces gènes sont impliqués dans la régulation immunitaire et le métabolisme osseux, ce qui suggère qu'ils pourraient être des marqueurs utiles pour le diagnostic ou le traitement de la polyarthrite rhumatoïde et de l'ostéoporose", a déclaré le Dr Lo.
"Nous prévoyons de valider ces résultats par des études expérimentales et d'explorer comment le ciblage de ces gènes pourrait améliorer les résultats du traitement", a déclaré le Dr Lo. "Nos recherches futures pourraient également porter sur le développement de thérapies personnalisées, en tirant parti de l'intelligence artificielle pour prédire quels patients sont les plus exposés au risque d'ostéoporose."
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