Le frelon asiatique a fait son apparition en France en 2004. Il se murmure qu’il serait arrivé par accident sur notre territoire via une cargaison de poteries en provenance de Chine, livrée dans le sud-ouest.
L'espèce présente en France est le Vespa velutina, un frelon asiatique plus petit que le Vespa mandarinia. "Vespa velutina est également plus petit que le frelon européen autochtone appelé Vespa crabro", nous détaille le Pr Stéphane Gayet, infectiologue.
Le frelon asiatique est particulièrement foncé. Sa tête et son abdomen sont noirs. On distingue un anneau orangé au niveau de l’abdomen. Les pattes, quant à elles, sont noires et jaunes.
Ce prédateur découpe des abeilles et se nourrit de leur abdomen, la partie la plus nutritive. Il est donc nocif pour la biodiversité et constitue ainsi un véritable fléau pour les apiculteurs. Pour l'humain, sa piqûre n'est pas plus dangereuse que celle d’une guêpe. C'est en cas d'allergie au venin des hyménoptères (famille des guêpes) que le pronostic vital est engagé. La réaction allergique peut générer un œdème de Quincke ou un choc anaphylactique qui peut causer la mort en quelques minutes.
Trois personnes attaquées par un frelon asiatique ont accepté de témoigner pour Medisite. Victimes d’une réaction allergique, elles ont fait les frais de complications qui auraient pu s’avérer sérieuses.
Piqûre de frelon : "j’ai perdu ma voix à cause d’une inflammation des cordes vocales suite à l’allergie"
J’assistais à une soirée en famille, lorsque j’ai décidé de retirer mes chaussures pour danser. Nous étions dans un jardin au bord d’une piscine et l’ambiance était à la fête. Passé 21h, nous avons eu des invités surprises : les frelons. Un des invités connaisseurs a expliqué qu’il s’agissait de frelons asiatiques et qu’il fallait être prudent. Ils étaient plus d’une dizaine à graviter en haut de la tente sous laquelle nous dinions.
J’ai eu le malheur de poser mon pied sur l’un d’entre eux. Résultat : il ne m’a pas raté ! J’ai hurlé de douleur. La piqûre m’a fait l’effet d’un coup de couteau dans le pied. J’ai immédiatement imbibé ma plaie de glaçons. Un invité m’a également aidé à faire sortir le venin grâce à la chaleur d’une cigarette.
Comme le venin des hyménoptères est thermolabile, la température élevée dégagée par la combustion de la cigarette le détruit, m’ont expliqué les médecins le lendemain. Il a suffi de faire chauffer le point de la piqûre en approchant le bout de la cigarette, sans cependant brûler la peau.
J’ai toutefois pu passer une soirée (presque) normale. Une fois cette étape passée, ma douleur s’est estompée.
C’est la nuit que mon état a dégénéré. J’ai été réveillée par des difficultés respiratoires, des nausées et des besoins d’aller à la selle. Le lendemain matin, je ne pouvais même plus poser le pied par terre. J’ai aussi été surprise de constater que je n’avais plus de voix lorsque j’ai voulu dire bonjour à mes filles.
J’ai demandé à ma voisine de me conduire aux Urgences. Sur le trajet, mon état a empiré. J’avais de plus en plus de mal à respirer. À peine arrivée à l’hôpital, les soignants se précipitent vers moi et me demandent ce qu’il m’est arrivé. "Je crois que je vais mourir", ai-je répondu sans trop y croire.
Ni une ni deux, j’ai été prise en charge par 9 personnes. Le diagnostic était clair : j’ai contracté un œdème de Quincke. Il se traduit par un gonflement rapide de la peau et des muqueuses au niveau de la tête et du cou. Ce phénomène est lié à une réaction inflammatoire ou allergique. Il s’agit d’une urgence vitale, m’ont expliqué les médecins. Selon eux, si j’ai perdu ma voix, cela résultait d’une inflammation des cordes vocales suite à l’allergie. Je suis restée plus de 6 heures à l’hôpital. Les médecins m’ont administrée une piqûre de cortisone afin de neutraliser le venin.
Heureusement, tout s’est bien terminé. Je suis rentrée chez moi indemne, mais sans ma voix. Elle devrait revenir d’ici quelques jours, m’ont rassuré les urgentistes.
Si vous vous faites attaquer par un frelon – ou par un autre insecte- ne prenez pas la piqûre à la légère. Soyez attentifs aux symptômes. Un œdème de Quincke peut provoquer la mort en quelques minutes.
Sandrine, 50 ans
"Le frelon s’était posé au niveau de mes lèvres vaginales"
J’étais invitée à l’anniversaire de ma sœur. C’était une chaude soirée estivale. Le brouhaha des 40 invités qui riaient et qui dansaient m’ont fait oublier les dizaines de frelons qui rôdaient aux dessus de nos têtes. Un des invités a toutefois fini par lancer "attention, ce sont des frelons asiatiques, c’est dangereux". Je m’en suis méfiée, mais pas assez visiblement.
"J'ai senti quelque chose d'anormale sous ma jupe"
Je dînais lorsque j’ai senti quelque chose d’anormal sous ma jupe. Quelque chose qui me gênait au niveau de mes parties intimes. J’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’une dentelle de ma jupe. Lorsque j’ai mis ma main, j’ai senti une douleur brûlante. Un frelon s’était posé au niveau de mes lèvres vaginales ! Le parasite m’a ‘heureusement’ piqué sur la paume de ma main. La douleur était forte, mais c’était la peur qui m’a fait hurler. J’ai bondi de la table et je me suis précipitée près du bar où des invités ont imbibé ma main de vinaigre, tout en essuyant les gouttes de sang. Contre toute attente, la piqûre m'a fait saigner. J’ai ensuite laissé ma main sur un sac de glaçons qu’on m’avait apporté.
La fin de la soirée s’est déroulée sans encombre. Ma main n’enflait pas et ma douleur s’est estompée.
C’est pendant la nuit que mon état s’est dégradé. Fièvre, nausées, douleurs, hallucinations… Je me suis réveillée toutes les heures en sueur. Le lendemain matin, j’ai constaté que ma main a enflé. Je me suis donc décidée à me rendre aux Urgences. Je craignais une réaction allergique et c’est ce que le médecin m’a confirmé une fois prise en charge.
Je me suis vue prescrire 15 jours d’antihistaminique. Une infirmière m’a aussi préparé une compresse avec de l’alcool pour soulager l’œdème.
Les deux jours qui ont suivi ont été compliqués. Il y avait longtemps je n’avais pas été aussi fatiguée.
L’œdème et les effets ont fini par s’atténuer après deux jours. Si vous vous trouvez, vous aussi, victime d’un frelon, ne le sous-estimez pas. Les effets n’apparaissent pas forcément dans les heures qui suivent la piqûre.
Emma, 27 ans
"Les frelons sont intelligents : l’insecte m’a piqué par vengeance"
Je passais une soirée entre amis dans un jardin, lorsque quatre frelons ont commencé à rôder près de nous. La fille de mon meilleur ami a été piquée la veille et venait de passer l’après-midi aux Urgences, suite à une réaction allergique. Pour éviter qu’il y ait d’autres victimes, je me suis levé et j’ai tué les parasites.
Seulement un quart d’heure plus tard, un frelon a littéralement foncé sur moi. J’ai senti une douleur au niveau de ma nuque. L’insecte s’est ensuite réfugié dans mon t-shirt que j’ai retiré en hurlant.
Mes amis ont immédiatement mis de la glace sur ma piqûre et l’un d’eux m’a sorti le venin grâce à la chaleur d’une cigarette.
"Ma nuque enflait à vue d'œil"
À la vue de la zone de la piqûre, j’ai décidé de me rendre aux Urgences. Ma nuque enflait à vue d’œil pendant le trajet. J’ai été pris en charge immédiatement à l’hôpital. L’infirmière m’a expliqué qu’une piqûre de frelon au cou constituait une urgence vitale. On m’a administré 15 jours de traitement par antihistaminiques.
Les médecins m’ont expliqué que les frelons sont intelligents : ce n’est pas un hasard si c’est moi qui ai été attaqué ce soir-là. L’insecte m’a piqué par vengeance. Les frelons savent reconnaître ceux qui ont fait du mal à leurs semblables.
Pascal, 60 ans
Merci à Emma, Sandrine et Pascal pour leurs témoignages
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