Tramadol : moins de comprimés dans les boîtes pour écarter le risque de dépendanceIstock

Trop d’abus avec le tramadol ? Face à la hausse des signalements de dépendance, de mauvais usage et de surdosage liés à cet antalgique disponible sur ordonnance, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) souhaite mieux encadrer et sécuriser son utilisation.

Les professionnels de santé habilités peuvent désormais prescrire des boîtes de médicaments de 10 à 15 comprimés ou en gélules, et non plus uniquement des boîtes de 30 comprimés.

Cette diminution du nombre de comprimés du tramadol est mieux adaptée aux traitements de courte durée, indique l’agence du médicament.

Cette nouvelle mesure s’inscrit dans une volonté de "réduire le risque d’utilisation prolongée, et donc d’abus et de dépendance", explique l’ANSM dans un communiqué. Elle limite également "les possibilités de stockage familial et donc de risques pour les proches".

Tramadol : l’antalgique opioïde le plus prescrit en France

Le tramadol est un médicament prescrit dans le traitement de certaines douleurs modérées à sévères chez l’adulte. Il est l’antalgique opioïde le plus prescrit en France. Ce médicament combat directement la douleur en agissant sur la perception de celle-ci dans le cerveau, selon le dictionnaire Vidal.

Comme tout opioïde, le tramadol possède un potentiel addictif. Il existe des risques d’abus, de mésusage, de dépendance ou de surconsommation. "Ces risques existent particulièrement lorsqu’il est mal utilisé, c’est-à-dire à des doses supérieures aux doses recommandées ou sur une durée prolongée, ou en dehors de ses indications (par exemple comme sédatif pour mieux dormir, ou pour réduire l’anxiété)".

Mais chez certaines personnes, le risque de dépendance n’est pas exclu lorsqu’il est pris aux doses recommandées et/ou sur une courte période, rappelle l’ANSM.

La dépendance peut entraîner des symptômes de sevrage en cas d’arrêt brutal du traitement, du type : nervosité, agitation, anxiété, insomnie, tremblements, sudation, diarrhée. "Cela peut conduire un patient à prolonger la prise de tramadol alors qu’il n’a plus de douleur ou que celle-ci est d’intensité légère", prévient encore l’agence sanitaire.

Ce n’est pas la première fois que le tramadol se trouve dans le viseur de l’ANSM. En 2020 déjà, l’agence sanitaire avait déjà pris la décision de limiter à 12 semaines la durée maximale de prescription de ce médicament, contre 12 mois auparavant.

Doit-on s'inquiéter d'une crise des opioïdes en France ?

L’ANSM s’alarmait déjà de l’augmentation des cas d’intoxications et de décès liés à l’utilisation des antalgiques opioïdes "faibles", comme le tramadol, la codéine et la poudre d’opium, mais aussi des opioïdes dits "forts" comme la morphine, l’oxycodone et le fentanyl.

En France, la consommation des antalgiques a augmenté en France depuis une dizaine d’années, avec pour corollaire un risque accru d’intoxications et de dérives lié à leur mésusage, constatait l'ANSM dans un état des lieux de la consommation des antalgiques opioïdes en France, paru en 2020.

Concernant le tramadol, sa consommation a bondi de plus de 68 % entre 2006 et 2017, rapportait l'agence dans cet état des lieux.

Si la consommation globale des antalgiques faibles est restée stable, la prescription d’opioïdes forts a augmenté considérablement ces dernières années (+ 150 % entre 2006 et 2017).

Néanmoins, rassure l’ANSM, la situation n’est pas comparable avec celle observée aux États-Unis et au Canada, englués dans une crise sanitaire dévastatrice. En 25 ans, près de 700 000 Américains sont morts d’une overdose d’opioïdes.

Sources

https://ansm.sante.fr/actualites/tramadol-moins-de-comprimes-dans-les-boites-pour-un-meilleur-usage

https://ansm.sante.fr/actualites/TRAMADOL-une-mesure-pour-limiter-le-mesusage-en-France

https://ansm.sante.fr/actualites/antalgiques-opioides-lansm-publie-un-etat-des-lieux-de-la-consommation-en-france

https://www.vidal.fr/medicaments/gammes/tramadol-teva-22055.html

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