Periactine : un antiallergique détourné pour faire grossir les fesses inquiète les médecins

Récemment, l’Ozempic a fait polémique. En effet, ce médicament pour les diabétiques était vanté sur les réseaux sociaux pour ses vertus amincissantes. Un nouveau médicament vient de faire son apparition sur les réseaux : le périactine. Cette fois, le but de ce nouveau traitement prôné par les influenceurs n’est pas de faire maigrir, mais au contraire de faire prendre du poids.

En effet, certaines femmes qui se trouvent trop maigres se tournent vers ce traitement afin de prendre des formes, notamment au niveau des fesses. Mais quel est ce médicament et pourquoi inquiète-t-il autant les autorités sanitaires ?

Periactine : un médicament antiallergique disponible en vente libre

S’il est disponible en vente libre et à faible coût (moins de 10 euros), le périactine n’est pas pour autant un complément alimentaire. Il s’agit d’un médicament antiallergique produit par le laboratoire Teofarma. Dernièrement, de nombreux influenceurs en ont fait la promotion sur TikTok. Dans ces vidéos, les internautes vantent son utilisation afin d’avoir "le même corps que Kim Kardashian". Ainsi, de nombreuses femmes qui se trouvent trop maigres le prennent afin de prendre du poids et des formes, surtout au niveau des fesses. Mais que contient ce traitement ?

Une molécule qui provoque la faim

Le périactine contient de la cyproheptadine. Cette molécule est un antihistaminique non soumis à prescription médicale obligatoire mis sur le marché en 1974. Il a pour effet de provoquer la faim, et donc de faire grossir. Le médicament était prescrit pour stimuler l’appétit jusqu’en 1994 avant d’être retiré du marché car la balance bénéfices/risques était jugée mauvaise. Le Dr Laurent Chouchana, en charge de la pharmacovigilance de cette molécule et membre de la SFPT (Société française de pharmacologie et de thérapeutique), explique auprès du média Sud Ouest que la cyproheptadine : "A été dépassée par des molécules bien plus performantes et n’est plus prescrite."

Cyproheptadine : les autorités sanitaires alertent sur les risques

Auprès de l’AFP, l’Agence de sécurité du médicament (ANSM) confie ne pas mesurer d’augmentation des ventes. Toutefois, l’organisme indique analyser la situation avant d’engager éventuellement des "actions graduées" pour freiner cette tendance. Il y a un an, l’ANSM avait déjà alerté les professionnels de santé sur son utilisation "non conforme et potentiellement dangereuse". L’équipe du Dr Chouchana avait notamment fait remonter la situation : "On a découvert des apprentis sorciers qui faisaient des prescriptions médicales incroyables dans le but de ressembler à la star de téléréalité Kim Kardashian, à la limite de l’exercice illégal de la médecine."

En effet, cette molécule peut provoquer de nombreux effets indésirables comme des somnolences, des convulsions ou des hallucinations. À forte dose, cela peut également entraîner des soucis plus graves d’un point de vue neurologique, psychiatrique, cardiaque, hématologique ou digestif.

Dans un communiqué publié fin mars, la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT) a alerté sur ce phénomène. "Le rapport bénéfices/risques de la cyproheptadine devrait être réévalué en vue du retrait de son autorisation de mise sur le marché ou au minimum de son inscription sur une liste à prescription obligatoire", estime la SFPT. Que ce soit l’Ozempic, qui a pour but de maigrir, ou le Periactine, qui vise à prendre du poids, les molécules qui agissent sur le poids sont actuellement très surveillées.