Pénurie de médicaments : ce que prévoit la nouvelle feuille de route du gouvernementIstock
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Antibiotiques, collyre, médicaments anti-cancéreux, anti-diabétiques… A mesure que les tiroirs des pharmacies se vident, l’inquiétude des pharmaciens et des patients grandit.

Alors que le spectre de la pénurie de médicaments menace l’accessibilité aux soins, le gouvernement se met en ordre de marche pour enrayer le phénomène. Mercredi 21 février, il a dévoilé les contours de sa nouvelle feuille de route, destinée à enrayer la spirale de ruptures ou de risques de ruptures de stocks de médicaments.

Car les difficultés d’approvisionnement de certains médicaments, auparavant ponctuelles, se multiplient et se pérennisent ces dernières années. Une situation source de stress pour les Français. "Cette situation entraîne une inquiétude insupportable pour les patients, menant parfois à l’agressivité, et un stress croissant pour les professionnels de santé", fulminait Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) en octobre dernier.

Un chiffre rend compte du malaise : en 2023, 4 925 références de médicaments ont été signalées en rupture de stock ou en tension d’approvisionnement par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), soit deux fois plus qu’en 2021. En 2024, le même scénario se profile : déjà 19 références sont en rupture, comme nous le rapportions dans nos colonnes, en détaillant la liste des médicaments concernés.

L’inquiétude est telle que les pharmacies du Grand-Ouest (représentant neuf départements) ont adressé une pétition signée par 120 000 personnes au président de la République, lui enjoignant d’agir de façon urgente face au risque de pénuries.

"Retrouver une souveraineté industrielle"

C’est dans ce contexte tendu que Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Energie, et Frédéric Valletoux, ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention, ont exposé leur nouveau plan 2024-2027 pour lutter contre les pénuries de médicaments. L’objectif affiché de cette feuille de route "médicaments" :"garantir la disponibilité des médicaments et assurer à plus long terme une souveraineté industrielle".

Une "mobilisation totale"

Pour y arriver, le gouvernement mise sur un travail collectif. "Les grandes orientations proposées dans cette feuille de route, qui a vocation à être actualisée régulièrement, constituent un éventail de solutions pour contribuer à lutter contre les pénuries à condition que l’ensemble des acteurs concernés y contribuent activement. La participation de tous, patients, professionnels de santé, acteurs de la répartition et industriels du médicament est aujourd’hui un impératif de santé publique", a réagi Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, dans un communiqué.

Une liste de médicaments essentiels actualisée

La liste des médicaments jugés essentiels, réalisée en juin 2023, et qui répertorie actuellement 450 médicaments (et dont la moitié ont fait l’objet de signalements de rupture ou de risque de rupture auprès de l’ANSM ces deux dernières années) sera actualisée tous les ans et guidera les actions prioritaires de la feuille de route. Ces médicaments feront l’objet d’un suivi renforcé par les autorités sanitaires.

"Une partie de ces médicaments dits "essentiels" présentent des critères de vulnérabilité industrielle, notamment de par la dépendance du marché français aux importations extra-européennes, ce qui permet de les identifier et ainsi de guider la stratégie de réindustrialisation", précise le gouvernement dans le document.

Une mobilisation exceptionnelle en cas de pénuries

En cas de difficulté à couvrir des besoins de certains médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, des mesures exceptionnelles et temporaires qualifiées de "plan blanc du médicament" pourront être mises en place afin de sécuriser l’approvisionnement et d’assurer la continuité des soins pour les patients.

Cela pourra passer par la mobilisation d’acteurs opérationnels, comme l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris [AP-HP]) pour produire des médicaments, en dehors du circuit habituel de l’autorisation de mise sur le marché.

La relocalisation de médicaments stratégiques

Pour renforcer la souveraineté industrielle, cheval de bataille du gouvernement, la production de 25 médicaments stratégiques sera relocalisée en France, dans le but de faciliter leur disponibilité sur le marché français et européen.

Cette stratégie de réindustrialisation et de relocalisation sera également coordonnée au niveau européen. Cette volonté de se défaire de la dépendance du marché asiatique et américain a été mise en avant ces derniers jours avec l'annonce de la première usine européenne de paracétamol, qui ouvrira à Toulouse en 2025. Le gouvernement ne cache pas son intention que d'autres projets similaires suivent pour garantir la sécurité de l’approvisionnement de certains médicaments, par exemple pour l’amoxicilline.

"Face aux pénuries de médicament, la relocalisation s'impose comme une nécessité pour la santé de nos concitoyens", a justifié Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités dans un post sur X.

Une meilleure sensibilisation au bon usage des médicaments

Dans l'optique de réduire le gaspillage des médicaments, la communication sur leur bon usage sera renforcée. Parmi les messages relayés dans les campagnes médiatiques, figurera celui de ne pas consommer de médicament en dehors de toute prescription. Les pharmacies seront incitées également à jouer le jeu en étant invitées à fournir non plus des boîtes entières à leur patient, mais des doses ajustées de médicaments, en fonction de leur ordonnance.

Des alternatives aux médicaments en rupture de stock

Les médecins devront également mettre la main à la pâte : il leur sera demandé d’éviter de prescrire à leurs patients des médicaments en rupture de stock. Les praticiens seront incités à conseiller à la place des médicaments alternatifs. L’ANSM et la Haute Autorité de Santé seront chargées d’élaborer des listes d’"équivalence" utilisées pour les praticiens et les pharmaciens, précise Le Parisien.

Enfin les pharmaciens seront invités à se tourner davantage vers les grossistes-répartiteurs plutôt que vers les laboratoires, pour s’approvisionner en médicaments. "80 % des livraisons doivent passer par les grossistes, et maximum 20 % sans intermédiaire", souligne Catherine Vautrin au Parisien, promettant des contrôles pour vérifier la bonne application de cette mesure.

Sources

https://sante.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/penuries-de-medicaments-la-ministre-du-travail-de-la-sante-et-des-solidarites

https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/feuille-de-route-medicaments-fevrier-2024.pdf

https://www.leparisien.fr/societe/sante/medicaments-fabrication-en-france-stocks-strategiques-ce-que-contient-le-nouveau-plan-anti-penuries-21-02-2024-G4VB43NG2JEKHN5IHLOTQC6OJE.php?ts=1708944066452

https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/ille-et-vilaine/penurie-de-medicaments-la-boule-au-ventre-des-pharmaciens-2930229.html

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