- 1 - Mediator® : responsable de milliers de morts
- 2 - Di-antalvic® : 65 décès par an
- 3 - Cérivastatine : 52 décès, 1 millier de lésions musculaires graves
- 4 - Acomplia® : 10 décès dont 4 suicides, 250 cas graves
- 5 - Distilbène® : Cancers, malformations, infertilités
- 6 - Isoméride® : Servier condamné
- 7 - Vioxx® : hausse des accidents cardio-vasculaires
- 8 - Extraits thyroïdiens : 1 décès, 17 hospitalisations
- 9 - Anorexigènes amphétaminiques : dépendance et atteintes cardiaques
Mediator® : responsable de milliers de morts
Nom : Mediator®
Principe actif : Benfluorex
Quelles étaient les indications du Mediator® : Le benfluorex, principe actif du désormais célèbre Mediator® est une substance découverte par le laboratoire Servier et qui a été commercialisée en France entre 1976 et 2009. Il s'agit d'un anorexigène, autorisé alors comme adjuvant au régime (un traitement complémentaire) réservé aux personnes diabétiques en surcharge pondérale.
Combien de temps a-t-il fallu pour le retirer du marché ? En 1996, le benfluorex est interdit dans les préparations magistrales (faites par les pharmaciens eux-mêmes) en France. En 1997, l'Isoméride, un médicament dont la molécule est de la même famille que le benfluorex est retiré de la vente, toujours en France. En 1998, le benfluorex est retiré de la vente en Suisse, alors que chez nous, l'Agence du médicament émet ses inquiétudes quant à son usage et ses effets sur la santé.
La totalité des anorexigènes sont retirés du marché un an plus tard, mais Mediator®, qui a un mécanisme d'action quelque peu différent, échappe à cette mesure.
Il n'est retiré qu'en 2009. Selon les études commandées par l'Afssaps, Mediator® aurait provoqué entre 500 et 2000 décès, entraînés par des maladies cardiaques depuis 2006. Entre 1976 et 2009, environ 5 millions de Français ont été traités avec du benfluorex (source : Afssaps).
Quels ont été les dégâts santé du Mediator® ?
Le principe actif de médicaments, le benfluorex, est toxique pour le cœur. "En passant par le foie, le médicament crée une substance appelée norfenfluramine. Celle-ci provoque des valvulopathies cardiaques et hypertensions artérielles pulmonaires", explique le Dr Xavier Jacques, pharmacien.
Précision d'importance : les prescriptions abusives du médicament seraient responsables du nombre élevé de personnes touchées. Lorsque les autres anorexigènes ont été interdits à la vente, des médecins ont prescrit le benfluorex à leur place, à des personnes non diabétiques, pour les aider à perdre quelques kilos en trop. "Cette indication n'était pas retenue par les autorités sanitaires, ces prescriptions se faisaient donc en dehors de tout cadre légal", note le Dr Xavier Jacques.
Note : Si vous avez pris du Mediator® ou de ses génériques, suivez les recommandations de l'Afssaps.
Numéro vert : 0 800 880 700.
Di-antalvic® : 65 décès par an
Nom : Di-Antalvic® (et Propofan®)
Principe actif : dextropropoxyphène (DXP) et paracétamol
Quelles étaient les indications du Di-Antalvic® ou Propofan® ?
Le Di-Antalvic® (ou Propofan®) sont des médicaments contre la douleur associant du paracétamol à une substance appelée DXP.
Combien de temps a-t-il fallu pour le retirer du marché ?
Vendu pour la première fois en France en 1964, le Di-Antalvic® est retiré progressivement du marché à partir de 2009, lorsque l'agence européenne du médicament décide de supprimer tous les médicaments contenant du DXP. Mais la France dispose alors d'un délai de 15 mois. Le médicament est encore en vente jusqu'en mars 2011.
Quels ont été les dégâts santé duDi-Antalvic® (ou Propofan®) ?
Retiré des années plus tôt à l'étranger, ces médicaments n'avaient pas été soupçonnés par l'Afssaps, qui a volontairement tardé à le retirer. En effet, les 65 décès par an qu'il provoquait étaient considérés par l'organisme comme un chiffre faible par rapport au nombre de personnes sous traitement (chiffre : Afssaps).
De plus, la plupart de ces décès seraient dus à des intoxications volontaires (suicides). Au moment du retrait, environ 8 millions de Français étaient sous traitement. Les Français étaient les plus gros consommateurs de médicaments associant DXP et paracétamol en Europe, avec 70 millions de boîtes vendues par an.
"Ce médicament n'était pas toxique s'il était utilisé suivant son indication et sa posologie. Il a été retiré car pris à forte dose, il est mortel. Toutefois, les médicaments qui sont mortels à forte dose sont nombreux", note le Dr Xavier Jacques, pharmacien. En cas de surdosage, le DXP provoque une atteinte cardiaque et respiratoire pouvant être mortelle.
Cérivastatine : 52 décès, 1 millier de lésions musculaires graves
Nom : Cholstat®/Staltor®
Principe actif : Cérivastatine
Quelles étaient les indications de la Cérivastatine ?
La cérivastatine était une molécule contre le cholestérol, commercialisée en 1998 par Bayer (pour Staltor®) et Fournier (pour Cholstat®).
Combien de temps a-t-il fallu pour le retirer du marché ?
En juillet 2001, l'Afssaps contre-indique l'association de cette statine avec une autre substance, le gemfibrozil (Lipur®) après que des cas de rhabdomyolyse (troubles musculaires pouvant être mortels) dus à cette association de médicaments leur ont été rapportés. En août 2001, après avoir mené des études en interne, le laboratoire Bayer retire son médicament du marché mondial (sauf au Japon). Bien que ne disposant pas des études justifiant sa décision, l'Afssaps retire immédiatement les spécialités contenant cette statine du marché.
Quels ont été les dégâts santé de la Cérivastatine ?
La cérivastatine a été reconnue comme étant à l'origine de cinquante-deux décès et de plus d'un millier de graves lésions musculaires. Des lésions parfois associées à une insuffisance rénale aiguë.
Note : Les statines forment une catégorie de traitements anti-cholestérol critiquée par une partie des spécialistes du cœur. "Ce sont des médicaments récents. Les statines ont l'avantage de cibler le mauvais cholestérol mais peuvent entrainer des conséquences que l'on ignore encore à ce jour", explique le Dr Xavier Jacques, pharmacien. On sait que la cérivastatine est toxique pour les muscles et les reins, mais son mode d'action précis est inconnu. Toutefois, cette toxicité augmente avec la dose ingérée.
Acomplia® : 10 décès dont 4 suicides, 250 cas graves
Nom : Acomplia®
Principe actif : rimonabant
Quelles étaient les indications de l'Acomplia® ?
Acomplia® était une préparation du labo Sanofi-Aventis, vendue en France dès mars 2007. Très médiatisée, elle a pour indication officielle de faire perdre du poids aux personnes obèses ou aux personnes en surpoids si elles présentent aussi certains troubles tels qu'un diabète de type 2. Ses effets secondaires psychiatriques ont été remarqués bien avant sa mise en vente et surveillés par un suivi de pharmacovigilance.
Combien de temps a-t-il fallu pour le retirer du marché ?
En juillet 2007, Acomplia® est contre-indiqué en cas de dépression ou de prise d'antidépresseurs. Les résultats des études de pharmacovigilance lancées au début de sa mise sur le marché font rapidement pencher la balance bénéfice-risque du médicament du mauvais côté. Acomplia est retiré du marché en octobre 2008 par l'Afssaps et l'Agence européenne du médicament.
Les autorités américaines, plus prudentes, ne l'ont jamais autorisé par manque de preuves de l'innocuité du produit. L'autorisation même du rimonabant, sa molécule, qui a été lourdement controversée en France. Chez nous environ 220 000 patients ont été traités avec Acomplia®.
Quels ont été les dégâts santé de l'Acomplia® ?
1148 notifications d’effets indésirables ont été recueillies (troubles psychiatriques, neurologiques et digestifs) dont 250 cas considérés comme graves par l'Afssaps. Dix décès dus à ce médicament ont été rapportés, dont quatre suicides. (Source : Afssaps)
"Le rimonabant fonctionne différemment des anorexigènes dangereux interdits en 1997, c'est pourquoi il a pu être autorisé", explique le Dr Xavier Jacques, pharmacien. Le rimonabant bloque les récepteurs cannabinoïdes situés dans le cerveau, agissant ainsi sur les réserves de graisses. Mais en agissant sur ces récepteurs, il entraîne des troubles dépressifs qui peuvent être puissants, similaires à ceux rencontrés par les consommateurs de cannabis. Les bénéfices apportés par Acomplia® ont finalement été jugé trop minces par rapport à ce risque psychiatrique.
Distilbène® : Cancers, malformations, infertilités
Nom : Distilbène® et Stilboestrol®
Principe actif : diéthylstilbestrol (DES)
Quelles étaient les indications du Distibilène® ?
Le diéthylstilbestrol est une hormone, un œstrogène de synthèse, découverte en 1938. On l’a prescrit aux femmes enceintes ayant connu des fausses couches, dès le début des années 1950. Déjà à cette période, des études mettent en doute son efficacité (1). Il est admis aujourd’hui que la substance était inefficace pour cette indication.
Combien de temps a-t-il fallu pour le retirer du marché ?
En 1971, la molécule est retirée des marchés nord-américains, en raison de nombreux cas de cancers de l’appareil génital, observés chez les jeunes femmes dont la mère avait pris ce traitement durant la grossesse. Il faudra attendre 1977 pour qu’il soit contre-indiqué chez la femme enceinte en France. Distilbène® est toujours en vente aujourd’hui pour traiter certains troubles de la prostate, une indication thérapeutique validée par l'Afssaps.
Quels ont été les dégâts santé du Distibilène® ?
En 1988, des chercheurs français publient une étude montrant que seulement 41% des femmes exposées au médicament in utero parviennent à donner naissance à un enfant viable (2). Une part importante des "filles Distilbène" souffrent de malformations de l’appareil génital, d’infertilité, de cancers. Quant aux "fils Distilbène", une partie souffre de malformations bénignes de l’appareil génital et de baisse de la fertilité.
En France, environ 200 000 femmes enceintes ont pris de ce médicament. Aujourd’hui, plusieurs "filles Distilbène" ont gagné leur procès contre les laboratoires qui ont commercialisé le médicament (UCB Pharma et Novartis). Le mécanisme d'action du diéthylstilbestrol est encore à l'étude aujourd'hui.
Dans le livre “Distilbène, trente ans après“, le Dr Florence Bretelle indique que la substance perturbe la formation de gènes impliqués dans la formation de l'appareil génital (3). Des études menées sur des animaux, mais qui doivent être confirmées, indiquent que la troisième "génération Distilbène" pourrait connaître des troubles du même type.
Isoméride® : Servier condamné
Nom : Isoméride®
Principe actif : Dexfenfluramine
Quelles étaient les indications de l'Isoméride® ?
Isoméride® a été commercialisé en France en 1985, par le laboratoire Servier, pour ses propriétés coupe-faim ou "anorexigènes". Efficace, il a été prescrit aussi bien à des personnes souffrant d'obésité qu'à celles souhaitant perdre quelques kilos superflus.
Combien de temps a-t-il fallu pour le retirer du marché ?
Au début des années 1990, des médecins de l'hôpital Béclère de Clamart lancent une alerte sur le nombre élevé d'hypertensions artérielles pulmonaires chez les patients prenant de ce médicament. En 1995, cette substance, comme celle de Mediator®, est interdite dans les préparations magistrales (faites par les pharmaciens eux-mêmes). Le médicament est retiré de la vente en 1997, avec Pondéral®, un médicament du même laboratoire contenant une substance similaire.
Après son retrait, des anomalies cardiaques (valvulopathies) provoquées par ce médicament ont été découvertes. Au total, 7 à 10 millions de Français auraient pris Isoméride®. Le laboratoire Servier a été condamné à indemniser plusieurs des victimes de cette molécule.
Quels ont été les dégâts santé de l'Isoméride® ?
Son principe actif, la dexfenfluramine, est toxique pour le cœur. "Comme Mediator®, ce médicament métabolise une molécule appelée norfenfluramine. Celle-ci provoque des valvulopathies cardiaques et hypertensions artérielles pulmonaires", explique le Dr Xavier Jacques, pharmacien.
Vioxx® : hausse des accidents cardio-vasculaires
Nom : Vioxx®
Principe actif : rofécoxib
Quelles étaient les indications du Vioxx ® ?
Sa molécule, le rofécoxib était un anti-inflammatoire non stéroïdien utilisé notamment contre l'arthrose et la polyarthrite rhumatoïde.
Quels ont été les dégâts santédu Vioxx ® ?
Il a été autorisé en France en 1999, date à laquelle Merck, le laboratoire qui le fabriquait, a lancé une étude baptisée Vigor (4). Elle était censée démontrer une absence d'effets secondaires digestifs, contrairement aux effets des anti-inflammatoires déjà présents sur le marché. Il a été reproché aux auteurs de cette étude leur proximité avec Merck et surtout d'avoir omis de préciser un nombre d'accidents cardiovasculaires plus élevé chez les patients sous rofécoxib.
Combien de temps a-t-il fallu pour le retirer du marché ?
D'autres études ont confirmé un risque élevé d'infarctus et d'AVC, si bien qu'en 2004, le laboratoire Merck décide de retirer le Vioxx® du marché. L’étude Vigor (4) portait sur 8076 patients atteints de polyarthrite rhumatoïde et recevant soit du rofecoxib (Vioxx®), soit du naproxène (un autre anti-inflammatoire). Elle a montré un risque d’atteintes cardiovasculaires supérieur chez les patients traités par rofecoxib. Cette différence serait liée à l’action anti-agrégante plaquettaire (fluidité sanguine) du naproxène que ne possède pas le rofécoxib.
Extraits thyroïdiens : 1 décès, 17 hospitalisations
Nom : gélules minceur préparées en pharmacie
Principe actif : extraits thyroïdiens
Quelles sont les indications des extraits thyroidiens ?
Les extraits thyroïdiens sont des substances autorisées depuis plusieurs dizaines d’années en France. Bien qu’ils ne soient pas officiellement indiqués pour aider à perdre du poids, certains pharmaciens préparaient et vendaient des "gélules minceurs" dans ce but.
Quels ont été les dégâts santé des extraits thyroidiens ?
Un scandale éclate en 2006 lorsqu'une personne décède et que 17 autres sont hospitalisées après une intoxication due à la prise de ces gélules minceur. Ces personnes étaient clientes d’une même pharmacie parisienne. Le ministre de la Santé de l'époque, Xavier Bertrand, a saisi l'Afssaps qui a aussitôt interdit "l'importation, la préparation, la prescription et la délivrance de préparations magistrales, officinales et hospitalières contenant de la poudre de thyroïde". Cette interdiction concerne les préparations destinées à maigrir, mais ces substances sont encore autorisées pour d’autres médicaments (destinés à traiter l’hypothyroïdie).
Pour perdre du poids, les extraits thyroïdiens sont au final peu efficaces. "Ils agissent sur la thyroïde, une glande qui régule les dépenses du corps", explique le Dr Xavier Jacques, pharmacien. En pratique, les extraits accélèrent temporairement le mécanisme de combustion des graisses de l’organisme. Mais ils favorisent aussi la combustion d’autres tissus, comme les muscles. A l’arrêt de la prise de ces gélules, la masse musculaire est amoindrie et la reprise de poids est immédiate. Par ailleurs, les effets secondaires des extraits thyroïdiens sont lourds : nervosité, sueurs, palpitations et troubles cardiaques mortels. "Ils ont été interdits car les bénéfices qu'ils apportent ne sont pas assez importants par rapport aux risques pour la santé qu'ils entrainent" notre le Dr Xavier Jacques.
Anorexigènes amphétaminiques : dépendance et atteintes cardiaques
Noms : Anorex®, Prefamone®, Tenuae Dospan®, Moderatan®, Dinintel®, Fenproporex® et Incital®
Principes actifs : Anorexigènes amphétaminiques : amfépramone, clobenzorex fenproporex, mefenorex.
Quelles étaient les indicationsdes anoréxigène amphétaminiques ?
Ces médicaments sont des coupe-faim, mis sur le marché dans les années 1970. Les anorexigènes agissaient au niveau du système nerveux central en augmentant la sensation de satiété.
Combien de temps a-t-il fallu pour le retirer du marché ?
Les chercheurs ont émis des doutes sur ces substances dès les années 1960. Ceux-ci ont remarqué un risque élevé d’hypertension artérielle pulmonaire primitive (HTAPP) chez les personnes prenant ce type de médicaments. Cinq pays européens lancent l’étude "International Primary Pulmonary Hypertension Study" en 1992.
Les résultats confirment ces doutes. Les autorités françaises limitent alors la prescription à 3 mois maximum et la restreignent à certains professionnels de santé.
Avant 1995, 4 millions de boîtes de ces médicaments étaient vendues en France chaque année. Tous les anorexigènes amphétaminiques sont retirés en 1999 par les autorités européennes, au vu des bénéfices pour la santé peu importants de ces substances, par rapport aux risques qu’elles présentent.
Quels ont été les dégâts santédes anorexigènes amphétaminiques ?
"Ces anorexigènes ont été prescrits en excès, à des personnes qui n'étaient pas obèses et n'avaient que 2 ou 3 kilos à perdre. Dans ces cas-là, les bénéfices sont trop peu importants par rapport à leurs risques pour la santé", explique le Dr Xavier Jacques, pharmacien. De plus, comme tous les amphétaminiques, ils pouvaient créer une dépendance, or des études ont prouvé que les prendre à long terme augmente le risque de HTAPP et d’atteinte cardiaque.
(1) DIECKMANN W.J. & Coll. Does administration of diethylstilbestrol during pregnancy have therapeutic value? Am. J. Obst. Gynecol. 1953
(2) PONS J.C. & Coll. Devenir des grossesses des patientes exposées in utero au diéthylstilbestrol. Enquête du Collège national des gynécologues et obstétriciens français. J. Gynecol. Obstet. Biol. Reprod. 1988
(3) Bernard Blanc, Florence Bretelle, Aubert Agostini, Le Distilbène® trente ans après, Springer, 2008.
(4) Bombardier C, Comparison of upper gastrointestinal toxicity of rofecoxib and naproxen in patients with rheumatoid arthritis. VIGOR Study Group. N Engl J Med. 2000 Nov 23;343(21):1520-8, 2 p following 1528.
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