91 900 : c’est le nombre de professionnels de santé exposés quotidiennement aux cytostatiques, des médicaments utilisés le plus souvent dans le traitement des cancers par chimiothérapie. Mais d’après un rapport de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire et Alimentaire (Anses), ces substances présentent un risque cancérigène pour les personnes qui travaillent régulièrement à leur contact.
Ce mardi 21 juillet 2021, l’agence sanitaire recommande donc au ministère du Travail de reconnaître ce risque dans la loi. Comment ? En faisant figurer 18 principes actifs cytostatiques dans l'arrêté qui fixe la liste des procédés cancérogènes selon le Code du travail. Nous vous listons les médicaments concernés dans ce diaporama.
Des médicaments cancérigènes pour les personnes saines
Ces substances “sont majoritairement utilisées pour traiter les cancers, en médecine humaine comme en médecine vétérinaire, dans les établissements de santé, en milieu hospitalier ou non”, détaille l’Anses. “À l’hôpital, ils peuvent également être utilisés dans d’autres services que les unités d’oncologie, comme la rhumatologie, l’immunologie, la dermatologie ou encore la gynécologie”.
En effet, s’ils sont surtout employés en chimiothérapie, pour ralentir la croissance des tumeurs, on les utilise aussi contre certaines maladies auto-immunes, ou encore pour éviter les rejets après une greffe. Mais “en raison de leurs mécanismes d’action, les cytostatiques sont susceptibles de présenter des propriétés cancérogènes pour les cellules saines”, détaille l’autorité sanitaire. “Paradoxalement, ces médicaments qui soignent les patients atteints de cancer peuvent donc exposer les soignants qui les manipulent à des substances elles-mêmes cancérogènes”.
Protéger près de 92 000 professionnels
Le rapport souligne que les médecins ne sont pas les seuls à y être exposés. Selon l’enquête SUMER 2017, menée par le ministère du Travail, près de 92 000 salariés sont fréquemment à leur contact : “de la fabrication à la manipulation, en passant par le transport, la gestion des déchets, le nettoyage, etc.”
Or, “contrairement aux produits utilisés en milieu industriel, le règlement européen n’impose pas de prévenir l’utilisateur du caractère dangereux des médicaments via un étiquetage spécifique”, déplore l’Anses. “En proposant d’inscrire les travaux exposant à ces 18 substances dans l’arrêté français, nous contribuons à l’évolution du cadre réglementaire pour une meilleure protection des professionnels exposés” souligne Henri Bastos, Directeur scientifique santé-travail au sein de l’Agence.
Cela permettrait de mieux maîtriser les risques existants, en sensibilisant et en formant les travailleurs - par exemple, en leur apprenant les techniques de retrait de gants potentiellement contaminés - et en instaurant une surveillance de l’exposition de ces professionnels.
Adriamycine ou Doxorubicine
Azacitidine
Azathioprine
Busulfan
Carmustine
Chlorambucile
Chlorméthine (tri)
Cisplatine
Cyclophosphamide
Etoposide
Lomustine
Melphalan
Prednismustine
Procarbazine
Téniposide
Thiotépa
Tréosulfan
Trioxyde d’arsenic
Reconnaitre le caractère cancérigène des médicaments cytostatiques pour améliorer la prévention des professionnels, Anses, actualité du 20 juillet 2021.
Travaux exposant aux cytostatiques, Avis de l'Anses / Rapport d'expertise collective, mars 2021.
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