Pas d'abus de Doliprane®
Le surdosage en paracétamol (Dafalgan®, Doliprane®, Efferalgan®...) est la principale cause de développement à court terme de l’insuffisance hépatique. La molécule de paracétamol, après son ingestion, étant transformée par le foie en un métabolite toxique (N-acétyl p-benzoquinone imine) qui au-dessus de 4g/jour* en détruit les cellules.
A l'origine du surdosage, on trouve fréquemment la recherche d'un soulagement rapide de la douleur ou de la fièvre sans vérifier la posologie et le mode d'administration, ainsi que le mélange des médicaments**.
Les premiers symptômes arrivent après 24h, et restent assez banals (nausées, vomissements, manque d'appétit, douleurs abdominales). Au bout de 3 jours, s'ajoutent de la fatigue, un teint jaune, des migraines, une digestion difficile, des éruptions cutanées.
Que faire : contactez le Samu (15).
* ne pas dépasser 5 jours d'automédication aux posologies indiquées.
** près de 450 médicaments disponibles sans et sur ordonnance contiennent du paracétamol.
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Cirrhose du foie : 7 aliments à éviterAntibiotiques : l'Augmentin®, le plus connu
"Tous les antibiotiques sont susceptibles de dégrader le foie. Mais le plus connu, parce que l'un des plus prescrits, reste l'Augmentin®" explique le Pr de Lédinghen.
A quelle dose : à n'importe quelle dose.
Les principaux signes hépatiques : des signes non spécifiques peuvent prédominer tels que de la fatigue, des douleurs abdominales, des nausées, des vomissements, une fièvre. Un teint jaune est parfois présent, éventuellement accompagné d'une perte d'appétit et d'un amaigrissement. Les symptômes de toxicité hépatique apparaissent en général de quelques jours à quelques semaines après avoir commencé le médicament.
Que faire : prévenir votre médecin. Le plus souvent l'hépatite guérit sans séquelle après plusieurs semaines après l'arrêt du traitement.
Anti-inflammatoires : gare à l'Advil®
"Les anti-inflammatoires peuvent entraîner des problèmes hépatiques. Le plus connu reste l'Ibuprofène* que l'on donne en cas de douleurs et d'inflammations modérées" explique le Pr de Lédinghen.
A quelle dose : à n'importe quelle dose.
Les principaux signes hépatiques : un teint très jaune peut apparaître plusieurs jours à plusieurs semaines après la première prise, accompagné d'une perte d'appétit et d'un amaigrissement.
Que faire : prévenir votre médecin. "C'est souvent plus grave que pour les antibiotiques. En général, la guérison est complète, mais dans de rares cas, cela peut entraîner une insuffisance hépatique, voire le décès."
*Médicaments contenant de l'ibuprofène : Advil®, Nureflex®, Spedifen®...
Coeur, acné, thyroide... Les autres médicaments à risque
- Presque tous les antirétroviraux pour lutter contre le VIH ont été associés à des effets secondaires sur le foie, mais plus particulièrement la névirapine (Viramune®), la stavudine (Zerit®), la didanosine (Videx®), la zodovudine (Retrovir®, Combivir®).
- Des médicaments pour traiter les problèmes cardiaques : l'amiodarone (Cordarone®), les inhibiteurs calciques, la quinidine...
- Des médicaments pour traiter le cancer : l'oxaliplatine, le tamoxifène...
- Des antifongiques comme la terbinafine ou le kétoconazole.
- Un antiacnéique : l'isotrétinoïne (Curacné®).
- Un antithyroïdien : le propylthiouracil
- Un médicament pour traiter l'asthme : le montélukast (Singulair®).
- Des antidépresseurs : la duloxétine (Cymbalta®), la tianeptine (Stablon®)...
- Des antiépileptiques : la carbamazépine (Tegretol®), le phénobarbital (Gardenal®)...
* la liste n'est pas exhaustive.
8000 accidents hépatiques par an
Selon l'AFEF, plus de 1100 médicaments sont susceptibles d'être hépatotoxiques. Les accidents restent cependant très rares puisqu'on ne constate que 8000 cas/an d'hépatites médicamenteuses en France.
Pourquoi : la majorité des hépatites sont liées à la transformation du médicament par le foie en des métabolites réactifs. Dans de rares cas, ils produisent une réaction immuno-allergique ou toxique qui abîment l'organe. Certains médicaments sont cependant plus susceptibles de provoquer ce type de réactions (paracétamol...).
Chez qui : "L'accident hépatique est souvent imprévisible. Tout le monde est concerné même si les personnes âgées demeurent les plus touchées. En cause : le vieillissement du foie et le fait qu'elles prennent plus de médicaments" explique le Pr de Lédinghen.
Remerciements au Pr Victor de Lédinghen, Hépatologue au CHU de Bordeaux, et secrétaire de l'AFEF.
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