Près de la moitié des plus de 65 ans sont polymédiqués et prennent au moins 5 molécules par jour selon la Caisse nationale de l’Assurance Maladie (Cnam). La polymédication est définie par l’Organisation mondiale de la Santé comme "l’administration de nombreux médicaments de façon simultanée", parfois pouvant aller jusqu’à plus de 10 médicaments par jour !
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Le problème est que cela augmente le risque d’évènements indésirables, soit à cause d’un médicament en particulier, soit à cause de leur interaction. Chez les personnes âgées, c’est un vrai sujet. Déjà parce qu’elles consomment plus de médicaments que les personnes plus jeunes. En effet, une personne sur 12, entre 65 et 74 ans, vit avec trois pathologies chroniques et une personne sur cinq après 75 ans.
Mais aussi parce que cette population est plus fragile du fait du vieillissement de l’organisme, explique un communiqué de presse du Leem (le syndicat professionnel des entreprises du médicament en France). Chez la personne de plus de 65 ans, certains organes (comme les reins ou le foie) assurent moins bien leurs fonctions et éliminent moins bien les médicaments. Ces modifications peuvent avoir des conséquences sur la toxicité et la tolérance des médicaments, avec l’apparition d’effets indésirables.
Des hospitalisations et des décès évitables
Des petites gênes comme des inconforts digestifs ou des changements d’appétit peuvent vous alerter, voire des signes plus intenses tels que des troubles de l’équilibre, des pertes de mémoire, des malaises, des saignements… Ces effets indésirables peuvent présenter des conséquences non négligeables sur la vie d’une personne âgée : confusion et problèmes de mémoire, chutes et fractures, perte de l’autonomie, hospitalisation… Une mauvaise utilisation des médicaments serait à l’origine de plus de 200 000 hospitalisations et d’une dizaine de milliers de décès par an en France.
Il est donc primordial de faire régulièrement le point avec votre médecin généraliste sur les médicaments que vous prenez afin d’ajuster la prescription.
Médicaments : les séniors aussi veulent lever le pied
Le Leem rapporte les résultats de l’enquête ODOXA sur la sur-médication des personnes âgées, menée en mai 2024 auprès de 1700 Français (dont 1000 personnes de 65 ans et plus). Ce sujet préoccupe les séniors et leurs proches : 64% des Français parlent avec leurs parents âgés des médicaments qu’ils prennent, et les trois-quarts d’entre eux (77%) pensent même en connaître le nombre exact.
Les "65 ans et plus" déclarent qu’ils prennent en moyenne plus de 3 médicaments par jour. D’après leurs enfants, ce serait même près de 5 par jour. 30% des séniors et 57% de leurs enfants jugent que c’est "beaucoup". Près d’un sénior sur deux (44%) souhaiterait diminuer sa consommation de médicaments, surtout ceux qui en prennent plus de 5 par jour (73% d’entre eux).
Polymédication : un enjeu de santé publique
C’est pourquoi une grande campagne de communication vient d’être lancée sur le "bon usage du médicament". L’objectif ? Optimiser les prescriptions excessives chez les personnes âgées de plus de 65 ans pour éviter, quand cela est possible, de dépasser le nombre de 5 médicaments.
Cette année, les entreprises du médicament se sont donc engagées à mettre en place des actions pour favoriser la "sobriété médicamenteuse", avec un bon usage. Il s’agit d’encourager une consommation qui correspond aux besoins réels du patient, d’éviter des prescriptions inappropriées et de favoriser l’autonomie du patient face à ses traitements.
"Au-delà de 5 médicaments par jour, surtout après 65 ans, demandez à votre médecin ou à votre pharmacien si vous pouvez en prendre moins" pourra-t-on lire sur des affiches de communication. "Mais n’arrêtez jamais votre traitement sans avis médical", est-il précisé.
Le montant des économies attendues pour l’Assurance Maladie est de 300 millions d’euros en année pleine. D’autres actions sont déjà envisagées pour 2025 sur deux autres thèmes du bon usage des médicaments : la lutte contre l’antibiorésistance et la lutte contre le gaspillage.
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