- 1 - Prozac, Déroxat, Effexor : inefficaces ?
- 2 - Des preuves scientifiques tronquées…
- 3 - Des produits inefficaces contre la maladie ?
- 4 - Des médicaments lents à agir…
- 5 - Peu ou pas d’effet sur la déprime…
- 6 - Des risques de suicides… camouflés !
- 7 - D’où viennent leurs effets pervers ?
- 8 - De très nombreux effets secondaires
- 9 - Trop de prescriptions injustifiées
- 10 - Les antidépresseurs, une affaire de gros sous !
- 11 - De gros risques d’interactions
- 12 - Y a-t-il des molécules plus fiables ?
- 13 - Antidépresseurs : à éviter ?
- 14 - Millepertuis : solution efficace et naturelle ?
- 15 - L’exercice physique : excellent antidépresseur ?
- 16 - Sources partie 1
- 17 - Sources parties 2
- 18 - Sources parties 3
Prozac, Déroxat, Effexor : inefficaces ?
Prozac®, Deroxat®, Effexor®… Ces antidépresseurs font partie des plus prescrits en France. Pourtant, selon l’analyse de 47 essais cliniques du chercheur anglais Irving Kirsch, ils n’apporteraient qu’un "petit" bénéfice, voire aucun, par rapport à un placebo dans le traitement de la dépression (surtout légère). Pour le Zoloft®, autre antidépresseur très prescrit, le laboratoire Pfizer qui le commercialise indique dans ses essais cliniques (1992) que "son effet antidépresseur chez les malades déprimés hospitalisés n’a pas encore fait l’objet d’études suffisantes". Une revue Cochrane de 2010 portant sur 59 essais conclut toutefois à une efficacité supérieure du Zoloft par rapport à tous les autres antidépresseurs; mais les essais passés en revue n’incluaient pas de nombreux critères essentiels pour les patients (capacité à reprendre le travail, à retrouver un fonctionnement social normal…), ce qui limite considérablement leur portée. Enfin, selon une étude réalisée à partir de 117 essais, le Floxyfral® serait un des antidépresseurs les moins efficaces dans le traitement de la dépression modérée à sévère (par exemple par rapport au Zoloft® ou à l’Effexor®).
Des preuves scientifiques tronquées…
En 2008, les recherches du Dr Erick H. Turner, psychiatre américain, dénoncent les mensonges des compagnies pharmaceutiques. Selon lui, l’efficacité des antidépresseurs serait inférieure de 11% à 69% à ce que prétendent les recherches individuelles ! Par ailleurs, il remarque que certains fabricants d’antidépresseurs ne publient que les résultats positifs des essais cliniques menés sur leurs médicaments. Enfin, sur 74 essais cliniques soumis par les compagnies pharmaceutiques pour obtenir des autorisations de mise sur le marché, le chercheur constate que les 33 ayant donné des résultats négatifs ou discutables n’ont jamais été publiées dans les revues médicales ou l’ont été avec une présentation favorable…
Des produits inefficaces contre la maladie ?
Les antidépresseurs sont prescrits pour lutter contre la dépression. Pourtant, ils ne la soignent pas vraiment… "Ces traitements ne rendent pas plus heureux. Ils n’agissent pas sur les causes de la maladie mais sur ses symptômes comme l’absence d’envie, la tristesse et le manque d’élan", explique le Dr Bertrand Gilot, psychiatre. Faut-il reprocher aux antidépresseurs de ne pas s’attaquer aux causes de la maladie ? On ne le peut pas vraiment car "on ne les connaît pas, elles sont globalement inaccessibles et cela risque de durer encore longtemps", conclut notre interlocuteur. Attention : Les antidépresseurs agissent sur ces symptômes dans le cadre d’une dépression, c’est-à-dire quand on les ressent sur le long terme et non pas ponctuellement.
Des médicaments lents à agir…
"J’ai commencé un traitement à base d’antidépresseurs mais je ne ressens rien, est-ce normal ?". A cette question que beaucoup se posent, le Dr Bertrand Gilot, médecin psychiatre, répond : "Oui, le délai d’action des antidépresseurs est de deux à trois semaines en général. C’est un délai incompressible pour que l’effet se manifeste." En clair, il ne faut pas s’inquiéter et continuer son traitement. Ce n’est pas une preuve d’inefficacité. A l’inverse, "si on se sent mieux au bout d’une semaine de prise d’antidépresseur, cela veut dire que l’on ne souffrait pas d’une dépression au sens médical du terme, mais d’une souffrance psychologique autre (suite à un deuil…)", poursuit notre spécialiste. Dans ce cas, il faut retourner voir le médecin prescripteur pour faire un point sur le traitement.
Peu ou pas d’effet sur la déprime…
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les antidépresseurs ne peuvent pas être efficaces sur toutes les formes de dépression (légère, modérée, sévère). Comme nous l’explique le Dr Bertrand Gilot, psychiatre : "On sait que plus la dépression est grave, plus les antidépresseurs sont efficaces. A l’inverse, ils le sont moins dans les cas de dépressions légères à modérées." Or, "aujourd’hui, en France, les antidépresseurs sont le plus souvent prescrits dans ces cas-là."
Des risques de suicides… camouflés !
En 2005, le ’’British Medical Journal’’ a révélé un document confidentiel datant de 1988 démontrant que le Prozac® pourrait accroître les risques d’actes violents et de suicide. Ces effets connus de son fabricant, le laboratoire E.Lilly, n’auraient jamais été transmis à la FDA, agence américaine délivrant l’autorisation de mise sur le marché. Le médicament a ainsi été commercialisé. De même, en 2004, une étude clinique portant sur l’antidépresseur Cymbalta® (duloxétine) a entraîné 11 tentatives de suicide et 4 suicides effectifs aux Etats-Unis. La FDA, qui n’en a pas été informée, a commercialisé le médicament. Enfin, une étude internationale publiée dans le BMJ en 2015 au sujet de la paroxétine (Deroxat®), molécule prescrite chez l’adolescent, suggère que des effets indésirables très sévères, dont des comportements suicidaires, ont été rapportés de manière biaisée par le laboratoire afin de les minorer. Ces faits ne touchent à ce jour que ces quelques médicaments, mais rien ne dit que les labos ne font pas d’autres "cachoteries".
D’où viennent leurs effets pervers ?
"Tous les antidépresseurs peuvent entraîner une levée de l’inhibition", explique le Dr Bertrand Gilot, psychiatre. L’ennui c’est que cet effet intervient avant le bienfait antidépresseur recherché. "Ils vont dans un premier temps améliorer le ralentissement psychomoteur. La personne va sentir qu’elle a plus d’énergie mais elle est toujours dans la même souffrance. Il y a alors une phase délicate de quelques jours avec un risque de passer à l’acte." Selon le spécialiste, "cette levée de l’inhibition concerne surtout les personnes atteintes de dépressions graves, ayant des pensées suicidaires et un ralentissement physique et/ou psychique." Néanmoins, il insiste sur le fait que dans tous les cas "il est très important d’avoir un suivi médical constant quand on prend des antidépresseurs."
De très nombreux effets secondaires
Tous les antidépresseurs peuvent avoir des effets secondaires. "Les plus fréquemment observés sont, dans l’ordre, les troubles digestifs (nausée, constipation, diarrhée), la prise ou la perte de poids, puis les troubles de la libido (absence de désir et/ou de plaisir)", explique le Dr Bertrand Gilot, psychiatre. Mais des conséquences plus graves peuvent aussi intervenir : "Les antidépresseurs tricycliques [amitriptyline (Elavil®), clomipramine (Anafranil®)] peuvent entraîner une hypotension, des vertiges ou des troubles cardio-vasculaires. On peut aussi avoir des problèmes hématologiques ou de fonctionnement du rein avec les ISRS [ex : fluoxétine (Prozac®) ou sertraline (Zoloft®)]."
Trop de prescriptions injustifiées
"Si on ajoute les personnes prenant un antidépresseur sans diagnostic de trouble psychiatrique à ceux qui en prennent parce qu’ils souffrent d’un autre trouble non accessible aux antidépresseurs, on arrive à 50% des prescriptions en France", confie le Dr Bertrand Gilot, psychiatre. Il y a donc un réel problème de prescriptions qui fausse l’évaluation de l’efficacité de ces traitements ! "Les règles de prescriptions ne sont pas bien respectées car les médecins généralistes, principaux prescripteurs, ne sont pas bien formés", explique le Dr J-P. Capitain, psychiatre. Le Dr M. Fouillet, psychiatre, rappelle : "La détresse et la tristesse ne sont pas des raisons de prendre des antidépresseurs. La seule vraie indication est la dépression au sens psychiatrique, avec un ralentissement psychomoteur."
Les antidépresseurs, une affaire de gros sous !
Le marché des antidépresseurs est une véritable mine d’or pour les laboratoires ! Dans les années 1990, les ventes de Prozac® rapportaient 2,6 milliards de dollars par an au laboratoire E.Lilly. Celles de Zoloft® ont généré 2,7 milliards de dollars en 2002 (Pfizer). Et celles d’Effexor® ont rapporté en 2008 près de 4 milliards de dollars de chiffre d’affaires au laboratoire Wyeth (racheté par Pfizer en janvier 2009). Selon le Gers (Groupement pour l’élaboration et la réalisation de statistiques), le chiffre d’affaires dégagé par les ventes d’antidépresseurs en France a été multiplié par 6,7 entre 1980 et 2001, passant de 84 à 543 millions d’euros ! Après des années de croissance exponentielle, la tendance actuelle est à la stagnation. Mais les chiffres restent élevés. Quelques 45 millions de boîtes sont vendues chaque année ; plus de cinq millions de Français en consomment. En 2016, les prescriptions d’antidépresseurs ont coûté 373 millions d’euros à l’Assurance Maladie.
De gros risques d’interactions
Les antidépresseurs ont de nombreuses interactions médicamenteuses ! Par exemple, il ne faut pas associer : - ISRS (Prozac®…) et IMAO non-sélectif (ex : Marsilid®) ou IMAO sélectifs A (ex : Moclamine®). Les ISRS peuvent aussi interagir avec les antimigraineux (triptans) et les anticoagulants oraux. - IMAO non-sélectif ou IMAO sélectifs A avec les antitussifs à base de dextrométhorphane (ex : Dexir®), la sibutramine (ex : Sibutral®) ou la péthidine (ex : Demerol®). Les risques : troubles du rythme cardiaque, hypo ou hypertension, fièvre… Attention : Ces interactions ne sont que quelques exemples. Pour se prémunir de tous dangers, il faut avertir le médecin et le pharmacien que l’on suit un traitement antidépresseur.
Y a-t-il des molécules plus fiables ?
Même si elles sont peu nombreuses et/ou difficilement trouvables, certaines études attestent l’efficacité des antidépresseurs. Parmi celles-ci, une analyse de 117 essais cliniques a démontré que la sertraline (Zoloft®) et le mirtazapine (Norset®) étaient plus efficaces que les molécules du Prozac®, du Floxyfral® ou du Deroxat® pour soigner la dépression. Une autre étude auprès de 2045 personnes a montré que la venlafaxine (Effexor®) était aussi plus efficace que ces traitements. Des recherches portant sur 726 dépressifs ont attesté l’efficacité du moclobémide (Moclamine®) contre celle d’un placebo. Enfin, 102 essais (10 706 patients) ont prouvé que l’amitryptiline (Elavil®) serait plus efficace que les ISRS (Deroxat®…), mais plus à risque d’effets secondaires.
Antidépresseurs : à éviter ?
Effets secondaires, interactions nombreuses, traitement long et pas toujours concluant… Les antidépresseurs ne sont pas des médicaments à prendre à la légère. "Les gens doivent comprendre qu’un antidépresseur peut aider à soigner une dépression mais que ce n’est pas une urgence de le prendre. Ils doivent prendre le temps de la réflexion pour bien s’informer, comprendre et accepter le traitement. Ils doivent aussi ne pas hésiter à parler du vécu de leur traitement et à poser des questions à leur médecin." Un traitement antidépresseur doit faire l’objet d’un suivi médical.
Millepertuis : solution efficace et naturelle ?
OMS comme efficace pour soigner la dépression légère à modérée. Une analyse comprenant 5 489 patients a démontré ce bienfait. De plus, selon un essai mené auprès de 251 sujets (la moitié d’entre eux souffraient de dépression grave), la plante serait aussi efficace que la paroxétine (molécule présente notamment dans le Deroxat®). Attention : Le millepertuis a de nombreuses interactions médicamenteuses. Il est notamment contre-indiqué avec les contraceptifs oraux, les antivitamines K (ex : Previscan), certains antidépresseurs (ex : Prozac®, Marsilid®…) et antimigraineux (triptans). Il est interdit chez la femme enceinte ou allaitant. Demander l’avis d’un médecin avant toute prise.
Le millepertuis est une plante reconnue par l’L’exercice physique : excellent antidépresseur ?
Pratiquer une "marche vive" pendant 30 minutes, trois fois par semaine, serait aussi efficace pour soigner la dépression, qu’un traitement antidépresseur… et encore plus efficace pour empêcher les rechutes ! Voici la conclusion d’une célèbre étude menée par des chercheurs américains sur 156 personnes dépressives. "L’effort physique prolongé induit la libération d’endorphines, molécules ayant l’effet antidépresseur. […] Il permet d’arrêter, au moins de manière temporaire, le flot incessant d’idées noires associées à la dépression", explique le Dr David Servan-Schreiber (Guérir le stress, l’anxiété et la dépression). Pour le Dr Bertrand Gilot, psychiatre : "La pratique d’une activité physique peut être un facteur protecteur de la dépression mais elle ne peut pas, seule, aider à s’en sortir."
Sources partie 1
- Antidépresseurs : faut-il en prendre ou pas ?, Dr Bertrand Gilot, ed.Josette Lyon, 2008 - Initial Severity and Antidepressant Benefits : A Meta-Analysis of Data Submitted to the Food and Drug Administration, PloS Medicine , 2008. - Vidal 2007 - Etude de la prescription et de la consommation des antidépresseurs en ambulatoire, Afssaps, Observatoire National des Prescriptions et Consommations des Médicaments, 1998 - Suicide attempts in clinical trials with paroxetine randomised against placebo, Ivar Aursnes, Ingunn Fride Tvete, Jorund Gaasemyr and Bent Natvig, BMC Medicine 2005 - Remission Rates During Treatment with Venlafaxine or SSRIs, Thase, M.E., Entsuah, A.H., Rudolph, R.I, British Journal of Psychiatry. - Haute autorité de santé, HAS - Comparative efficacy and acceptability of 12 new-generation antidepressants : a multiple-treatments meta-analysis.Cipriani A, Furukawa TA,Lancet. 2009
Sources parties 2
- Efficacy of escitalopram in the treatment of major depressive disorder compared with conventional selective serotonin reuptake inhibitors and venlafaxine XR : a meta-analysis, Roth M, Mountjoy CQ, Amrein R, et l’International Collaborative Study Group. - Moclobemide in elderly patients with cognitive decline and depression. An international double-blind, placebo-controlled trial. Br J Psychiatry 1996. - Tricycliques ou inhibiteurs sélectifs de la recapture de sérotonine pour le traitement des états dépressifs majeurs ?, Hélène Ollat, Neuropsychiatrie : Tendances et Débats 2000 - Mirtazapine for treatment-resistant depression : a preliminary report, WAN D. ; KUNDHUR D. ; SOLOMONS K. ; YATHAM L. ; LAM R.Journal of psychiatry & neuroscience, 2003 - Escitalopram is more effective than citalopram for the treatment of severe major depressive disorder, AZORIN J.-M.L’ Encéphale, 2004
Sources parties 3
- Exercise treatment for major depression : maintenance of therapeutic benefit at 10 months, Babyak M, Blumenthal JA, Herman S, Khatri P, Doraiswamy M, Moore K, Craighead WE, Baldewicz TT, Krishnan KR. Psychosom Med. 2000. - Selective Publication of Antidepressant Trials and Its Influence on Apparent Efficacy Erick H. Turner, M.D., Annette M. Matthews, M.D., Eftihia Linardatos, B.S., Robert A. Tell, L.C.S.W., and Robert Rosenthal, Ph.D.
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