Son dîner lui aura coûté gros. Une habitante de l'Essonne a contracté le botulisme après avoir consommé une soupe de légumes périmée. “Elle est quasi-totalement paralysée, avec très peu d’espoir de récupération”, a indiqué une de ses proches au journal Le Parisien.
Une soupe périmée serait en cause
La patiente a d’abord fait un premier malaise, fin août. Une semaine et demie plus tard, son état s’est fortement dégradé. Les médecins de la Pitié-Salpêtrière (Paris), où elle est actuellement hospitalisée, ont d’abord cru à un accident vasculaire cérébral. Mais les examens ont finalement révélé qu’elle souffrait de botulisme.
L'Agence régionale de santé (ARS) a immédiatement été informée, et a alerté la Direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF). Cette dernière a mené l’enquête, afin de déterminer l’origine de la contamination. Plusieurs produits douteux ont été repérés par les enquêteurs dans le frigo de la victime, dont une soupe périmée depuis trois semaines. Selon sa famille, c’est bien ce breuvage qui serait en cause.
Le fabricant de soupe a fait l’objet d’une enquête
La marque de soupe incriminée a très rapidement réagit. “Nous avons pris cette information très au sérieux et nous nous sommes immédiatement mis à la disposition des autorités. Aucun problème n'a été signalé sur les 630 bouteilles du lot qui ont été vendues et consommées depuis”, indique son porte-parole.
D’après la société, c’est la consommatrice qui serait responsable de cette contamination, en n’ayant pas respecté la date limite de consommation. “Compte tenu de la durée d’incubation, trois jours selon l’agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), de la date d’hospitalisation de la patiente, fin août, et de la date limite de consommation du produit, le 4 août, il est avéré que la personne malade a consommé un produit périmé”.
Pour les besoins de l’enquête, l’entreprise a dû démontrer qu’elle respectait bien les conditions d’hygiène et de sécurité dans son processus de fabrication. “Il s'agit d'une soupe pasteurisée et comme tous les produits de ce type, elle est chauffée au-delà de 80 °C. C'est ce qui garantit une pasteurisation mais pas une stérilisation. Elle doit donc être conservée au frais et consommée dans un délai de 30 jours maximum. Au-delà de cette DLC, la fraîcheur d'un produit de ce type ne peut pas être garantie”, précise la marque.
Aucun rappel de produit n’a été formulé
Cette dernière a finalement été mise hors de cause par les autorités sanitaires. Face à l’étonnement des proches de la patiente, qui n’ont pas constaté de rappel pour la soupe incriminée, l’entreprise a rappelé que “le lot en question étant en DLC au 4 août 2019, il n’est plus en rayon depuis plus d’un mois. Il n’y a donc pas eu besoin de faire de rappel ou d’informer les consommateurs”.
La direction du supermarché qui a vendu cette soupe, dans la commune de Gif-sur-Yvette, confirme qu’aucune demande de retrait de ce produit n'a été formulée, ni par la société qui le commercialise, ni par les autorités”.
Botulisme : une maladie neurologique extrêmement grave
75 % des personnes qui contractent le botulisme finissent à l’hôpital. Cette maladie grave et potentiellement fatale est provoquée par l’ingestion de neurotoxines puissantes, produites par la bactérie Clostridium botulinum.
Cette dernière peut se développer dans les aliments mal conservés, en particulier les produits sous vide, les conserves et la charcuterie. La maladie résulte donc souvent d’une intoxication alimentaire. Particulièrement dangereuse, la toxine botulique ne modifie pas le goût ni l’odeur des aliments, et résiste à la cuisson.
Cette bactérie est “plus puissante que le cyanure”, rappelle le Dr Christelle Mazuet, responsable du centre national de référence Bactéries anaérobies et botulisme de l'Institut Pasteur, à nos confrères du Parisien. Avec 11 à 22 cas enregistrés chaque année en France, le botulisme reste heureusement assez rare.
Quels sont les symptômes du botulisme ?
Les symptômes du botulisme apparaissent après une période d’incubation allant de quelques heures à quelques jours. Leur intensité peut varier d’une personne à une autre, même si elles ont consommé le même aliment contaminé.
Ils débutent généralement par une forte fatigue et des vertiges, suivis d’une atteinte oculaire, d’une sécheresse de la bouche et de difficultés à déglutir - voire à parler. Des vomissements, de la diarrhée ou une constipation peuvent aussi survenir.
S’ensuit une paralysie descendante des muscles, qui peut évoluer en touchant les muscles respiratoires. Cela conduit au décès du patient, pour cause d’insuffisance respiratoire. Le diagnostic doit donc être rapide, et le traitement administré au plus tôt. “Sans prise en charge, 8 à 10 % des personnes touchées en meurent”, précise Dr Mazuet. Elle ajoute que “les traitements sont très longs, entre trois et six mois en réanimation”.
Une femme atteinte de botulisme et paralysée après avoir consommé une soupe périmée, Le Parisien, 11 septembre 2019.
Botulisme, Institut Pasteur, mai 2019.
Botulisme, OMS, 10 janvier 2018.
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