Salmonellose : face à l’antibiorésistance, un traitement par probiotiques

La salmonellose est une infection qui doit son nom à la bactérie salmonella. En France, près de 200 000 cas de salmonellose sont recensés chaque année et 90% d’entre eux surviennent par transmission alimentaire. Son traitement par antibiotiques pourrait bientôt devenir inefficace, au point que des scientifiques cherchent d'autres options.

Un traitement par antibiotiques bientôt inefficace ?

Comme l’indique Santé publique France, les cas de décès par salmonellose restent rares. Sur une période de 5 ans, entre 2008 et 2013, entre 232 et 358 décès liés à la salmonellose ont été enregistrés en France, alors que dans le même temps, plus d’1,28 million de cas ont été recensés. Néanmoins, cette infection peut être responsable de douleurs abdominales, de diarrhées, de nausées et de vomissements parfois graves, en particulier chez le nourrisson.

Bon nombre de ces infections sont liées à la consommation d’aliments d’origine animale contaminés, particulièrement lorsqu’ils sont consommés cru ou peu cuits. De fait, la viande, les œufs ou le fromage au lait cru font partie des aliments les plus porteurs de salmonelle. Néanmoins, les fruits frais et les légumes crus peuvent également être contaminés par des excréments d’animaux.

Si l’on sait identifier les signes, les symptômes et les conséquences de la salmonellose, son traitement par antibiotiques semble être remis en cause. En effet, parmi les bactéries responsables de l’infection, l’une d’entre elles présente la particularité de résister aux antibiotiques : Salmonella Heidelberg.

Face à ce problème d’antibiorésistance, des chercheurs de l’Institut Numecan à Rennes ont scruté la composition du microbiote intestinal à la recherche de bactéries qui seraient capables de résister à l’infection. Plutôt que de traiter l'infection via antibiotiques, la solution serait donc de privilégier un traitement par probiotiques, c’est-à-dire de privilégier un traitement à base de bactéries bénéfiques à notre organisme.

La guérison au cœur du microbiote intestinal

Composé de virus, bactéries, champignons et parasites, le microbiote de chaque être humain est unique. Plus de 50 000 milliards de bactéries le composent, ce qui représente environ 1 kg pour chaque individu. Les récentes recherches à ce sujet ouvrent la voie à la compréhension et la guérison de nombreuses pathologies via l’influence de ce qu’on appelle également la flore intestinale ou le 2ème cerveau.

Parmi les bactéries présentes dans ce microbiote intestinal, on retrouve Bacteroides fragilis (B. fragilis), une bactérie abondante dans l’intestin et particulièrement utile puisqu’elle favorise le maintien et l’équilibre du microbiote. Or, en analysant la composition de cette bactérie, les chercheurs de l’Institut Numecan de Rennes ont découvert que 2 éléments de cette bactérie étaient capables d’inhiber la croissance de la bactérie Salmonella Heidelberg résistante aux antibiotiques.

Un traitement par probiotiques qui pourrait aussi combattre la dépression et l’anxiété ?

Après avoir identifié ces deux composés, les chercheurs doivent désormais comprendre leur mode de fonctionnement afin de développer des options alternatives aux antibiotiques pour les personnes infectées. Mais la recherche ne s’arrêtera pas là. En effet, grâce à des études menées sur des souris, il semblerait que les deux composés issus de la bactérie B.fragilis puissent servir à lutter contre d’autres maladies comme la dépression ou l’anxiété.