Sommaire
- Qu’est-ce que la mononucléose ?
- Comment attrape-t-on la mononucléose ?
- La mononucléose infectieuse est-elle fréquente ?
- Comment savoir si l'on a la mononucléose ?
- Période d'incubation de la mononucléose
- Quelles sont les causes de cette infection ?
- Quels sont les facteurs de risques de la mononucléose?
- Quelles personnes risquent d’attraper la mononucléose ?
- Combien de temps dure la mononucléose?
- Qui et quand consulter pour la mononucléose ?
- Complications et évolution de la mononucléose
- Quels sont les examens et les analyses à pratiquer en cas de mononucléose infectieuse ?
- Quel est le traitement de la mononucléose ?
- Sites d’informations et associations
Qu’est-ce que la mononucléose ?
La mononucléose infectieuse, ou MNi, est une maladie très contagieuse provoquée par un virus. Il se transmet par la salive, c’est pourquoi on a longtemps appelé la mononucléose, « la maladie du baiser ». Il y existe en réalité de nombreuses façons de l’attraper, comme en buvant dans le même verre qu’une personne infectée, par exemple. Généralement bénigne, la mononucléose infectieuse entraine surtout une très importante fatigue susceptible de persister plusieurs mois.
Les autres symptômes de la mononucléose infectieuse ressemblent à ceux d’unegrosse angine : des maux de gorge, de la fièvre ou des maux de tête. On ne peut attraper la mononucléose qu’une seule fois au cours de sa vie, et elle touche la très grande majorité de la population.
Comment attrape-t-on la mononucléose ?
La mononucléose infectieuse est particulièrement contagieuse, et le virus persiste longuement dans la salive. « Lorsque l’on a fait une primo-infection, la salive contient une grande quantité d’agents infectieux et la personne reste contagieuse pendant au moins 6 mois à 1 ans », indique le Pr Fafi-Kremer.
Il peut alors se transmettre par un baiser, bien sûr, mais aussi par le partage d’un verre, d’une bouteille d’eau, de couverts de table, ou de tout ce qui a pu être en contact avec de la salive, même s’il ne s’agit que d’une minuscule quantité.
La mononucléose infectieuse est-elle fréquente ?
L'infection par EBV est extrêmement répandue. Environ 90 % à 95 % de la population mondiale l’a contractée, souvent sans le savoir.
Comment savoir si l'on a la mononucléose ?
Les symptômes peuvent varier d’une personne à une autre et sont plus forts lorsqu’on développe une mononucléose à l’âge adulte.
- Une fatigue extrême. C’est le principal symptôme de la mononucléose. La personne est ralentie dans son quotidien, doit dormir et se reposer souvent. Cet épuisement peut persister plusieurs mois après la disparition des autres symptômes.
- Une fièvre souvent élevée, supérieure à 39°C, avec des frissons, qui se manifeste pendant 1 à 2 semaines.
- Une angine très douloureuse. Le gonflement peut aller jusqu’à provoquer des difficultés à avaler, c’est la dysphagie. La gorge est rouge et recouverte d’un dépôt blanchâtre caractéristique de la mononucléose.
- Des ganglions gonflés et douloureux au niveau du cou, qui montrent l’activation du système immunitaire.
- Des douleurs musculaires.
- Des maux de tête.
- Une augmentation du volume de la rate est parfois perceptible par le médecin lors de l’examen clinique.
Période d'incubation de la mononucléose
La période d’incubation est le délai qui existe entre la contamination et l’apparition des premiers symptômes. Il peut être très long dans le cas de la mononucléose, et dure 3 à 7 semaines environ avant que les premiers signes de la maladie n’apparaissent.
Image d'une lymphocytose chez un adolescent de 16 ans atteint d'une mononucléose infectieuse
© CC Ed Uthman MD - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/
Quelles sont les causes de cette infection ?
La cause de la mononucléose est un virus appelé virus d'Epstein-Barr, ou EBV. « Il est très ancien et s’est parfaitement adapté à l’homme, explique le Pr Samira Fafi-Kremer. Il fait partie de la famille des herpesviridae. » Il suffit d’une minuscule goutte de salive pour qu’il s’installe dans l’organisme.
Quels sont les facteurs de risques de la mononucléose?
Il suffit d’être en contact avec une personne porteuse du virus pour l’attraper très facilement. Le virus qui cause la mononucléose est extrêmement répandu, et presque toute la population a déjà été à son contact.
Quelles personnes risquent d’attraper la mononucléose ?
Statistiquement, la mononucléose infectieuse s’attrape le plus souvent à l’adolescence ou au tout début de l’âge adulte. « Presque toute la population a été infectée vers l’âge de 5 ans dans les pays sous-développés, quand cela arrive plutôt vers 20 ans dans les pays développés, à cause des mesures d’hygiène, précise le Pr Fafi-Kremer. Il vaut pourtant mieux l’attraper dans l’enfance. »
La mononucléose chez l’enfant
Les symptômes sont beaucoup moins marqués lorsqu’un enfant attrape le virus de la mononucléose, et peuvent même passer inaperçus. Ce dernier peut présenter de la fièvre avec une angine, mais sans trop de fatigue.
Pourquoi la mononucléose est-elle moins virulente chez l’enfant ?
Réponse du Pr Samira Fafi-Kremer :
« Il existe plusieurs hypothèses. L’une d’entre elles, avancée par un spécialiste américain de l'EBV, est que l’enfant possède un répertoire immunitaire assez vierge, ce qui lui permet de contrôler la maladie sans beaucoup d’inflammation. Au contraire, le jeune adulte a un répertoire immunitaire saturé qui nécessiterait une forte stimulation pour contrôler le virus. Cela provoque chez lui une forte réponse immunitaire responsable des symptômes. »
La mononucléose chez la femme enceinte
Attraper la mononucléose infectieuse au cours de la grossesse ne provoque pas de complication fœtale, contrairement aux autres syndromes mononucléosiques comme la toxoplasmose, ou les infections au cytomégalovirus.
Combien de temps dure la mononucléose?
Les symptômes de la mononucléose infectieuse disparaissent généralement en 3 à 8 semaines. La fatigue, en revanche, peut se faire sentir pendant environ 3 mois, selon les personnes.
Qui et quand consulter pour la mononucléose ?
Il faut consulter le médecin généraliste en cas de suspicion de mononucléose.
Les signes qui indiquent qu’il faut consulter rapidement
La consultation doit être réalisée sans attendre si :
- Certains signes semblent inquiétants, comme des difficultés à avaler et une fièvre élevée.
- La personne touchée, surtout s’il s’agit d’un enfant, n’arrive pas à boire suffisamment en raison du gonflement et du mal de gorge.
- La personne est immunodéprimée.
- D’autres symptômes apparaissent, comme une jaunisse ou une faiblesse au niveau des membres.
- L’état de santé ne s’est pas amélioré ou s’aggrave au bout de 2 semaines.
Les signes d’urgence
La consultation doit être réalisée en urgence si :
- La personne éprouve des difficultés à avaler ou à respirer.
- Elle ressent une violente douleur du côté gauche, sous les côtes, à l’endroit où se situe la rate.
- La personne ressent une raideur et des douleurs à la nuque.
- La personne malade est déshydratée.
Complications et évolution de la mononucléose
Les symptômes de la mononucléose infectieuse régressent généralement en 1 à 2 semaines. La phase de convalescence est plus longue et il faut parfois plusieurs mois pour que la fatigue s’efface. Une fois entré dans l’organisme, le virus se loge dans les ganglions et il y demeure définitivement sous forme silencieuse, sans sans donner lieu à des récidives.
Les complications de la mononucléose sont rares, mais elles peuvent concerner plusieurs organes.
La rupture de la rate
C'est la principale complication de la mononucléose infectieuse. Le gonflement de la rate intervient dans un grand nombre de cas, et il peut aboutir à une rupture aux conséquences gravissimes.
Le conseil du Pr Samira Fafi-Kremer
« Dans la mononucléose infectieuse, la rate augmente de volume. Elle est très fragile et une rupture peut intervenir autour de la deuxième ou troisième semaine de la maladie. Pour éviter cet accident très grave, il faut cesser toute activité sportive pendant 4 semaines. »
Les complications sanguines
La mononucléose infectieuse peut être responsable de :
- Une anémie. Il s’agit d’une baisse du taux d’hémoglobine provoquée par la destruction accélérée des globules rouges.
- Une thrombocytopénie, caractérisée par une diminution du nombre de plaquettes responsable d’une anomalie de la coagulation du sang et de petites taches rouges ou violacées sur le corps .
Un syndrome d’activation des macrophages
Il s’agit d’une affection très rare. Certaines cellules, les macrophages, se mettent à détruire en partie les cellules osseuses et sont responsables de la baisse de toutes les lignées de cellules sanguines.
Un ulcère de la vulve
Dans des cas très rares, la mononucléose infectieuse peut provoquer un ulcère de la vulve qui apparait de manière brutale et douloureuse. Il disparait ensuite en laissant parfois une cicatrice.
Une fatigue chronique
La mononucléose infectieuse peut évoluer en syndrome de fatigue chronique, même si cela n’est pas fréquent. La fatigue s’accompagne alors éventuellement de douleurs, comme des maux de tête, des douleurs musculaires ou articulaires, et d’éventuels troubles neurologiques et psychologiques, comme des troubles de la mémoire, de la concentration, ou un phénomène dépressif.
Certains cancers
Le virus de la mononucléose est associé à un risque légèrement plus élevé de développer certains cancers, notamment les cancers du nasopharynx et les lymphomes, qui restent cependant rares dans la population générale.
Une dépression
Selon une récente étude menée par des chercheurs des universités de Copenhague et d’Aarhus (Danemark), le risque de dépression augmenterait de 40% chez les patients atteints par la mononucléose infectieuse.
C’est le résultat d'une recherche de grande ampleur, effectuée auprès d’1,4 million de volontaires, dont 12 510 hospitalisés pour une mononucléose infectieuse. Après leur hospitalisation, 358 personnes (3%) touchées par la maladie ont plongé dans une dépression, confirment les scientifiques. “L'hypothèse générale est que cela se produit par l'activation du système immunitaire, qui peut également être à l'origine du risque accru de dépression”, estime le Dr Michael Eriksen Benrós, auteur principal de l’étude.
Les autres complications possibles de la mononucléose infectieuse
Différents organes peuvent être atteints, toujours dans des cas rares. Notamment :
- Le foie peut aussi grossir et provoquer une hépatite.
- Le cœur, qui peut être atteint de myocardite.
- Le cerveau (encéphalite ou méningite).
- Les poumons (pneumonie).
- Le rein (néphrite).
Note : La prise à tort d’antibiotiques peut déclencher une éruption cutanée.
Quels sont les examens et les analyses à pratiquer en cas de mononucléose infectieuse ?
Le diagnostic de la mononucléose repose pour l’essentiel sur l’examen clinique et un examen sérologique, c’est-à-dire une prise de sang.
L’examen clinique
Il est pratiqué par le médecin traitant. Il observe dans un premier temps l’intérieur de la gorge. La présence d’une angine avec de grosses amygdales rouges et recouvertes de membranes blanchâtres est un premier signe évocateur. Une palpation au niveau de cou permet aussi de repérer des ganglions volumineux caractéristiques d’une infection. Le médecin réalise un prélèvement au niveau des amygdales à l’aide d’un écouvillon, une sorte de coton-tige, qu’il place ensuite dans un tube contenant un réactif.
Ce test diagnostic rapide de l’angine permet d’éliminer la possibilité d’une angine bactérienne. Dans environ la moitié des cas, le médecin peut aussi repérer un grossissement de la rate à la palpation. Des signes de jaunisse sont aussi parfois présents.
Une prise de sang pour confirmer le diagnostic
Une prise de sang avec numération formule sanguine (NFS) participe à la démarche diagnostique en mettant en évidence l’augmentation de certaines cellules comme les lymphocytes hyperbasophiles. La prise de sang permet aussi de réaliser le test MNi pour détecter les personnes récemment contaminées. Comme il est susceptible de produire des faux positifs, dans environ 3% des cas, il est complété par d’autres tests.
Quel est le traitement de la mononucléose ?
Aucun traitement ne peut guérir la mononucléose. C’est une maladie qui doit suivre son évolution naturelle. L’objectif du traitement est d’apaiser les symptômes jusqu’au rétablissement complet :
- Soulager la fièvre, les maux de têtes et les douleurs à la gorge avec du paracétamol.
- Apaiser les maux de gorge par des gargarismes d’eau salée (1/2 cuillerée dans un verre d’eau), plusieurs fois par jour. Boire et manger des aliments glacés.
- Boire beaucoup d’eau, de bouillon et de jus, pour empêcher la déshydratation due à la fièvre.
- Manger de façon équilibrée pour aider l'organisme à reprendre le dessus.
- Se reposer le plus possible.
Note : Le médecin peut prescrire des corticostéroïdes dans certains cas, notamment lorsque le gonflement des amygdales menace de gêner la respiration, ou dans d’autres situations de complications graves.
Prévention : éviter la transmission du virus d'Epstein-Barr
Il est très compliqué de limiter la contamination dans le cas d’un virus aussi contagieux. Pour le Pr Fafi-Kremer, ce n’est même pas nécessaire, car tout le monde sera probablement contaminé au cours de sa vie, et il semble que le plus tôt soit le mieux. Cependant, la proximité avec de personne déjà affaiblie peut justifier des précautions pour empêcher la transmission du virus :
- Se laver les mains très régulièrement avec du savon liquide, en frottant pendant 30 secondes.
- Utiliser des s olutions hydro-alcooliques si ce n’est pas possible.
- Ne pas embrasser les personnes proches.
- Se couvrir la bouche et le nez avec des mouchoirs jetables en cas d’éternuement ou de toux.
- Tousser dans son coude.
- Séparer le linge de toilette.
- Ne pas partager les objets du quotidien comme les verres ou les couverts.
- Séparer les brosses à dent.
- Aérer la maison au moins 1 fois par jour.