L'antibiorésistance a été responsable de près de 40 000 morts entre 2016 et 2020 en Europe selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladie (ECDC) et l’OMS alerte sur ce qui sera vraisemblablement la prochaine pandémie mondiale. Dans ces conditions, il n’est pas inutile de se questionner sur le bien-fondé de l’usage des antibiotiques pour certaines maladies comme l’angine.
C’est ce qu’a fait récemment le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) qui s’est questionné sur le bien fondé d’une telle prescription systématique. Pour rappel, aujourd’hui les antibiotiques sont recommandés chez l’adulte et l’enfant de plus de trois ans quand l’angine est positive au streptocoque bêta-hémolytique du groupe A (SGA) après un test de diagnostic rapide (TDR). Les antibiotiques ont alors pour principale visée de réduire la contagion mais surtout de prévenir les complications de l’angine bactérienne, notamment les rhumatismes articulaires aigus (RAA). Or l’intérêt des antibiotiques repose essentiellement sur des études datant des années 70, pas toujours bien référencées au regard des règles en vigueur aujourd’hui sur les travaux scientifiques.
De plus, le bénéfice des antibiotiques sur la prévention des RAA, la contagion de la maladie et la diminution des symptômes de l’angine ne paraissent pas suffisants par rapport aux risques induits par l’antibiorésistance.
Pas d'antibiotiques automatiques chez nos voisins européens
A toutes ces données cliniques, plutôt en faveur d’une révision de la prescription systématique d’antibiotiques pour l'angine aiguë, s'ajoute un autre argument: certains de nos voisins européens, comme la Belgique ou l’Ecosse, ont une approche plus souple et conseillent de ne pas prescrire d’antibiotiques en cas d’angine non compliquée, sauf si le patient est à risque de forme grave. C’est aussi la position du CNGE qui indique dans un communiqué de presse que : « Devant un patient souffrant d’une angine, si la douleur est tolérable, sans risque de forme grave et que l’entourage du patient n’est pas à risque de forme grave en cas de contamination, il est raisonnable de ne traiter que par antalgiques, sans faire de TDR ni prescrire d’antibiotiques ». En revanche, en cas de risque ou de personne à risque dans l’entourage, le CNGE recommande le test TDR et la prescription d’antibiotiques s'il s’avère positif.
Communiqué de presse du Collège national des généralistes enseignants.
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