Fièvre, toux, expectorations, ces signes traduisent souvent d’une infection pulmonaire. Nombreuses d’entre elles peinent à se soigner. Mais ceci pourrait évoluer. Des scientifiques ont trouvé que le microbiote respiratoire pourrait tuer les bactéries responsables de pneumonies.
" On a longtemps cru que le poumon était stérile et que la pneumonie résultait de son infection par un pathogène isolé, explique le Dr Jean-François Timsit, l'un des fondateurs de cette étude. On sait aujourd’hui que nos voies respiratoires sont colonisées par une communauté de bactéries qui vivent en harmonie et régulent la réponse immunitaire de nos voies aériennes. Nos recherches vont nous permettre de comprendre en quoi les perturbations du microbiote pulmonaire en cas d’infection conduisent à un échec thérapeutique ", indique-t-il dans un communiqué de l’inserm, l’institut national en santé et en recherche médicale.
Pour y parvenir, les scientifiques ont étudié le microbiote respiratoire et identifié quatre bactéries responsables d’infections pulmonaires graves. " Maintenant que nous avons identifié ces espèces, nous allons étudier les fonctions qu’elles assurent auprès du patient ", explique le Dr Antoine Rouquilly, chercheur et médecin anesthésiste réanimateur à Nantes dans une publication de l’inserm. Par ailleurs, à partir de ces échantillons de bactéries, l’analyse des gènes permettra d’établir, quelles fonctions du système immunitaire de l’hôte sont modifiées lors de l’infection.
" L’idée d’injecter des bactéries à un patient pour soigner son infection pulmonaire pourrait alors devenir une réalité "
À terme, ces travaux pourraient aboutir à de nouvelles perspectives thérapeutiques : s’il apparaît que la disparition d’une espèce bactérienne est néfaste pour la guérison, rétablir sa présence pourrait aider à combattre l’infection. L’idée d’injecter des bactéries à un patient pour soigner son infection pulmonaire pourrait alors devenir une réalité. " On peut imaginer que l’on testera le microbiote respiratoire des patients lors de leur hospitalisation, avant de commencer l’antibiothérapie, propose Jean-François Timsit. Ceux qui auraient un microbiote à risque d’évolution défavorable pourraient recevoir des probiotiques. Les personnes à risque de pneumonie, comme les sujets âgés, pourraient même se voir prescrire des probiotiques préventifs visant à stabiliser les bactéries présentent dans leurs poumons ", explique t-il.
À l’heure de l'antibiorésistance qui est considérée comme la prochaine pandémie pour l’Organisation Mondiale de la Santé, cette découverte pourrait changer l’avenir de la prise en charge des infections pulmonaires. À noter que 90 % des décès liés aux pneumonies concernent les personnes de plus de 65 ans.
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