Ces gestes à adopter pour prévenir le cancer de la vessieIstock
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Souvent tardivement diagnostiqué (en moyenne autour de 70 ans), le cancer de la vessie continue de faire des ravages, notamment chez les fumeurs (53% des cas de cancer de la vessie chez les hommes et 39% chez les femmes sont imputables au tabac, rappelle l’AFU). Pourtant, on peut repérer les signes précocement (sang dans les urines notamment, qui est le premier symptôme dans 80 à 90% des cas) mais aussi abandonner de mauvaises habitudes (en plus du tabac) pour limiter les risques. On fait le point avec notre médecin.

Le cancer de la vessie est-il toujours un cancer de pronostic sombre ?

Le pronostic du cancer de la vessie s’est nettement amélioré ces dernières années, mais c’est grâce essentiellement aux nouveaux traitements. En revanche, il nous reste encore beaucoup de chemins à parcourir en matière de prévention, car la France accuse du retard par rapport à ses voisins européens.

D'autres États ont prioritairement axé leur politique de santé publique en direction de la prévention, là où le système français valorise la prise en charge thérapeutique. Il faut que nous rattrapions ce retard et communiquions davantage autour de la prévention, plus particulièrement en direction des femmes, car elles sont de plus en plus touchées.

Comment expliquer que les femmes sont de plus en plus touchées par le cancer de la vessie ?

En premier lieu parce qu’elles fument plus que leurs aînées, et le tabac reste la principale cause du cancer de la vessie. Le délai entre l'exposition et la survenue du cancer étant d’une vingtaine d’années, on voit malheureusement aussi en consultation des femmes qui ont arrêté depuis longtemps. Il faut bien comprendre que les carcinogènes, ces molécules qui peuvent provoquer un cancer et que l’on trouve dans le tabac (mais aussi dans le cannabis, et dans une moindre mesure dans la cigarette électronique) sont inhalés puis transformés par le foie en composés hydrosolubles éliminés par l’urine.

Ils se retrouvent donc directement au contact de la paroi de la vessie. Et plus ce contact est prolongé, plus on augmente le risque.

Il y a donc un lien entre cystite et cancer ?

Non, pas directement. Les femmes qui ont des cystites régulièrement (à partir de 4 épisodes par an) ne sont pas plus à risque que les autres de souffrir d'un cancer de la vessie à cause des cystites, les bactéries pathogènes de la cystite ne peuvent pas transformer les cellules de la muqueuse vésicale en cellules cancéreuses.

En revanche, les cystites à répétition sont souvent associées à une mauvaise hygiène vésicale, qui elle est directement liée à la survenue des cancers de la vessie. De plus, des cystites très répétées, comme chez les porteurs de sonde vésicale à demeure, peuvent provoquer une inflammation de la vessie qui peut favoriser la survenue d’un cancer, il ne faut jamais négliger une irritation chronique des voies urinaires.

Et chez les fumeuses, les risques se cumulent.

Vous parlez d’hygiène vésicale, de quoi s’agit-il ? Est-ce la clé de la prévention ?

Oui. La principale problématique est de se retenir d'uriner. Les urines stagnent ce qui fait que les carcinogènes deviennent plus dangereux, comme je l’ai dit plus haut. Chez les non fumeuses, le fait de se retenir est aussi une habitude à abandonner, car la tension de l’urine sur les parois de la vessie peut provoquer des diverticules, qui sont des excroissances, qui peuvent aussi faire le lit du cancer.

Je sais que de nombreuses femmes se retiennent d’uriner car il n’est pas toujours facile de trouver des toilettes quand on est à l’extérieur de chez soi, ou que ces toilettes ne sont pas suffisamment propres pour qu’elles se sentent en confiance.

Les hommes se soulagent plus facilement, y compris quand ils ne sont pas chez eux.

Que conseillez-vous quand on ne peut pas aller aux toilettes? Moins boire?

Surtout pas. Moins vous buvez, plus les urines sont concentrées en agents carcinogènes potentiellement délétères. Il faut au contraire boire suffisamment (1,5 litre) et vidanger sa vessie dès les premiers signes de tension, sans attendre que l'envie soit irrépressible. La couleur des urines est aussi un bon indicateur : elles doivent être jaune tendre, doré et sans odeur forte. Si elles sont plus foncées ou malodorantes, il faut consulter.

De la même façon, la présence de sang dans les urines est un signe d'alerte, c’est souvent le premier symptôme du cancer de la vessie.

Dernier conseil pour les fumeurs, je recommande d’éviter de fumer juste avant un long moment “sans toilette”, au coucher par exemple ou avant de prendre la route, toujours pour éviter au maximum le temps de latence des carcinogènes dans la vessie.

Sources

Interview du Pr Yann Neuzillet onco-urologue à l'hôpital Foch et secrétaire général de l’Association Française d’Urologie (AFU)

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