Le vitiligo est une maladie auto-immune de longue durée qui entraîne une perte de couleur sur la peau (des taches blanches sont visibles). Il survient lorsque le système immunitaire de l'organisme attaque et détruit par erreur les cellules de la peau qui produisent la couleur ou le pigment, appelées mélanocytes, ce qui donne à la peau affectée cette couleur blanche.
Entre 600 000 et un million de Français touchés par un vitiligo
La maladie, qui atteint surtout le visage, le dos des mains, les poignets et les organes génitaux, est très stigmatisante pour le patient. Entre 600 000 et un million de personnes en France sont concernées.
Si des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les causes du vitiligo, des études montrent que 30 % des cas sont génétiques. "Chez des individus prédisposés génétiquement, des facteurs environnementaux comme du stress peuvent déclencher un vitiligo", explique le Professeur Julien Seneschal, responsable de l’unité Dermatologie Inflammatoire et Auto-Immune au CHU de Bordeaux (centre expert du vitiligo).
Dans 10 % des cas, la maladie se guérit toute seule. Pour 90 % des patients, il faut la stabiliser grâce à des traitements. Mieux encore, des nouveaux traitements seraient efficaces pour repigmenter certaines zones de la peau.
Dépigmentation de la peau et des poils : les traitements possibles
Pour stabiliser la maladie, on peut prendre de la cortisone par voie orale. Par ailleurs, la photothérapie (soit l’exposition naturelle au soleil) permet de stimuler les mélanocytes pour favoriser la repigmentation de la peau. "Même si la peau de ces patients est plus sensible, ils ne doivent pas pour autant se cacher du soleil", précise le Professeur Seneschal.
Pour diminuer l’inflammation, deux traitements sont désormais disponibles en France. Depuis mars 2024, le tacrolimus est autorisé sur le marché pour les enfants de plus de 2 ans et les adultes. Ce traitement anti-inflammatoire indiqué pour la prévention du rejet de greffe serait particulièrement efficace pour traiter le vitiligo du visage.
Une nouvelle crème qui offre de l’espoir
Le second traitement disponible depuis début 2024 se nomme l’Opzelura et pourrait être révolutionnaire. Le traitement est conçu sous forme de crème à partir de la molécule Ruxolitinib (ou molécules anti-JAK) et peut s’appliquer sur tout le corps, d’après le Professeur.
"L’Opzelura vise à repigmenter les zones atteintes chez les patients âgés de plus de 12 ans souffrant d’un vitiligo non segmentaire (c’est-à-dire qui touche le corps de façon bilatérale), la forme la plus fréquente de cette maladie, à condition que le vitiligo ne couvre pas plus de 10 % de leur surface corporelle totale et atteigne également le visage", rapporte Le Monde.
Les phases 2 et 3 des essais cliniques ont été validées, et le traitement autorisé aux Etats-Unis et en Europe.
Des effets bénéfiques après l’arrêt du traitement ?
"Les résultats des essais cliniques de phase 3 ont ainsi montré qu’une application deux fois par jour de la crème sur les zones touchées avait permis à 31 % des patients de l’étude d’obtenir une amélioration de plus de 75 % de l’atteinte du visage au bout de six mois, et à 30 % de constater une amélioration de plus de 90 % au bout d’un an", se félicite l’équipe de recherche. D'autant plus encourageants, les effets bénéfiques se maintiennent après l'arrêt du traitement pour une majorité des patients.
Les résultats pourraient même s’améliorer en cas d'association avec une exposition solaire. L'équipe du CHU de Bordeaux élabore actuellement des nouveaux moyens de repigmentation sur des patients atteints sévèrement par le vitiligo. Elle évalue actuellement un traitement à prendre par voie orale, composé d'une molécule dont le mode d'action est similaire à celle de la crème.
Merci au Professeur Julien Seneschal, responsable de l’unité Dermatologie Inflammatoire et Auto-Immune au CHU de Bordeaux
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