Les triglycérides, qu'est-ce que c'est ?

Les triglycérides sont des lipides (corps gras). « Ils se forment dans l'intestin pendant la digestion à partir des graisses de notre alimentation, mais aussi dans le foie par la transformation du sucre et de l'alcool que nous consommons », explique le Dr Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste (Paris 16e). Les triglycérides constituent une source importante d'énergie qui va être utilisée par nos cellules.

Outre leur rôle énergétique, les triglycérides acheminent les vitamines dites liposolubles (A, D, E et K) vers les cellules. « Lorsqu'ils sont en excès dans le sang, le foie va les mettre en réserve dans des adipocytes(cellules graisseuses présentes dans tout notre organisme). L’excès d’adipocytes au niveau de la ceinture abdominale va alors constituer la graisse abdominale qui est un facteur de risque cardiovasculaire », informe le Dr Chicheportiche-Ayache.

Quels sont les bons taux de triglycérides ?

Les triglycérides sont nécessaires à une bonne santé et tant que le taux sanguin ne dépasse pas la norme (0,5 – 2 mmol/L, chez l'homme et 0,4 – 1,6 mmol/L chez la femme), ils ne constituent pas un risque pour la santé.

« Si ce taux est dépassé, on parle d'hypertriglycéridémie et des maladies cardiovasculaires peuvent apparaître particulièrement si le taux de bon cholestérol (HDL-c) est bas », informe le médecin nutritionniste.

Qu'est-ce que les triglycérides à chaîne moyenne ?

Il existe plusieurs formes de triglycérides.

  • Les triglycérides à chaîne moyenne (TCM) sont une sorte de triglycérides. Ils sont métabolisés différemment des triglycérides à chaîne longue : leur absorption intestinale ne nécessite ni l’action de la bile ni celle des sucs pancréatiques. Ces triglycérides à chaîne moyenne sont absorbés plus rapidement que les autres lipides.

On les trouve principalement dans le beurre, la matière grasse du lait de vache, le lait de chèvre, l’huile de noix de coco, l’huile de cœur de palmier.

Les triglycérides à chaîne moyenne sont-ils intéressants pour la santé ?

Réponse du Dr Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste :

« Peu de bénéfice santé ont été mis en évidence dans des études sérieuses notamment concernant la perte de poids ! Ils peuvent être utiles ponctuellement chez des patients présentant des pathologies de malabsorption (notamment des graisses) et ponctuellement dans certaines formes d’épilepsies. Il n’y pas d’argument en faveur pour les privilégier par rapport à d’autres triglycérides. »

Que sont les triglycérides oxydés ?

« Il s’agit d’une réaction chimique très complexe. En pratique cela se passe dans les produits alimentaires riches en triglycérides que nous consommons tels que les huiles. La multiplication des bains de friture, mais aussi une température trop excessive par rapport à la composition du produit gras en triglycérides favorise leur oxydation. Les conséquences sur la santé seraient d’ordre métabolique en augmentant le risque de maladies cardio-vasculaires », informe le Dr Chicheportiche-Ayache.

Pourquoi prescrire un dosage des triglycérides (triglycéridémie) ?

Avoir un taux de triglycérides élevé, encore appelé hypertriglycéridémie, ne provoque pas de symptômes. Il est parfois révélé par les complications cardiovasculaires qu'il peut provoquer. C'est pourquoi ce taux doit être surveillé régulièrement au cours des bilans biologiques de routine, surtout après 45 ans.

La surveillance du taux de triglycérides est nécessaire chez les personnes diabétiques ou en surpoids. Le bilan biologique doit comporter un bilan lipidique complet comprenant la cholestérolémie totale, HDL, LDL et VLDL et la triglycéridémie. Le taux doit être compris entre 1,5 et 2 grammes par litre de sang. Au-delà, il existe un risque de formation de plaques d'athérome et d'obstruction artérielle, à l'origine d'accidents vasculaires cérébraux (AVC) ou d'infarctus du myocarde.

Triglycérides et diabète, quel est le lien ?

S’il existe un lien entre les triglycérides et le diabète, c’est à cause de l’insuline. En effet, cette hormone fabriquée par le pancréas est indispensable pour réguler le taux de sucre dans le sang et c’est justement un défaut de cette hormone qui est responsable du diabète.

En cas de diabète, le taux de sucre dans le sang augmente. Et comme les triglycérides sont issus de leur dégradation, leur taux va grimper au même rythme que celui de la glycémie. C’est ce qui débouche sur une hyperlipidémie ou hypertriglycéridémie.

Quel est le taux normal de triglycérides ?

Le taux normal de triglycérides chez les femmes est de :

  • 0,30 et 1,05 chez les filles de moins de 4 ans ;
  • 0,35 et 1,10 entre 4 et 10 ans ;
  • 0,35 et 1,35 entre 10 et 15 ans ;
  • 0,40 et 1,30 entre 15 et 20 ans ;
  • 0,35 et 1,40 entre 20 et 70 ans ;
  • 0,30 et 1,20 au-delà de 70 ans.

Le taux normal de triglycérides chez les hommes est de :

  • 0,30 et 1 chez les garçons de moins de 4 ans ;
  • 0,30 et 1,05 entre 4 et 10 ans ;
  • 0,30 et 1,30 entre 10 et 15 ans ;
  • 0,35 et 1,50 entre 15 et 20 ans ;
  • 0,45 et 1,75 entre 20 et 70 ans ;
  • 0,45 et 1,50 au-delà de 70 ans.

À partir de quel taux parle-t-on d'hypertriglycéridémie ?

Chez l’adulte, on parle d’hypertriglycéridémie dès que le taux de triglycérides est supérieur à 1,5 g/l (soit 1,7 nmol/l). Lorsque ce taux dépasse les 5 g/l, une hypertriglycéridémie majeure est diagnostiquée. Il y a alors un risque important de pancréatite aigüe, c’est-à-dire une inflammation du pancréas qui peut s’avérer particulièrement grave, voire fatale dans certains cas.

L’hypertriglycéridémie doit faire l’objet d’une surveillance médicale étroite et de la mise en place d’un régime alimentaire adéquat puisqu’elle favorise les troubles cardiovasculaires. Cela est d’autant plus vrai lorsqu'elle est associée à un taux de cholestérol lui aussi élevé (hypercholestérolémie), ce qui est le plus souvent le cas (hyperlipidémie mixte).

Diagnostic : comment mesurer son taux de triglycérides ?

La meilleure façon de surveiller le taux de triglycérides est de faire une analyse de sang. Le plus souvent, le taux de triglycérides est mesuré dans le cadre d’un bilan lipidique, réalisé dans le but d’évaluer le risque cardiovasculaire.

La mesure des triglycérides seuls est rarement prescrite puisque le risque de maladie cardiaque est basé sur la concentration en cholestérol et pas sur les triglycérides.

En quoi consiste un bilan lipidique ?

Le bilan des anomalies lipidiques (dyslipidémie) comprend :

  • le dosage du cholestérol total,
  • le dosage des triglycérides,
  • le dosage du HDL-cholestérol ou "bon" cholestérol,
  • le calcul du LDL-cholestérol ou "mauvais" cholestérol, à partir des taux de HDL-cholestérol, de cholestérol total et de triglycérides.

Les dosages sont réalisés à partir d'une prise de sang à faire à jeun.

Que signifient des triglycérides trop bas ?

On parle d’hypotriglycéridémie lorsque le taux de triglycérides dans le sang est trop bas. « Cette insuffisance (et non pas carence, car une carence nécessite une correction) est très rare », précise le Dr Chicheportiche-Ayache. Elle est liée le plus souvent à un apport alimentaire insuffisant de triglycérides, chez des personnes souffrant de malnutrition ou suivant des régimes très pauvre en graisses et en glucides.

Autres causes : une hyperthyroïdie, une insuffisance hépatique, des troubles métaboliques génétiques comme l’abétalipoprotéinémie ou des troubles de l’absorption intestinale.

Quels sont les signes d’un taux de triglycérides trop bas ?

En cas d’hypotriglycéridémie, autrement dit de taux de triglycérides insuffisants dans le sang, la personne ne dispose pas de ressources énergétiques assez importantes pour répondre aux besoins de l’organisme.

Précision du Dr Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste (Paris 16 ème) : « Il n’y a aucune conséquence clinique.

Que signifient des triglycérides élevés ?

L'hypertriglycéridémie se définit par un taux sanguin excessif de triglycérides (TGL) dans le sang.

Selon la société européenne de l’athérosclérose (EAS), le taux de ces lipides pose un problème médical à partir de 1,5 gramme par litre de sang (g/L). Plus précisément, il existe deux formes d’hypertriglycéridémie : la forme majeure, et la forme modérée.

La forme modérée concerne les personnes dont le taux de triglycérides sanguin varie entre 1,5 et 10 g/L selon l’EAS. Si elle constitue un facteur de risque moins important que le cholestérol LDL (ou 'mauvais' cholestérol), l’hypertriglycéridémie modérée reste une cause de maladie cardiovasculaire, car elle participe à l’obstruction des artères. Elle augmente ainsi les risques d’infarctus et d’accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique. « Ce risque est d’autant plus important qu’il est associé a un taux de HDL-c bas », souligne le Dr Chicheportiche-Ayache.

La forme majeure de l’hypertriglycéridémie est quant à elle est déclarée à partir d’un taux de triglycérides de 8 ou 10 g/L. Elle occasionne un risque important de pancréatite, une inflammation potentiellement très grave du pancréas.

« Un cercle vicieux s’enclenche alors, puisqu’un excès de triglycérides diminue le bon cholestérol », précise le Dr Chicheportiche-Ayache.

Quels sont les facteurs de risque de triglycérides en excès ?

Certains facteurs prédisposent à l'hypertriglycéridémie, comme le surpoids et l'obésité, une alimentation déséquilibrée ou trop riche en sucre, la consommation d'alcool ou le tabagisme, le diabète, l’hypothyroïdie, l’insuffisance rénale ou des facteurs génétiques.

Des médicaments peuvent aussi élever le taux de triglycérides : œstrogènes (pilule contraceptive), diurétiques thiazidiques, cortisone, bêta-bloquants non cardio-sélectifs, isotrétinoïne et amiodarone.

Comment faire baisser son taux de triglycérides ?

Faire baisser le taux de triglycérides revient à modifier ses habitudes de vie. Il faut : 

  • Limiter le sucre rapide (bonbons, boissons sucrés, confiture, biscuits...) et les graisses comme le beurre, les crèmes, les sauces, la charcuterie, le fromage et les viandes grasses.
  • Augmenter la consommation d’acides gras mono et polyinsaturés : huiles d’olive et de tournesol, ainsi que les poissons gras à raison de 150 g 3 fois par semaine (sardine, maquereau, thon, saumon).
  • Manger des aliments riches en fibres (fruits, légumes, céréales notamment complètes et les légumes secs…). Les fibres alimentaires freinent l'absorption des graisses.
  • Perdre du poids. Le surpoids augmente le niveau des triglycérides. Adopter une alimentation saine couplée à une augmentation du niveau d’activité physique permet le retour à la normale.
  • Diminuer sa consommation d'alcool. Dans le sang, l'alcool est transformé en triglycérides. Il faut se limiter à un verre de vin par repas.
  • En parallèle, il faut pratiquer régulièrement une activité physique et, le cas échéant, cesser de fumer.

« Ce n’est que si ces mesures hygiéno-diététiques sont insuffisantes au bout de 3 mois qu’un traitement médicamenteux pourra être envisagé après contrôle biologique », précise le Dr Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste.

Si un médicament est en cause, l’arrêt de ce dernier est parfois nécessaire.

Quels sont les traitements médicamenteux ?

En deuxième intention, si l’hygiène de vie ne suffit pas à abaisser le taux de triglycérides, un traitement médicamenteux est envisagé. Le rapport de la Haute Autorité de Santé sur la prise en charge des dyslipidémies publié en février 2017 préconise la prescription de fibrates (notamment de lipanthyl) si le taux de triglycérides dépasse les 5 g/L. « En fonction du risque cardiovasculaire et de la présence d’un taux de mauvais cholestérol trop élevé, un autre médicament, une statine, peut y être associée. Si le taux est inférieur à 5 g/L, le traitement sera une statine éventuellement associée à des fibrates et uniquement sur avis médical (souvent hospitalier) car cette association est normalement contre-indiquée », informe le Dr Corinne Chicheportiche-Ayache. Au cours du traitement, il est nécessaire de faire des bilans lipidiques réguliers.

À savoir : le traitement médicamenteux est mis en route systématiquement dans le cas des hypertriglycéridémies familiales, qui peuvent s'élever de manière importante et qui répondent moins au régime alimentaire.

Lorsque la dyslipidémie est mixte et que le taux de triglycérides est faiblement augmenté, ce sont les statines qui sont utilisées.

Que faire si les triglycérides sont trop bas ?

Les faibles concentrations de triglycérides dans le sang ne sont pas problématiques en règle générale. Lorsqu’elles sont très faibles, elles peuvent indiquer une pathologie.

Comment prévenir les triglycérides en excès ?

Pour prévenir un excès de triglycérides, il importe de suivre un certain nombre de règles hygiénico-diététiques :

  • Faire de l’exercice régulièrement.
  • Avoir une consommation faible de glucides simples (bonbons, friandises, boissons gazeuses).
  • Réduire sa consommation de matières grasses.
  • Réduire au maximum sa consommation d’alcool.
  • Ne pas être en surpoids.
Sources

Poly2016- Items 219, 220 – UE 8 Facteurs de risque cardiovasculaire, prévention. Dyslipidémies - sfendocrino.org

Conseils alimentaires pour prévenir les risques cardiovasculaires et les troubles lipidiques (cholestérol, triglycérides ) CREGG

Hypertriglycéridémie isolée, Les cas patients

Bruckert E., Graf M., Rinzler C-A. Contrôler son cholestérol pour les nuls. Editions First Gründ._2010; 17-200.