Une femme de 32 ans décédée, son compagnon dans un état grave et une dizaine de personnes dans un état préoccupant, dont 7 en réanimation : c’est le bilan de l’ingestion massive de toxines botuliques dans un restaurant bordelais la semaine dernière. Toutes ces personnes ont consommé des sardines provenant de conserves artisanales fabriquées par l’établissement Tchin Tchin Wine bar.
Botulisme : 25 personnes potentiellement concernées
Cette intoxication alimentaire, c’est le botulisme : une maladie neurologique qui se manifeste par des paralysies flasques provoquées par l’action de la toxine botulique, extrêmement puissante, principalement fabriquée par la bactérie Clostridium botulinum.
“C'est la toxine et non la bactérie qui rend malade”, explique à Medisite Christelle Mazuet, directrice du Centre national de référence (CNR) des bactéries anaérobies et botulisme. “Cette bactérie a le pouvoir de fabriquer une toxine paralysante quand elle se retrouve dans un environnement privé d'oxygène. Il s'agit d'une bactérie anaérobie”, ajoute la spécialiste.
Au total, “potentiellement 25 personnes auraient consommé ces bocaux”, a indiqué le directeur adjoint de la direction départementale de protection des populations (DDPP) de la Gironde, Thierry Touzet. Aussi le ministère de la Santé a-t-il urgé les professionnels de santé à identifier ces autres cas, car ces personnes souffrent - ou vont peut-être - souffrir de botulisme.
Le botulisme dont on parle ici est dit alimentaire : on tombe malade après avoir ingéré un aliment mal préparé et/ou mal conservé qui contient de la toxine botulique. Il s'agit alors d'une intoxication.
Les premiers symptômes apparaissent le plus souvent 12 à 72 heures après la contamination et sont d'abord oculaires. La personne contaminée voit double et a les paupières qui tombent. Elle a ensuite la bouche très sèche, du mal à déglutir et des difficultés d'élocution.
Comment se protéger du botulisme ?
La toxine botulique peut également être responsable d'une paralysie des bras, puis des jambes. Le malade peut se retrouver tétraplégique. Dans les cas les plus graves, le patient peut souffrir d'une insuffisance ou d'une paralysie totale du système respiratoire et du muscle cardiaque.
Comment se protéger du botulisme ? Christelle Mazuet donne quelques conseils : “Il faut laver de façon très précautionneuse les aliments avant de les mettre en conserve car un gramme de terre suffit. En cas de doute, il ne faut vraiment pas se fier à l'odeur. Certaines conserves qui sont contaminées ne sentent pas et ont un aspect tout à fait normal.”
La médecin poursuit : “Il est aussi important de bien respecter la chaîne du froid et les dates de péremption. Une bonne température de conservation, c'est 3 à 4 degrés, pas plus. Et avant de toucher un bébé, il faut bien se laver les mains, car il ne faut pas oublier que la spore de la bactérie est présente dans l’environnement.”
Botulisme : envoyez les échantillons à des laboratoires
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) précise qu’on peut prévenir le botulisme par l’inactivation de la bactérie et des spores dans les produits ou les conserves stérilisés à la chaleur, mais aussi par inhibition de la croissance bactérienne et de la formation de la toxine dans d’autres produits. “On peut détruire les formes végétatives de la bactérie par ébullition, mais les spores restent viables même après une ébullition de plusieurs heures. On peut néanmoins détruire les spores par des processus à très haute température, comme pour les conserves industrielles”, ajoute l’OMS.
L’Organisation alerte toute personne en contact avec la toxine : “Il faut se procurer immédiatement des échantillons des aliments associés aux cas suspects, les conserver dans des récipients convenablement scellés et les faire parvenir à des laboratoires pour identifier la cause et prévenir l’apparition d’autres cas.”
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