Les tiques sont des acariens que l’on retrouve principalement en forêt au printemps et en automne. "En Europe, elles représentent les plus importants vecteurs d’agents pathogènes (bactéries, virus et parasites) responsables de maladies infectieuses pour l’Homme et les animaux. Il existe un peu moins de 1 000 espèces de tiques dans le monde, mais seules quelques-unes sont vectrices d’agents pathogènes entraînant des maladies plus ou moins graves", annoncent l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).
Ces maladies peuvent être d’origine bactérienne (maladie de Lyme, rickettsiose, tularémie, bartonellose), virale (encéphalites à tiques, fièvres à tiques et hémorragiques, louping-ill du mouton), ou parasitaire (piroplasmose canine, babesiose bovine). "En France, la principale maladie humaine liée aux tiques est la maladie de Lyme, ajoute l’Anses. Elle est provoquée par une bactérie appartenant au groupe Borrelia burgdorferi sensu lato, qui comprend au moins 5 espèces pathogènes pour l’Homme, et est présente sur le territoire français".
Morsure, préventions, sujets à risques et régions les plus fréquentées… On fait le point sur ces parasites diaboliques avec le Pr Stéphane Gayet, infectiologue, hygiéniste au CHU de Strasbourg.
Tiques : à quoi ressemblent-elles ?
Ce parasite n'a ni yeux ni tête, mais un dard qui pénètre la peau. Si sa morsure est indolore, elle s'accroche à vous et vous sucera le sang jusqu'à plus soif.
"On parle de morsure de tique, plutôt que de piqûre, car la tique découpe la peau avec ses pièces buccales et cela demande du temps, décrit le Pr Stéphane Gayet, infectiologue. La morsure est indolore" grâce aux substances présentes dans la salive qu’elle injecte.
"Les tiques se nourrissent du sang des animaux ou des humains sur lesquels elles se fixent. Elles peuvent alors s’infecter en prélevant des agents pathogènes sur des hôtes infectés. Elles vont ensuite retransmettre ces agents pathogènes aux hôtes sur lesquels elles vont de nouveau prendre un repas de sang, précise l’Anses. La transmission se fait principalement par le biais de leur salive".
Photo : une tique adulte
Crédit : André Karwath alias Aka, 26 avril 2005 - CC - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.5/deed.en
Comment reconnaître une morsure de tique ?
"La seule chose à faire est d'inspecter les régions fines de sa peau après être allé dehors et si possible de se faire inspecter les régions invisibles par quelqu’un (cuir chevelu, nuque, dos, et face postérieure des jambes et chevilles), préconise le Pr Gayet. Il faut aussi rechercher un érythème migrant (halo rouge caractéristique sur la peau, ndlr) qui apparaît plusieurs jours après : quand il est présent, il affirme la maladie de Lyme".
À ce stade, un traitement antibiotique permet d’enrayer la maladie, complète l’Anses. En l’absence de traitement, la maladie peut provoquer des atteintes cutanées, musculaires, neurologiques et articulaires pouvant être très invalidantes. "Un traitement antibiotique existe, efficace s’il est administré rapidement, d’où l’importance d’un diagnostic rapide après une piqûre de tique", indiquent les experts.
Maladie de Lyme : êtes-vous à risque ?
"Nous ne sommes pas encore très avancés sur cette question, avance le Pr Gayet. Il semblerait que les personnes les plus à risque face à la maladie de Lyme soient les patients dont le système immunitaire n’est pas en parfaite santé. Je ne parle pas des immunodéprimés, mais je fais référence aux personnes vulnérables du fait d’un microbiote malade ou plus généralement d’une alimentation non saine".
Entre 2005 et 2017, 10 539 patients ont été hospitalisés avec un diagnostic de borréliose de Lyme, soit un nombre moyen de 810 cas par an, selon Santé Publique France. "Les hospitalisations pour borréliose de Lyme sont plus fréquentes entre juin et octobre. Les groupes d’âge les plus touchés sont les enfants de 5 à 9 ans et les adultes de 70 à 79 ans", poursuit l’institution.
Environ la moitié des cas est associée à la présence de manifestations neurologiques (neuroborrélioses).
Comment vous prémunir des tiques ?
Pour vous protéger des morsures de tiques, lors de vos promenades en forêt, le Pr Stéphane Gayet préconise le port de manches longues, et surtout, de rester dans les sentiers battus. De son côté l’Anses conseille :
- l’utilisation des répulsifs, "en privilégiant ceux disposant d’une autorisation de mise sur le marché et en respectant leurs conditions d’emploi (l’ensemble de ces informations figurent sur l’étiquette, l’emballage et/ou la notice des produits",
- le port de chaussures fermées et des vêtements couvrants de couleur claire (afin de mieux repérer les tiques sur la surface du tissu),
- d’éviter de marcher au milieu des herbes hautes, des buissons et des branches basses et privilégiez les chemins balisés.
- De vous inspecter au retour de vos promenades.
"En cas de morsure, détachez immédiatement les tiques fixées à l’aide d’un tire-tique, une pince fine ou à défaut vos ongles (n’utilisez en aucun cas de l’éther ou tout autre produit) et désinfectez la plaie. Surveillez la zone de piqûre pendant plusieurs jours et consultez votre médecin en cas de symptômes", ajoute l’Anses.
Quelles sont les régions françaises les plus fréquentées par les tiques ? On les énumère dans notre diaporama ! Sur le site TiquesFrance, une carte montre en temps réel les départements où il y a le plus grand nombre de cas confirmés de maladie de Lyme depuis 2014. Ces données rejoignent celles de Santé Publique France, publiées le 17 juin 2019.
Bon à savoir : L’Inrae lance une nouvelle version de son application anti-tiques qui s’appuie sur les signalements du public. Via l'application gratuite "Signalement tique", avec votre smartphone ou votre ordinateur, vous pourrez signaler des piqûres de tiques sur vous-même ou sur l'un de vos animaux.
"L'objectif de cette application est de permettre aux chercheurs de cartographier le risque de piqûres de tiques en France et, plus on aura de signalements, plus cette carte sera précise", selon la microbiologiste Pascale Frey-Klett, directrice de recherche à l'Inrae.
Alsace
Entre 2009 et 2017, l’estimation du nombre de cas de borréliose de Lyme diagnostiqués en médecine générale a fluctué entre 25 000 et 55 000 cas par an en France. L’estimation du taux d’incidence annuel de la borréliose de Lyme fluctuait autour d'une moyenne estimée à 53 cas/100 000 habitants, de 41/100 000 habitants (2011) à 84/100 000 habitants (2016) en France métropolitaine, présente Santé Publique France.
"Au cours de la période 2009-2018, la surveillance du réseau Sentinelles a montré une diversité géographique des incidences régionales. Les taux d’incidence annuels moyens durant cette période étaient élevés en Alsace", explique Santé Publique France dans son rapport. Cette région est également pointée du doigt par TiquesFrance.
Les études Santé publique France/Cellules régionales réalisées entre 2001 et 2015 montrent une diversité géographique des taux d’incidence régionaux estimés entre 232 cas/100 000 et 24/100 000. L’incidence était la plus élevée dans les régions de l’Est : l’Alsace présentait 232 cas /100 000 sur la période 2001-2003.
Lorraine
Selon les données de TiquesFrance et Santé Publique France, la Lorraine présente aussi l’un des taux d’incidence annuels de maladie de Lyme les plus élevés.
Auvergne Rhône Alpes
Selon les données de TiquesFrance et Santé Publique France, la région Auvergne Rhône Alpes (ARA) présente aussi l’un des taux d’incidence annuels de maladie de Lyme les plus élevés.
"La région ARA fait partie des régions françaises les plus touchées par la borréliose de Lyme", avait déjà annoncé l’ARS (Agence régionale de Santé) en 2018. La surveillance exercée par le Réseau Sentinelles, le CNR des Borrelia et Santé publique France montre que le taux d’incidence de la BL en ARA est supérieur à la moyenne nationale.
Aquitaine
L’Aquitaine figure aussi parmi les régions les plus touchées par la maladie de Lyme, selon TiquesFrance et Santé Publique France.
Ile-de-France
Selon les données du Réseau Sentinelles, un organisme public de recherche placé sous la tutelle de l'université de la Sorbonne, la maladie de Lyme aurait touché environ 5 000 habitants d'Île-de-France, sur la seule année 2018.
Basse-Normandie
La région Basse-Normandie figure aussi parmi les zones les plus touchées par la maladie de Lyme, selon TiquesFrance et Santé Publique France.
Centre-Val de Loire
Le Centre-Val de Loire figure aussi parmi les zones les plus touchées par la maladie de Lyme, selon TiquesFrance et Santé Publique France.
"La Sologne et la forêt d'Orléans sont des zones, du fait d'une faune animale importante et d'un climat humide, propices à la prolifération des tiques dont la morsure peut être responsable de la maladie de Lyme. Bien que l'on manque de données fiables, on peut estimer que 10 à 15% des tiques sont infectées par la bactérie borrelia dans notre région", indique le Centre Régional Hospitalier d'Orléans.
Pays de la Loire
Le Pays de la Loire figure aussi parmi les zones les plus touchées par la maladie de Lyme, selon Santé Publique France.
Merci au Pr Stéphane Gayet, infectiologue, hygiéniste au CHU de Strasbourg
Tiques et maladie de Lyme, Anses, 18 mai 2020
L'enquête, TiquesFrance, 2014
Borréliose de lyme, Santé Publique France, 17 juin 2019
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